On peut être discret, ne guère faire parler de soi et pondre de la bonne musique. Le songwriter britannique James Bay possède, sans exception aucune, toutes ces qualités.
C’est en 2015, par le biais de l’album Chaos And The Calm que l’on fit connaissance avec celui que d’aucuns n’hésitèrent pas à comparer, à l’époque, avec un certain James Blake.
Presque dix ans plus tard, James Bay revient se rappeler à notre bon souvenir avec Changes All The Time, son nouvel album (le quatrième) paru via Mercury Records.
Pour évoquer ce nouvel effort en quelques mots, James dit: « cet album est une célébration du rock, alliant optimisme et émotion. »
Changes All The Time recèle tout ce dont, musicalement parlant, l’artiste britannique est capable de proposer et Dieu sait que la panoplie de styles est vaste: rock, folk/americana, blues et soul teintée de gospel. Voilà pourquoi le terme « célébration » est fréquemment utilisé par James pour qualifier cet album comportant 11 morceaux.
L’élaboration de ce quatrième opus n’a pas été un travail solitaire, à la production comme dans l’écriture des textes. Gabe Simon, qui s’est également occupé de Kahan, Koe Wetzel ou encore de Maren Morris, a apporté son aubole à la production, alors que des plumes telles qu’Holly Humberstone, Natalie Hemby (The Highwomen), Dan Wilson (Semisonic) et surtout le bouillant Brandon Flowers des Killers ont prêté main forte à James pour les compos. C’est d’ailleurs Brandon Flowers qui a collaboré à l’écriture du single Easy Distraction qui, soit dit en passant, fait très Killers dans sa conception musicale: rythme, bonnes guitares, du rock bien électrique mitonné à la sauce Killers. Ajoutons à ce coctail une voix pratiquement similaire à celle de l’ami Brandon et le tableau du parfait morceau estampillé The Killers sera des plus complets.
Up All Night, tourné vers les Black Keys, voit l’apparition au chant de Noah Kahan et de The Lumineers, le petit zeste de gospel dans les choeurs en faisant une chanson festive. Au chapitre des singles, Up All Night a d’ailleurs fait suite à Easy Distraction.
Bien que n’étant crédité que de quatre albums à son actif, James Bay est déjà considéré comme un vieux routier de la musique, un baroudeur pathenté. Changes All The Time est précisément inspiré de ses voyages et de la vie que l’on peut changer quand bon nous semble. Le songwriter britannique dit vouloir croquer la vie à pleines dents, la mener le plus intensément possible.
James Blake et Brandon Flowers ne sont pas les seuls centres de comparaison pour le style vocal de James Bay, l’influence de Sam Fender se veut également très présente, notamment sur le très électro rock Hopeless Heart, l’électrique Talk qui est une ballade folk agrémentée de rock ou encore le relâché Everburn aux accents gospel. En outre, sur le longue durée Dogfight (5 minutes 46), plane inlassablement l’ombre du regretté Jeff Buckley.
Hormis Easy Distraction, Up All Night et Hopeless Heart, la folk americana se taille la part du lion sur Changes All The Time. Tantôt gospel (Everburn, Some People, Hope), tantôt à dominante rock (Talk, Speed Limit), cette folk se met en devoir de faire de Changes All The Time un album qui ne tombe pas dans la monotonie ou le ronron. James Bay voulait un quatrième album vivant, intense, force est de constater qu’il l’a obtenu haut la main.
À l’image de nous tous, le britannique a éprouvé le besoin de se remettre en question pour pouvoir repartir du bon pied, ne plus naviguer à tâtons.
Par Changes All The Time, James Bay nous gratifie de son album le plus intime et autobiographique, le songwriter se dévoilant comme jamais. Une mise à nu qui n’est certainement pas pour nous déplaire.
Changes All The Time: quand James Bay se raconte sans tabous ni détours!
Morceaux choisis: Talk, Easy Distraction, Dogfight, Hope.