Après cinq années d’absence, les britanniques de Doves sont de retour avec leur sixième album baptisé Constellations For The Lonely, paru via EMI North.
Qui dit grand retour ne dit pas forcément retour gagnant, tant de déception résultant de ce nouvel opus du trio mancunien. D’une part, parce que l’emblématique Jimy Goodwin apparaît au chant sur une minorité de morceaux, d’autre part parce que la présence des frères Williams dans ce même chant est davantage destinée à dérouter quelque peu les inconditionnels de Doves qui, disons-le, éprouvent bien du mal à y retrouver leur latin. Le single Cold Dreaming, vocalisé par Andy et Jez Williams, est l’un des exemples phares de cette dépaysante formule de Doves, bien que musicalement le style demeure intact.
À la décharge des mancuniens, Jimy Goodwin a pris le temps de se requinquer, venant à bout d’un alcoolisme récurrent et handicapant ces dernières années, difficultés qui ont conduit Doves à annuler une grande partie de la tournée post-The Universal Want. Cet album, sorti en 2020, avait pourtant connu le succès.
Les rares concerts maintenus avaient vu, au chant, les frères Williams supplanter Jimy Goodwin, ce qui s’est confirmé sur Constellations For The Lonely. Une prise de pouvoir d’Andy et de Jez dont on peut décemment se demander si elle ne coïncide pas avec la mise à l’écart progressive de Jimy, même si Jez et Andy seraient bien en droit de s’en défendre.
On reconnaît vocalement très peu Doves sur ce sixième album certes, mais Jimy Goodwin n’est pas totalement mis sous l’éteignoir, se montrant à l’aise lors des parties de chant qui lui sont confiées. Ainsi, le single Saint Teresa et A Drop In The Ocean figurent parmi les rares satisfactions de ce nouvel album de Doves. Deux émouvantes ballades sur lesquelles Jimy nous ravit, faisant montre d’un chant le plus claire possible, à l’instar de Renegade. Moins mélodieux sur le plan musical, ce premier single paru en amont reste fidèle au son psyché et réverbéré de Doves.
Jez Williams, notamment au chant sur The Last Year’s Man et Southern Bell, tente bien de faire oublier Jimy mais sans toutefois réellement y parvenir. Même si un homme à lui seul ne fait pas un groupe, Jimy Goodwin se révèle trop charismatique pour que les fans de Doves que nous fûmes s’habituent à son absence. Sur The Universal Want comme sur The Last Broadcast, le leader du trio mancunien ne laissait pas sa part de chant à ses acolytes ou si peu, il demeurait le maître incontesté dans son domaine et cela n’était pas pour nous déplaire. A contrario, Constellations For The Lonely semble être l’album de l’évolution de Doves, laquelle peut hélas s’avérer nuisible. On nous dira sans doute qu’il faut bien évoluer avec son temps, mais le chant de Jimy Goodwin est intemporel et ad vitam aeternam indissociable de Doves, fait magnifiquement prouvé par la ballade aérienne pour piano Orlando, le somptueux A Drop In The Ocean et bien évidemment le très psyché Saint Teresa.
Constellations For The Lonely l’album de trop pour Doves? On n’ira pas jusque-là, mais ce sixième album du trio mancunien se révèle être l’un des moins bons de leur discographie et ne nous laissera pas un souvenir impérissable. Pourtant, les frères Williams et Jimy Goodwin sont toujours capables de belles choses, nous en sommes persuadés. Reste désormais à Jimy de tout faire pour reprendre main et leadership sur ce petit monde lui qui, il y a peu encore, demeurait convalescent. L’heure de la prise de pouvoir au chant, pour Andy et surtout pour Jez Williams, n’a pas encore sonné et Jimy a de beaux jours devant lui pour toujours nous toucher et nous émouvoir de par sa superbe voix.
Constellations For The Lonely de Doves: un D comme déroutant et décevant!
Notre sélection: A Drop In The Ocean, Saint Teresa, Orlando.