Faire du bon rock avec peu de moyens à disposition, c’est le credo de nombreuses formations indépendantes dont OCRE, groupe originaire de Clermont-Ferrand créé en 2021.
OCRE est un duo formé par deux amis d’enfance, Pierrick A au chant et guitare qu’accompagne Damien A à la batterie.
Ce tandem clermontois possède tous les atouts d’un groupe expérimenté et chevronné, seul lui manquant le coup de pouce qui leur ferait franchir un pas de géant, une prestigieuse maison de disques s’entend.
Damien et Pierrick pratiquent le self made man, comprenez le système D, en attendant mieux bien sûr. Du mixage à la production, les deux amis se débrouillent comme des chefs et même plus ! En 2022, était en effet déjà paru un premier EP porteur de belles promesses.
Le style d’OCRE explore toutes les facettes des 90’s, du stoner à l’indie rock en passant par le post hardcore et Damien comme Pierrick ont de qui tenir en matière d’influences : Nirvana, Foo Fighters, Cave In ou encore Deftones. C’est vous dire si le catalogue du tandem est varié à souhaits !
Trois longues années se sont donc écoulées depuis ce premier EP, les deux petits gars de Clermont ont pris de la bouteille et de l’assurance, maturité ayant débouché sur un premier LP intitulé So Often Lifeblood Comes From Ashes, lequel vient de voir le jour conjointement chez Araki Records, Urgence Disk et Atypeek Music.
Un album de neuf morceaux où tout va par deux : luminosité contraste avec obscurité, gros rock se partage l’affiche avec ballades soft puis, enfin, émotion à fleur de peau rime avec intensité.
Du lourd est justement envoyé dès Don’t Worry, morceau inaugural de ce premier LP d’OCRE. Pierrick et Damien, sur des influences empruntées à Foo Fighters, sont de facto au taquet. Dans Don’t Worry comme sur I.L.Y, les guitares grondent beau faire, crachant à satiété leur venin acéré mais, qu’on se le dise, du bon venin et qui ne saurait tuer ! On pense immédiatement à Queens Of The Stone Age, Metallica et même, pour le côté hexagonal actuel, à nos chers bordelais de Mars Red Sky. Don’t Count On Them et So Often notamment en font la démonstration par A plus B, laissant entrevoir l’incroyable potentiel de ce duo qui, de par son efficacité et sa maîtrise du rock, vaut largement un quatuor ou un quintet.
De la personnalité, du coffre, Pierrick avec son chant grave et ses riffs heavy de guitare ainsi que Damien derrière ses fûts en ont à foison, à ne plus savoir qu’en faire, sinon du rock qui tape juste et bien, à faire pâlir leurs illustres aînés tels que Nirvana, Foo Fighters ou même Weezer.
De Nirvana, il en est question sur les ballades soft It Was Nothing et So Long, l’ombre de l’ami Kurt planant vocalement comme musicalement par le biais de Pierrick.
Un minimalisme et une simplicité qui nous rassurent totalement vis-à-vis du rock actuel dans lequel, bien hélas, de nombreux groupes se plaisent à rajouter effets vocaux et claviers, comme si ces apports superflus étaient réellement indispensables. Fort heureusement, chez OCRE, cette simplicité est bien ancrée dans la musique de ce génial duo clermontois et va même de pair avec une déconcertante spontanéité, ce qui se fait très peu aujourd’hui.
À eux deux, comme personne, Damien et Pierrick remuent la manchette et ne cherchent pas de midi à 14 heures la formule qui siérait le mieux pour se faire adopter. Au petit bonheur de la chance, le duo auvergnat donne tout ce qu’il a dans les tripes et dans le ventre, ayant manifestement de l’énergie à revendre. En parlant de rock punchy Three Stages Of Stress, Don’t Count On Them ou encore In The Mirror en font éclater un plein wagon, sans oublier l’explosif et sulfureux Don’t Worry, à l’instar du non moins supersonique I.L.Y.
In The Mirror, single tout récemment dévoilé, a succédé à Don’t Worry et It Was Nothing.
Le rock soft, en dépit de multiples envolées de stoner grondant et prenant l’ascendant, a tout de même voix au chapitre sur It Was Nothing et So Long ainsi qu’au début de So Often, bien que rythme et adrénaline subissent une brusque grimpée en flèche en cours de morceau. Si l’on croyait que So Often, épilogue de ce premier LP d’OCRE n’était qu’une ballade gentillette, eh bien on se trompait lourdement ! C’était sans compter sur un Damien et un Pierrick, visiblement non rassasiés, soucieux et désireux d’en remettre une couche supplémentaire, d’enfoncer le clou une bonne fois pour toutes.
Avec So Often Lifeblood Comes From Ashes, le duo de Clermont-Ferrand OCRE vient d’accomplir là un véritable coup de maître, ce qui ne saurait paraître excessif. Damien et Pierrick, du haut de leur jeunesse, n’ont strictement rien à envier à Nirvana et autres Queens Of The Stone Age, se payant même le luxe de faire jeu égal avec ces formations. Bravo les gars, il fallait oser et vous l’avez bien fait !
So Often Lifeblood Comes From Ashes : simple et spontané, mordant autant que caressant, le rock empreint de contrastes d’OCRE !
Notre sélection : It Was Nothing, I.L.Y, Don’t Count On Them, Three Stages Of Stress.