Depuis l’album Cydalima en 2019 et le single “The Cave” qui a beaucoup tourné, on se demandait ce que devenaient nos petits jurassiens de Gliz. Eh bien, voilà la réponse ! Le trio composé de Florent Tissot (chant, banjo électrifié), Thomas Sabarly (tuba) et de Julien Huet (batterie) ressort du bois d’épicéas jurassiens où se coulaient des jours paisibles, malgré ce que l’on sait.
Mass, second LP de Gliz, vient en effet de paraître, la distribution étant gérée par le label Youz Prod.
Un opus de 10 morceaux façonné au studio La Corbière, une ferme du 18e siècle située dans le Haut Jura. Florent, Julien et Thomas se trouvaient donc à leur aise pour enregistrer, bien à l’abri de toute présence extérieure.
Pourquoi ce titre Mass ? Tout simplement en référence à la divinité païenne qui illustre la pochette, un animal totem dont la principale tâche fut, selon la légende mythique, de chasser les mauvais esprits, se confrontant aux missions les plus périlleuses.
Au cours des 10 morceaux de cet album, le trio jurassien nous propose un road trip mystique à la recherche de Mass, bien que son image sur la pochette apparaisse quelque peu vivace.
Sur le plan musical, ce nouvel opus est plus électrique, plus rock, même si la poésie demeure inamovible. Gliz a, comme dirait l’autre, musclé son jeu, décomplexé l’écriture des chansons et sa musique. Le single “Totem”, paru le 19 octobre, confirme ce changement de braquet opéré par Florent et ses deux acolytes. “Totem” surprend au premier abord de la part de Gliz mais on s’y habitue, on ne saurait tenir rigueur à nos jurassiens préférés d’innover. Le rythme est trépidant, la voix de Florent proche d’un Brian Molko en rut. “Totem” aurait aisément pu être interprété par Placebo, ça n’aurait pas été choquant !
On prête à ce Gliz cru 2022 des influences Genesis période Peter Gabriel ou encore, mais dans une moindre mesure cependant, Supertramp des années 70. “Not The End”, morceau d’ouverture, peut y faire effectivement penser. Florent, par sa voix émouvante et haut perchée, nous prend aux tripes, tout comme les chœurs qui lui répondent en écho. Chœurs dont, en supplément de leurs instruments respectifs, Thomas et Julien font vivre d’un manière intense.
L’une des grandes nouveautés dans la musique de Gliz est l’incorporation, sur bon nombres de morceaux, de la Farfisa (clavier à sonorités rétro), instrument joué par Thomas en plus du tuba qui, chez Gliz, constitue les lignes de basse.
La Farfisa donne aux morceaux de Mass une conotation 70’s supplémentaire, estampillée Deep Purple.
Ce nouvel album du trio jurassien se divise entre magnifiques ballades (“Not The End”, “All Is Fine”, “Shadow”) et morceaux plus fonceurs, atteignant presque le rock (“Mass”, “The Hunt”, “Behind The Trees”). Dans la façon de chanter de Florent comme dans l’orchestration, on se prend à évoquer les allemands de Kadavar qui n’ont pas leur pareil pour pondre du rock 70’s en voix doublée. Avec des morceaux tels que “The Hunt” et “Behind The Trees”, Gliz a haussé le ton d’un gros bémol, pris encore davantage d’assurance en sa musique L’éponyme “Mass”, “Don’t Hold Back” ou encore “Illuminations”, pourtant lents en cadence, ne manquent pas de piquant pour ce qui est de la guitare et de la Farfisa.
Le tuba en basse et le banjo, en dépit du style plus rock de Gliz, constituent toujours l’ADN musicale des jurassiens, si enchanteurs sur “The Cave” par exemple. Le tuba se fait entendre sur le sulfureux “Totem”, alors que le banjo illumine les ballades “All Is Fine”, “Shadow” ou “Not The End”. Gliz sans le banjo de Florent et le tuba de Thomas ne serait plus vraiment Gliz, les jurassiens auraient tout à fait perdu leur identité, mais fort heureusement que nenni, il n’en est rien. Mass, bien que plus électrique et rock, ne travestit aucunement la marque de fabrique de ce trio qui, depuis ses débuts, fait preuve de grand talent. Thomas et Julien, dans leurs domaines respectifs de compétences, abattent en bûcherons chevronnés largement leur part de labeur mais Florent, tant à la voix qu’au banjo, reste l’âme du trio, celui qui donne le la. “Not The End”, “Totem” ou encore “All Is Fine” corroborent formidablement ce propos.
Entre bouleversements musicaux et continuité, les jurassiens de Gliz nous ont une fois de plus gratifié d’un album de grand standing, tant accompli qu’abouti. Cydalima en 2019 s’avérait déjà concluant, Mass se révèle encore plus polyvalent, mêlant sans vergogne les influences 70’s et plus actuelles. Florent, Thomas et Julien peuvent se targuer, sans crainte d’une auto satisfaction trop exagérée, d’avoir fourni un gros boulot, nous offrant un album que nul défaut ne vient entacher.
Avec Mass, Gliz signe l’album totem qui, sans nul doute, va encore faire s’élever ce trio vers les hauteurs !
Mass : le roman musical en 10 chapitres d’une divinité païenne insaisissable et protectrice à la fois !
Notre sélection : Not The End, Mass, All Is Fine, Illuminations, Shadow.