La pochette de l’album présente un sage, barbe grise, cheveux noués dans un petit chignon, à la posture humble.
Fin Greenall, mieux connu sous le pseudonyme de Fink, n’en finit plus de servir la beauté et la musique. Qu’elle semble loin l’époque où le musicien DJ se produisait sur les scènes européennes…
Fink, c’est une homme, mais également un groupe de fidèles, essentiellement Tim Thornton et Guy Whittaker.
Comment Fink est-il parvenu à nos oreilles ? D’abord, grâce à une cousine érudite et ouverte sur la musique que je remercie au passage (Big Up P.!!!!). Ensuite, grâce la défunte émission One Shot Not sur Arte, où Manu Katché et Pino Palladino sublimaient Pretty Little Thing.
Vous connaissez sans doute Manu, qui a accompagné les plus grands (Sting, Peter Gabriel ou Al Di Meola pour ne citer qu’eux) et qui a surtout été juré dans une émission de télé-crochet. Quant à Pino, c’est l’un des bassistes les plus fabuleux encore en activité (Clapton, Jeff Beck, John Mayer). Ces deux-là avaient largement de quoi voir venir le nouvellement guitariste et chanteur des Cornouailles….et ils s’en amusaient presque.
Mais revenons à Fin, qui a publié en début de mois Beauty In Your Wake. Dix titres, c’est court et dense, mais avec Fink, c’est toujours une expérience à part.
Poésie, harmonies à la fois simples et complexes, mélodies chromatiques faussement simplistes, et par dessous tout, cette voix enveloppante et soufflée, qui bouleverse la moindre de vos cellules.
Quelle est la recette du trio ? Des textes puissants, des atmosphères à la fois folks et teintées d’électro et d’effets en tous genres (que voulez-vous, quand on a été DJ), et des harmonies vocales toujours planantes.
Les thèmes abordés, universels et intimes à la fois : l’amour (The Only Thing That Matters, When I Turn This Corner), la spiritualité (What Would You Call Yourself, It’s Like You Ain’t Mine No More, Follow You Down), la souffrance (Be Forever Like a Curse, I Don’t See You as the Others Do, Don’t Forget to Leave).
L’homme a étudié l’histoire et l’anglais, il est donc normal de trouver de la poésie et des mots peu courants de la langue anglaise : brethren, sistren, chequered (pas de spoiler alert, il vous faudra ouvrir un dictionnaire comme je l’ai fait !).
Un album résolument posé et apaisant, introspectif et même parfois profondément émouvant (Be Forever Like A Cruse me rappelle les plus belles chansons de Nick Drake, et tout en étant une chanson simple, quant à It’s Like You Ain’t Mine No More, elle est tout bonnement magique de complexité et des sauts mélodiques surprenants).
Une fois encore, Fink démontre que sa musique n’a rien d’attendu, rien de convenu, et que même si rien ne semble pouvoir tenir en équilibre, la magie opère à chaque fois. La voix de Fin est un murmure bienfaisant, et chacune des touches d’électronique est comme une étoile que l’on découvrirait, une à une, au creux d’un ciel d’une nuit d’été.
Réconfortant et mystérieux à la fois, tel est ce dernier opus de Fink.
Le groupe sera en tournée française en automne. À ne manquer sous aucun prétexte.
Note : 9,9/10 (je sais, mais j’aime encore mieux les titres plus rythmés du groupe).