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Nick Cave and the Bad Seeds / Wild God

Parmi les temps forts de cette rentrée musicale, le 18ème album de Nick Cave et de son fameux groupe – lequel n’avait plus réuni depuis Push the sky away en 2013 – occupe une place de choix. Ambitieux, ténébreux et incroyablement beau, c’est un « disque joyeux peuplé de morts » selon l’icône australienne, mais un disque avant tout brillant.

Song of the lake nous plonge d’emblée dans l’univers torturé et poétique du chanteur : batterie subtile, piano délicat, des voix majestueuses et cette impression que le temps est suspendu. Wild God, titre ésotérique (qui voit le rêve d’un homme mourant) basculant à mi parcours en ode symphonique, a tout lui aussi du classique du crooner australien. Témoin dévasté des décès récents de deux de ses enfants, c’est un album peuplé de morts, de dieux, d’esprits mais aussi d’amour et de joie, comme sur Frogs : « The Children in the heavens, jumping for joy, jumping for love, and opening the sky above » ou encore sur le bien nommé Joy. Amour et mort, joie et deuil, espoir et ténèbres : c’est un album qui véhicule de nombreuses émotions et des contrastes puissants, à l’instar du magnifique Final Rescue Attempt.

Conversion apparait comme une piste clé dans la lecture de cet opus, débutant par un piano-voix avant de déboucher sur une deuxième partie d’une grande puissance et solennité. Cinnamon Horses reprend cette mise en abime et cette beauté totale, envoutante, qui monopolise intégralement votre attention. On pense à Johnny Cash sur le très réussi Long Dark Night, autre moment de grâce absolue sur ce disque si riche, peut-être notre morceau préféré. Mais Nick cave est bel et bien unique, avec sa voix magique de baryton, et ce groupe magnifique qu’il conduit à la perfection. C’est d’ailleurs à un membre disparu de son premier groupe, Anita Lane de The Birthday party (décédée en 2021) que le titre O Wow O Wow (How wonderful She Is) a été composé. Un hommage juste parfait avec la voix et les rires de la musicienne incorporée à la fin du morceau, avant que le soyeux As The Waters Cover The Sea teinté de gospel referme magnifiquement ce Wild God.

A près de 67 ans, Nick Cave nous offre un album d’une grande richesse, teinté d’onirisme, de ténèbres mais aussi d’espoirs. On ne sait toujours pas s’il y a une vie après la mort, mais c’est par ces « mauvaises graines » que peut germer tous les possibles.

Julien Lagalice

Titres : Song of the lake ; Wild God ; Final rescue Attempt ; Long Dark Night.

 

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