Dans l’univers du rock alternatif, Diiv prend une place prépondérante. Cinq ans après l’album Deceiver, le quintet new-yorkais vient le prouver une fois de plus avec Frog In Boiling Water, son quatrième album.
Le son se veut toujours aussi puissant, sans concession aucune, guitares grondantes et style shoegaze à l’appui. Ce n’est donc pas un hasard si Diiv est souvent évoqué en référence pour avoir influencé certaines formations montantes de cette scène estampillée new wave, impulsée par les belges de The Haunted Youth notamment.
Pour faire naître Frog In Boiling Water, le groupe emmené par Zachary Cole Smith a pris son temps et, le moins que l’on puisse dire, c’est que cet accouchement ne se sera pas effectué sans douleurs: désaccords au sein du quintet, conflits réguliers qui, fort heureusement, se sont vite réglés et n’ont pas duré. Les gars de Brooklyn se sont mis d’arrache-pieds au boulot, sous la direction de Chris Coady qui s’est attaché à superviser les opérations.
Un travail de longue haleine qui a ainsi débouché sur un album de 10 morceaux, lesquels se partagent entre énergie rock à l’état brut et langueur aussi enivrante qu’envoûtante. Une marque de fabrique propre au quintet new-yorkais, son chanteur et guitariste Zachary Cole Smith en tête. In Amber et Brown Paper Bag, électriques à souhait, donnent déjà le ton des réjouissances à venir, mettant de facto l’auditoire dans l’ambiance. Dès ces deux morceaux inauguraux, s’amorce une plongée vertigineuse dans l’univers aérien de Diiv.
Une immersion salvatrice et bienfaitrice dont Raining On Your Pillow, Somber The Drums et encore moins le single éponyme Frog In Boiling Water ne sauraient nous extirper, pris au piège que nous sommes de ce décor tant féerique qu’aérien.
On parlait de The Haunted Youth, le très rock Raining On Your Pillow et la petite ballade pop Everyone Out ne sont pas sans rappeler la sensibilité musicale de ce groupe belge en devenir, en droite ligne influencée par Diiv.
Plus encore que la voix de Zachary Cole Smith (laquelle s’avère pratiquement sussurée et faible), les guitares aériennes disposent des pleins pouvoirs, jouissant du ministère de la parole musicale martelée par le quintet de Brooklyn. Nombreux en effet sont les solos d’anthologie de grattes dans les morceaux de Diiv et ce nouvel album Frog In Boiling Water ne cherche nullement à bouleverser la donne. Brown Paper Bag, Somber The Drums ou même Reflected en sont d’éloquents exemples.
Dans ce quatrième opus, Diiv dénonce (voire même nous alerte) sur un monde en perpétuelle déconfiture, en déclin inexorable, d’où cette allusion métaphorique à la grenouille se brûlant les ailes dans l’eau chaude et qui justifie le thème général de Frog In Boiling Water.
Le quintet new-yorkais reste fidèle à ses principes, mais ne se départit pas d’une efficacité redoutable. De tous temps, la recette shoegaze de guitares aériennes a toujours fonctionné, Zachary Cole Smith et sa bande n’ont donc pas à en changer d’un iota les ingrédients. Frog In Boiling Water, à l’instar de son prédécesseur Deceiver, dépayse tout du long son auditoire et lui permet de s’évader le temps d’un album. Avec Frog In Boiling Water, Diiv confirme son standing de groupe à part et faisant de multiples émules.
Morceaux choisis: Brown Paper Bag, Somber The Drums, Everyone Out, Raining On Your Pillow.