Les changements de style musical en cours de carrière, d’un album à l’autre, peuvent aussi être bénéfiques. Preuve en est avec le trio grenoblois Qoya, passé du post punk à un mélange détonant de doom metal et de shoegaze.
Des influences variées, englobant Alcest, Russian Circles, Sisters Of Mercy, voire même des formations telles que Diiv, Slowdive. D’aucun évoquent même, pour le versant new wave, The Cure ou Depeche Mode. La voix de Quentin Chazel, leader du trio, laisse d’ailleurs apparaître quelques ressemblances avec celle de Dave Gahan.
Après Yokai en 2021, Qoya nous revient encore plus fort et accrocheur avec Karma. Un album de dix morceaux dont le titre fait entrevoir l’évocation de la spiritualité, plus précisément la réincarnation et le voyage de l’âme. Bon nombre de titres de ces morceaux ont trait à ce délicat thème: l’éponyme Karma, Mantra ou encore Anima. Une spiritualité dans le thème qui n’empêche cependant pas l’émotion d’être véhiculée musicalement. Avec brio, Karma allie lourdeur et mélancolie, fait contraster ambiances sombres et aériennes. Sheol, Timeless ou même Karma démontrent, par leurs résonnants riffs de guitare, tout le potentiel aérien engrangé par le trio grenoblois lors de l’élaboration de ce sublime second LP. Quentin et ses deux acolytes prouvent qu’ils n’ont rien à envier à Diiv ou Slowdive, que les formations hexagonales sont parfaitement capables de faire le job comme il faut.
L’intro Ascend est ni plus ni moins qu’une petite mise en bouche tranquille avant que se profile, avec Ghost et Mantra dans un premier temps, une somptueuse et accrocheuse ambiance électrique. D’emblée, Qoya marque son territoire et fait péter les watts autant que les guitares. Du son aérien en veux-tu en voilà, vocalisé formidablement par Quentin. Une voix puissante, surgie de nulle part au moment où l’on s’y attend le moins, à savoir après une longue plage instrumentale.
Trois singles ont déjà été dévoilés en préambule de la sortie de Karma: l’aérien Timeless, l’énigmatique Sheol et très récemment, en septembre dernier, Karma qui donne son titre à l’album.
Grenoble n’est pas seulement une ville de sports (foot, rugby), c’est aussi une ville de rock dont le trio Qoya se veut le grand représentant, pour ne pas dire l’ambassadeur.
Un chanteur ne fait pas un groupe, mais force est de constater que Quentin Chazel occupe une place à part dans le trio, même lorsque sa voix semble quelque peu lointaine. Quentin est le petit plus qui fait la différence, bien aidé il est vrai par ses deux compagnons de jeu.
Les dix morceaux de Karma jonglent entre engagement accrocheur (Ghost, Timeless, Sheol, Karma) et ballades aussi aériennes qu’oniriques (Ascend, Anoma, Mirrors, Altar). De temps à autres, quelques boucles synthétiques tentant de se frayer un chemin au milieu de tous ces sons de guitares aériennes, reconnaissons que les claviers parviennent sans trop de mal à exister.
Avec Karma, Qoya réussit à merveille son changement d’univers musical, affirmant son style et sa puissance par le biais des dix morceaux constituant l’album. Accrocheur, c’est le mot qui ressort essentiellement de la performance du trio grenoblois, des morceaux tels que Ghost, Karma et Sheol résumant fort bien à eux trois cette envie de Quentin et de sa petite bande de tout bousculer sur son passage. Sans mauvais jeu de mots, le karma de Qoya s’avère très bon pour ce second album!
Karma: une bonne dose de new wave à la française teintée de bon son aérien!
Morceaux choisis: Karma, Anima, Timeless, Mirrors.