Quatre longues années se sont écoulées depuis la parution de Gigaton qui, déjà à l’époque, sonnait le grand retour de Pearl Jam. Nous étions alors en plein désarroi suite à un fichu confinement sur lequel il est inutile de revenir. Heureusement, des morceaux comme l’excellent Superblood Wolfmoon et Dance Of The Clairvoyants étaient là pour nous remonter le moral et nous empêcher de sombrer.
Quatre ans après donc, la formation de Seattle amorce un nouveau retour, mettant les petits plats dans les grands. Eddie Vedder et sa troupe ont décidé, par l’entremise du producteur Andrew Watt (Ozzy Osbourne, Post Malone), de prendre le taureau par les cornes et ont été invités à ne pas mettre les deux pieds dans le même sabot. Aller vite, frapper fort, tels furent les mantras qui ont accueilli l’électrique single Dark Matter ainsi que l’annonce de l’album à venir très rapidement. Un douzième effort également intitulé Dark Matter (Republic Records).
Dark Matter, produit par Andrew Watt à qui absolument rien n’a échappé, vient donc enfin de débarquer sur toutes les platines et plateformes numériques, précédé des singles Dark Matter, Running et Wreckage tout récemment.
Un douzième album sur lequel les petits gars de Seattle, comme à leur habitude, nous gratifie de gros rock autant que de magnifiques ballades. À l’instar de Ten ou de Gigaton, Dark Matter ne fait pas exception à cette bonne vieille règle fixée par Eddie Vedder et les siens.
Dès l’ouverture de l’album, on se prend une véritable claque en pleine tronche avec le flamboyant Scared Of Fear et encore plus à l’écoute du non moins explosif React, Respond qui, avec Running, partage la distinction de morceau le plus rock de cette nouvelle galette. Pas de préambules donc, Eddie, Mike, Stone et les autres attaquent les choses sérieuses sans s’autoriser d’entrée en matière piano piano.
La baisse d’adrénaline intervient pourtant sur le nouveau single Wreckage, ballade de 5 minutes qui n’est pas sans rappeler Long Way, morceau extrait de l’album solo d’Eddie Vedder paru en février 2022.
Wreckage dont le guitariste Stone Gossard et Andrew Watt avouent être fiers, louant les talents de compositeur et de mélodiste d’Eddie Vedder. « Eddie sent merveilleusement bien la musique, il a une intuition musicale hors du commun. »
A contrario de Running ou de React, Respond, Wreckage possède de multiples velléités et vertus countries, cadrant parfaitement avec l’univers de l’Amérique profonde.
Retour express au rock et au combat avec l’éponyme Dark Matter, symbole de ce retour tant attendu de Pearl Jam. Dark Matter, un single puissant et virevoltant, honneur que Won’t Tell ne connaît pas encore et d’ailleurs le mériterait amplement. Ressemblant comme un jumeau à Quick Escape sur Gigaton, Won’t Tell jouit de tous les atouts et de tous les critères requis pour en faire un single bien radiophonique, de ses paroles entêtantes à son riffing de guitare tout en simplicité autant qu’en maîtrise.
Waiting For Stevie qui, comme son titre l’indique, est dédié à Stevie Wonder, se révèle du même acabit et fabriqué avec de similaires ingrédients musicaux.
Autre grand temps fort de Dark Matter avec Upper Hand et sa longue intro instrumentale d’un calme olympien en apparence avant que, tout d’un coup, la machine s’emballe sous l’impulsion d’un Eddie Vedder au sommet de sa forme.
À fond les ballons et les gamelles, Running fait péter les watts à la puissance mille, bourré d’intensité malgré sa courte durée. Running, single ayant succédé à Dark Matter, qui interpelle et alerte sur la fragilité d’un monde partant inexorablement à vau-l’eau. Running, parce qu’il n’y a plus une minute à perdre en conjectures et en palabres pour sauver ce qui peut encore l’être.
Du Pearl Jam comme on l’aime, à savoir fringuant et plein de verve!
Something Special et Got To Give, sans émotions particulières, n’offrent rien de très croustillant ni attrayant, bien que ces deux morceaux soft ne soient pas pour autant inaudibles et dépourvus de qualités. Got To Give, toutefois, tend à se rapprocher de Wreckage par son rythme et ses riffs de guitare.
On parlait d’émotion, le somptueux Setting Sun se charge de nous en apporter un plein contingent, évoquant une relation amoureuse compliquée et sur le déclin. On y entend toute la sensibilité d’Eddie Vedder, celle que le charismatique leader de Pearl Jam a maintes fois montré avec sa formation comme en solo.Setting Sun: une ballade d’anthologie qui aurait tout à fait sa place parmi les grands standards romantiques de Pearl Jam.
Dark Matter, un douzième album qu’Eddie Vedder et sa bande auront tous loisirs de défendre lors d’une tournée à travers l’Amérique du Nord et l’Europe, de Vancouver à Barcelone.
Nul doute que Wreckage fera partie de la setlist, le guitariste Stone Gossard se disant impatient de la jouer en live. Faisons le pari alors!
Plus fort que son prédécesseur Gigaton, faisant jeu égal avec Ten, Dark Matter devrait se faire une place de choix dans la liste des albums de Pearl Jam qui compteront et dont on parlera longtemps, grâce à des morceaux fédérateurs tels que React Respond, Won’t Tell ou encore Setting Sun, voire Scared Of Fear. Rendez-vous donc dans 10 ou 15 ans pour se rappeler aux bons souvenirs de ce génial Dark Matter!
Morceaux choisis: React Respond, Won’t Tell, Setting Sun, Scared Of Fear.