Décidément, Slash est partout et ne cesse de faire l’actualité: participation à l’album des Dandy Warhols sur le morceau I’d Like To Help You With Your Problems, featuring avec son complice des Guns N’ Roses Duff McKagan sur l’émouvante ballade Hope et enfin, cerise sur le gâteau, un album bien à lui. Baptisé Orgy Of The Damned, il fait suite à Four paru en 2022 où le guitariste était accompagné du seul Miles Kennedy au chant. Avec Orgy Of The Damned, les choses sont totalement différentes.
Exit Miles Kennedy, celui-ci a fait place à toute une kyrielle de voix diverses, autant masculines que féminines: Dorothy, Brian Johnson, Chris Robinson ou encore Demi Lovato. Tous, selon les compétences vocales de chacun, apportent leur contribution et accompagnent le guitariste des Guns.
On ne le sait pas toujours, mais Slash a baigné dans le blues depuis sa plus tendre enfance, biberonné qu’il a même été aux sons de Robert Johnson et autres BB King. À la fin des années 90, fort de cette passion du blues, Slash décide de monter le projet Blues Ball. Pas d’enregistrements en studio, uniquement des productions scéniques sur de grands standards du blues. Selon les propres mots du gratteux, « un projet pour le fun. » Il n’en demeure pas moins que cet amour du blues n’a jamais quitté Slash et restera ancré en lui ad vitam aeternam.
Orgy Of The Damned est donc résolument un album blues, voire même blues/rock pour ne pas fâcher les inconditionnels du genre. On est bien loin toutefois de ce que Slash avait l’habitude de faire avec les Guns et même avec Miles Kennedy au chant.
Orgy Of The Damned ne comporte pas moins de 12 morceaux dont un seul instru intitulé Metal Chestnut. Ce court morceau est l’intrus qui se cache au milieu de toutes ces reprises de morceaux blues et parfois soul (Living For The City de Stevie Wonder en featuring avec Tash Neal).
Sur ce nouvel effort de Slash, aussi curieux que cela puisse paraître, l’émotion se révèle onniprésente avec de magnifiques ballades telles que Stormy Monday avec la voix de Beth Hart, Key To The Highway accueillant Dorothy ou encore The Pusher, extrait de la BO du film Easy Rider, qui voit l’apparition de Chris Robinson des Black Crowes. Comment ne pas verser sa petite larme en écoutant ce sublime Stormy Monday avec la criarde et vibrante voix de Beth Hart ou Key To The Highway si bien vocalisé par Dorothy.
Les morceaux cadencés ne sont pas en reste, car un album de Slash ne saurait manquer de punch et d’électricité, si blues soit-il. On y entendra notamment le musclé Oh Well popularisé par Fleetwood Mac sur lequel Chris Stapleton donne toute son intensité vocale, le virevoltant Killing Floor d’Howlin’ Wolf en featuring avec Brian Johnson, le supersonic Crossroads de Robert Johnson sur lequel apparaît la voix de Gary Clark Jr et surtout l’incroyable autant qu’épique reprise de Papa Was A Rolling Stone avec la voix haut perchée de Demi Lovato. À côté, l’originale ferait presque pitié, tant la prestation de Slash et de Demi s’avère de haute volée. Comme bon nombre de morceaux de cet album, Papa Was A Rolling Stone est de longue durée (7 minutes 52). Pour faire simple, peu de morceaux sont en-dessous des 5 minutes. Orgy Of The Damned joue donc sur la durée.
Sans pour autant atteindre l’excellence, d’autres morceaux revendiquent leur part de légitimité, à l’image d’Awful Dream en duo avec Iggy Pop et Born Under A Bad Sign avec Paul Rodgers.
Les amateurs de blues pur autant que de blues/rock seront donc comblés, qualité et quantité étant au rendez-vous d’Orgy Of The Damned. Slash, ce n’est pas que Guns N’ Roses et Miles Kennedy, c’est aussi la passion du blues au service d’un grand album de reprises avec de superbes voix, connues et moins connues. Avec Orgy Of The Damned, Slash se révèle un bluesman pathenté, surtout pour ceux qui ignoraient encore son insatiable apétence pour cette musique.
Morceaux choisis: Crossroads (feat. Gary Clark Jr), Stormy Monday (feat. Beth Hart), Papa Was A Rolling Stone (feat. Demi Lovato), Oh Well (feat. Chris Stapleton).