Se réinventer tout en gardant leur identité, c’est ce que semble être le credo des sud-africains de Seether. La bande à Shaun Morgan nous revient encore plus inspirée, quatre ans après le très remarqué Si Vis Pacem, Para Bellum. Ce nouvel effort, le neuvième, a pour titre The Surface Seems So Far (Fantasy Records).
L’énergie rock de la formation sud-africaine demeure intacte, tant par le biais des guitares surpuissantes que par la voix de stentor de Shaun Morgan. Seether n’a rien perdu en quatre ans de tout ce qui a toujours fait son sel comme sa réputation. Néanmoins, la plupart des onze morceaux de The Surface Seems So Far semblent basculer du côté ballades un poil relâchées, par exemples Judas Mind, Beneath The Veil ou encore le superbe single Illusion. Pourtant, ce neuvième album exprime une volonté de ne pas se laisser dicter des visions que l’on ne saurait partager. C’est en tous cas ce qu’expliquent Shaun Morgan et les siens, un leitmotiv tout particulièrement prégnant dans Judas Mind, premier single dévoilé avant Illusion. Comme quoi, avec Seether, il y a toujours du grain à moudre et la source de bonnes paroles pas encore tout à fait tarie.
The Surface Seems So Far ne rencontrera peut-être pas le succès de son prédécesseur de 2020, mais ne marquera pas pour autant le déclin du groupe de Shaun Morgan. Un Shaun dont la voix paraît, sur certains morceaux tel que Beneath The Veil, avoir été quelque peu travaillée, disons plutôt trafiquée par les machines. C’est le grand regret qui ressort de ce nouvel album de Seether, la voix de Shaun Morgan n’étant pas toujours reconnaissable.
Transition toute trouvée pour évoquer Regret, morceau bien dynamique qui fleure le Seether pur jus, sans artifices ni trafiques. Regret qui n’est pas sans rappeler Dangerous et Liar, standards phares de Si Vis Pacem, Para Bellum: du dynamisme, de bonnes grattes et une voix transperçante autant qu’émouvante de Shaun Morgan.
De rock explosif à l’énergie communicative, The Surface Seems So Far n’en manque pas, jugez-en notamment avec le sulfureux Dead On The Vine, le non moins décapant Try To Heal, voire même l’entraînant Walls Come Down: du Seether comme on l’aime, dans le texte comme dans le rock. Les Nelson Mandela du rock prouvent, par Try To Heal et Dead On The Vine, qu’ils savent encore frapper fort tout en martelant leur besoin et leurs paroles de justice.
Ni trop hard ni trop soft, Pain The World, Semblance Of Me et Same Mistakes contribuent à maintenir ce neuvième album de Seether parmi les albums de la formation sud-africaine qui compteront toujours à l’avenir, effaçant du même coup la médiocrité vocale d’un fade Beneath The Veil.
À l’image de Regret, Lost All Control aurait parfaitement eu sa place sur Si Vis Pacem, Para Bellum, nous gratifiant d’un Shaun Morgan au top de ses possibilités à l’instar, bien évidemment, de ses comparses.
The Surface Seems So Far: un renouvellement de Seether pas toujours judicieux mais qui, pourtant, n’entame en rien les bonnes dispositions rock des sud-africains.
Morceaux choisis: Illusion, Try To Heal, Walls Come Down, Dead On The Vine.