El Magnifico, un titre qui va comme un gant au nouvel album d’Ed Harcourt, de retour après quatre ans d’absence et Monochrome To Colour.
Le songwriter londonien, un peu moins en odeur de sainteté ces dernières années, a su se rappeler à notre bon souvenir et redorer magnifiquement son blason. Le britannique, sur ce nouvel effort, renoue avec la simplicité musicale qui naguère fit sa gloire, plus précisément à l’époque de From Every Atmosphere (2003) ou encore de Strangers (2004). De somptueuses ballades, d’entêtantes mélodies et surtout le piano, instrument pratiqué par Ed depuis l’âge de 9 ans. Autant dire son instrument de prédilection. Le piano est partout sur El Magnifico, inévitable.
El Magnifico (Deathless Recording) a été enregistré à la maison, Ed Harcourt possédant un home studio au fin fond de son jardin. Quoi de mieux pour travailler en toute quiétude et sans être le moins du monde perturbé!
Strange Beauty, morceau à la mélodie sucrée et accrocheuse, est sans conteste la pierre angulaire de ce nouvel album d’Ed Harcourt, jonglant entre rythme jazzy et décor soul par le jeu de quelques doux riffs de guitare. Pour annoncer la couleur, le britannique ne pouvait placer la barre plus haut. Difficile en effet d’égaler Strange Beauty, même si Into The Loving Arms Of Your Enemy a bien essayé. Une autre belle ballade certes mais qui, très honnêtement, n’atteindra jamais les sommets tutoyés par Strange Beauty.
El Magnifico, on l’aura compris, est l’album des ballades langoureuses pour piano telles que Ghost Ship, The Violence Of The Rose où Ed Harcourt adopte presque la voix de Lenny Kravitz ou encore Seraphina. Autant de morceaux sur lesquels le songwriter londonien nous berce et nous émeut, tantôt dans les graves tantôt dans les aigus.
C’est donc avec un infini plaisir que l’on retrouve l’Ed Harcourt de The Birds Will Sing For Us, extrait de l’album From Every Atmosphere en 2003. Un grand standard d’Ed Harcourt dont l’entraînant My Heart Can’t Keep Up With My Mind se rapproche, à peine moins rock et country cependant.
Sur El Magnifico, le britannique n’est pas tout à fait seul, puisque Broken Keys reçoit le concours de Greg Dulli, alors que The Dead End Of The World est l’occasion d’entendre la voix de Stevie Parker.
Ed Harcourt commençait à nous manquer privilégiant, ces dernières années, ses apparitions scéniques auprès des Libertines et de Marianne Faithfull notamment au détriment de sa propre carrière, lui qui n’a jamais caché ni renié son admiration sans bornes pour les Beatles. Into The Loving Arms Of Your Enemy en est d’ailleurs bien inspiré, au même titre que Strange Beauty, sans parler de 1987.
El Magnifico fait la part belle à l’émotion évidemment, mais aussi au romantisme et à l’évasion temporaire. Le jazzy Anvils And Hammers, le fabuleux Seraphina ou l’envoûtant The Violence Of The Rose incitent à la méditation autant qu’au voyage, Ed et son piano s’occupant de tout et seuls à la barre. Cette voix chaude et sensuelle d’Ed Harcourt qui, au fil des morceaux, nous enveloppe et nous happe totalement.
Petite note négative d’El Magnifico: la présence du mot « mort » dans certains titres tels que Deathless ou At The Dead End Of The World, Ed reconnaissant volontiers penser à l’issue fatale, sans toutefois s’en inquiéter et s’interdire de vivre.
Magnifique cet album d’Ed Harcourt, on peut l’affirmer sans mauvais jeu de mots. El Magnifico porte vraiment bien son titre. De 1987 à El Magnifico ambiance mexicaine, Ed Harcourt nous invite à une plongée dans son univers velouté et feutré, le britannique signant avec El Magnifico son album le plus intime et le plus émouvant. À écouter sans modération!
El Magnifico: en immersion dans l’univers intimiste d’Ed Harcourt!
Morceaux choisis: Anvils And Hammers, Strange Beauty, Seraphina, The Violence Of The Rose.