Logo Sensation Rock

Review concert Ayron Jones + Black Stone Cherry

Crédit Photo : Franck Laithier

Nous voici à peine sortis de la saison des morts qu’un double programme furieusement électrique à l’Olympia nous aura instantanément remis d’aplomb ce 6 novembre 2024.

Le superbe graphisme de l’affiche n’avait effectivement pas menti : une tour Eiffel érigée en manche de guitare dans un ciel brumeux, départageant, à droite, le puncheur de Seattle Ayron Jones et à gauche les mastodontes du heavy-rock sudiste du Kentucky, les Black Stone Cherry, pour une rencontre au sommet de l’Olympe qui avait tout d’un match de boxe sonique.Et la valse des uppercuts aux tympans aura été d’une force imparable ce soir là !

Les frenchies de Storm Orchestra, avaient déjà bien chauffé le ring, avec une entrée en matière riche en mélodies power-rock, dont leur single étendard Suspect qui, à l’instar de leur costumes affutés, claquaient avec classe et respect.

Un set court ( pressé ? ) mais punchy et convainquant, qui aura eu le mérite de pauser les bases d’une soirée fiévreuse.

Sur les notes du Loose Yourself d’Eminem, en guise d’intro, débarquent alors les boyz du Puget Sound. Ayron, sous des lights irradiants, sa désormais mythique casquette hashtag Filthy vissée sur le crane, lunettes miroir, jean en lambeaux et cuir impacté comme une taule froissée, lâche d’entrée les riffs abrasifs et cinglants de son single phare qui donneront le fil rouge du set.

Celui qui attire tous les regards, c’est bien évidemment Tyrone Lovelace, ce chien fou de bassiste qui ne tient déjà plus en place ( damned ! ) et fuse direct comme un marsupial aux quatre coins de son carré de scène. La pointe de son Stetson en peau de taureau aiguisant les faisceaux de lumière comme un aileron de squale jaugeant le bain de foule.

On a du mal à réaliser que ce type est grand-père quand on le voit bondir ainsi; pourtant, il le rappelle fièrement en tirant sur l’encolure de son T-Shirt : Granpa Bob, the man, the myth, The Legend, qu’il tombe ensuite au profit d’un maillot des Spurs floqué au nom de l’immense Victor Wembanyama ( cocorico ), un jersey bien plus en phase avec ses sauts de scène.

Les bangers s’enchainent alors avec une énergie folle : On two feet I stand, Supercharged, Filthy jusqu’au brulôt My America où, actualité oblige, Ayron (qui a viré ses verres opaques pour laisser apparaitre un regard sombre) après avoir lâché un Fuck Trump de circonstance, déroule des lyrics qui n’auront jamais trouvé d’écho plus juste que ce soir :

‘How can this be my America
If I can’t breathe? ‘
 
L’espace scénique est largement rempli par le quatuor, qui alterne battle, en formation groupée, et avancées en bord de fosse, pour inonder le public de soli ciselés.
Matthew Jacquette, le sourire communicatif, aussi bright que son fute nacré, ira même jusqu’à fouetter sa six cordes avec ses dreads avant de les faire tourner en rotation … Jouissif !
 
Derrière les fûts, Malachi Johnson n’est pas en reste; il martèle comme jamais, sous un bonnet jaune moutarde, au diapason avec la set-list bien épicée.
 
Ca sprint, dans une course frénétique, comme si les gars avaient volé à Zeus le feu sacré le temps d’une nuit : Baptized in the muddy waters, Otherside, Blood in the water, Fire … Tous les éléments sont convoqués, au propre comme au figuré.
 
Clou du show, une reprise incroyable du Hey Joe d’Hendrix ( après un clin d’oeil déjà savoureux à Kurt Cobain ) où tout le talent de réinterprétation du groupe sera distillé dans chaque note.
 
