Des américains qui pondent du bon gros rock ça existe bel et bien, White Reaper le prouve avec Asking For A Ride, leur quatrième album débarqué le 27 janvier dernier et distribué par Elektra Records.
White Reaper est un quintet basé à Louisville (Kentucky), formé de Tony Esposito (chant, guitare), Ryan Hater (claviers), Hunter Thompson (seconde guitare) et des deux Wilkerson (Nick aux batterie et percussions, Sam à la basse).
Petit rappel de la discographie : Does It Again (2015), The World’s Best American Band (2017), You Deserve Love (2019) et Asking For A Ride (2023).
Un album enregistré à Nashville sous la direction du producteur Jeremy Ferguson. Encore et toujours Nashville qui est, décidément, la plaque tournante de la bonne zik, là où il faut être et où tout se passe.
Asking For A Ride est résolument rock, tape dans le mille et donne entière parole aux grosses guitares qui rugissent tout au long de l’album. Une intensité à couper le souffle, l’adrénaline qui ne fléchit pas, on ne pensait pas un jour faire autant de compliments d’un opus rock américain, eux pourtant adeptes du rock contrefait et bidouillé par les ordis. Avec White Reaper, la donne change du tout au tout et ce n’est pas pour nous déplaire.
Le feu est ouvert dès l’éponyme “Asking For A Ride” qui, justement le morceau inaugural. Le rythme est trépidant, les petits gars de Loisville ne laissent pas le temps à leur auditoire de se mettre en jambes progressivement. Tony Esposito et sa clique y sont, c’est bien là l’essentiel !
Tout aussi urgent dans le rock mais sur un tempo différent, surgit l’énorme “Bozo” qui s’impose comme l’un des meilleurs morceaux de cet album, le quintet du Kentucky prenant manifestement le temps d’asseoir sa mélodie, même teintée d’hallucinants riffs de gratte.
“Fog Machine“, dans son hard rock déchaîné et effréné, pourrait servir de fond sonore à une course de motos, Tant les riffs de guitares sont similaires à des moteurs de Harley Davidson et autres Kawasaki. En écoutant “Fog Machine”, on peut également s’imaginer traverser les grands espaces américains, à moto bien entendu. “Fog Machine”, l’un des singles extraits d’Asking For A Ride, est l’hymne des bikers, celui avec lequel tout est possible en moto.
“Getting Into Trouble W/The Boss”, en revanche, cause de la déception, dans le sens où l’on ne reconnaît pas la voix habituelle de Tony, à tel point que l’on se demande si c’est bien lui qui chante. La voix est comme efféminée et la musique de White Reaper guère plus identifiable, presque de la pop. Fort heureusement, le virevoltant “Pink Slip” remet les pendules à l’heure, le bon gros hard rock rentre-dedans repartant comme en quarante ! Avec “Fog Machine” et “Pages”, “Pink Slip” est le single qui a définitivement achevé de propulser White Reaper au rang des formations rock dont on attend beaucoup, sur lesquelles il faudra miser.
A l’instar de “Bozo” et de “Fog Machine”, “Pink Slip” marque profondément les esprits dès la première écoute et on se dit d’emblée : « ça c’est un futur tube, ça va marcher et matché du feu de Dieu ! » Et effectivement c’est le cas, “Pink Slip” passe à tours de platines et figure dans de nombreuses playlists numériques.
Dans les effets de voix de Tony Esposito, Killing Joke et Love Like Blood ne sont jamais très loin, de quoi rappeler des souvenirs aux nostalgiques de ce morceau d’anthologie.
“Funny Farm”, tout aussi surpuissant, ne permet aucun relâchement de pression. Tony et sa clique poursuivent ce show hard avec, en fil ruge, les guitares qui démangent et crachent leur fumée à satiété.
“Heaven Or Not”, presque une ballade, se charge de calmer quelque peu les chevaux. Un morceau différemment constitué mais de bien meilleure qualité que “Getting Into Trouble W/The Boss”. “Heaven Or Not” recèle quelques influences 80’s (The Cure, Simple Minds) par le biais de guitares aériennes, atteignant parfois le cadre psychédéliques.
La suite de l’album n’offre rien de franchement transcendant ni décevant non plus, “Crawlspace” et “Thorn” demeurant du bon rock sans pour autant occasionner d’orgasmes en nous et nous faire grimper dans les tours. Les guitares de Tony et d’Hunter n’en font ni trop ni pas assez, la voix de Tony sans surprises toujours égale à elle-même.
“Pages”, entre ballade et rock, se veut entêtant et conclue Asking For A Ride de façon légère et chantante. “Pages” et “Pink Slip” ont été dévoilés en même temps par le groupe qui, peut-on le supposer, devait être pressé de voir arriver ce nouvel effort.
Ceux pour qui White Reaper était inconnu au bataillon ne pourront plus ignorer ce quintet de Louisville. Avec Asking For A Ride, White Reaper s’installe confortablement parmi les valeurs sûres du rock. Un quatrième album qui vaut le détour et qui n’a pas fini de nous faire rugir de plaisir, tel le fameux lion mais surtout les guitares de Tony et d’Hunter.
Asking For A Ride de White Reaper : on ne dira plus que les américains ne savent pas faire du bon rock !
Notre sélection : Pink Slip, Fog Machine, Bozo, Heaven Or Not.