Manifestement ému d’avoir joué ce soir dans un écrin aussi mythique que l’Olympia ( rappelons que cette salle a été ultra popularisée même outre atlantique pour avoir accueilli tous les grands géants du Jazz comme du Rock), c’est sous une salve nourrie de cris de joie que le groupe tirera sa révérence, non sans avoir fait sa photo souvenir avec le public conquis.
Matthew, rattraper par la foule en liesse, ira même jusqu’à venir t’checker les mains des trois premiers rangs.
 
A peine le temps de s’en remettre et de réaliser que la barre était désormais placée très haut pour les suivants, que le fond de scène de Black Stone Cherry est déjà mis en place.
 
Reprise de la pochette du dernier album en date : un ciel nocturne parsemé d’étoiles et de papillons d’où émerge la tête hurlante de dame nature. Là encore, le ton est donné d’avance, alors que le Hell’s Bells d’AC/DC dans les enceintes clôture cette courte pause.
 
C’est sur les riffs appuyés de Me and Mary Jane que le set débute en fanfare.
 
La voix puissante et rocailleuse de Chris Robertson, superbement roots, rappelle, par sa beauté tannée, le timbre de Rag n’Bone Man.
 
Ben Wells, chevelure blonde et hirsute, tank-top du film Halloween 2 échancré à l’encolure, déboule en trombe et déverse d’entrée une énergie hard-rock dans un look appuyé, qui n’est pas sans rappeler celui de Duff McKagan. 
 
A l’autre bout, dans une chemise ouverte typée seventies, la tignasse hair-metal et l’attitude connotée qui va avec, Jon Lawhon lacère sa basse.
 
On voit qu’on tient là ( si on en doutait encore ) les dignes représentant d’un southern rock  à l’ancienne, matinée de hard et revivifié à la sauce moderne, dont le spectre large va de Lynnyrd Skynyrd au stoner actuel. 
 
L’occasion de s’en rendre bien compte sur les deux morceaux suivants : Burnin’ et Again qui déversent la même lave bouillonnante dans les sillons de la fosse.
 
Dans ses montées épiques de chant Robertson va même tutoyer le fantôme de Cornell … Troublant.
 
Les mélodies s’aèrent ensuite sans que la pression ne retombe pour autant avec le plus tempéré Out of pocket.
 
Puis enchaine le single historique Blind Man sur lequel les frappes de John Fred Young galopent comme les deux pure-sang qui ornent ses grosses caisses; prémisses d’un solo monstrueux qui suivra sur Cheaper to drink alone dérivant sur une cascade de martellements puissants qui mettront tout le monde à l’amende.
 
Le public implose et saute comme jamais. Il faut dire que ce rock hybride de Black Stone Cherry n’oublie jamais de groover dans les manches et provoque constamment des mouvements de masse en bas comme en gradins.
 
 Avec son look de rappeur west-coast, baseball-cap, biceps tatoués et T-Shirt d’Outcast, Chris est là pour nous rappeler que le rock aussi tire ses racines de la rue.
 
Sans répit, le show avance comme un bulldozer défonçant les dernières frontières.
 
Pinacle de ce set incroyable, Blame it on the boom boom, est scandé dans un ras de marée de voix joviales : les frissons sont légions, les poils dressés. L’Olympia est conquis sans résistance.
 
Dans un dernier élan, c’est le titre Lonely Train  qui se charge de clôturer le voyage, Chris et Jon en profitent pour inverser les wagons et s’échanger les quatre et Six cordes, histoire de rappeler, symboliquement, la polyvalence et la cohésion du groupe.
 
Touché comme jamais par les salves nourries d’applaudissements en fin de set, Chris en tombe la casquette et sur un rappel ultra émotionnel, descend se frayer un chemin à travers la fosse, pour finir au milieu des fans, avec un Peace is free fédérateur, offrande amicale à ceux qui les ont portés jusqu’où ils sont aujourd’hui.
 
Un concert renversant … Un concert important, qui nous aura redonné, le temps d’un soir, beaucoup de sourires et beaucoup d’espoir.
 
Le propre de la musique rock quoi.
 
Photos par : Franck Laithier – Article par Olivier Lescroel
Total
0
Shares
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Related Posts