Les Britanniques de Bloc Party effectuent cette année leur grand retour, six ans après l’album Hymns passé quelque peu inaperçu. Le boss Kele Okereke et ses boys manquaient cruellement d’inspiration et le songwriter menait, en parallèle, une carrière solo.
Bloc Party se rappelle donc à notre bon souvenir en nous offrant un sixième album digne de ce nom, faisant pratiquement jeu égal avec Silent Alarm paru en 2005 sur lequel on recensait d’épiques morceaux tels que Banquet, Helicopter ou encore Luno.
Ce nouvel effort a pour titre Alpha Games et comporte 12 morceaux de haut niveau, comme par exemple In Situ, Day Drinker ou bien Traps pour ne citer que ceux-ci. Géré via Infectious/Bmg, Alpha Games a été produit par deux poids lourds de renom, à savoir Nick Launay et Adam Greenspan, lesquels ont eu en charge Arcade Fire, Nick Cave, Yeah Yeah Yeahs et même Idles. Traps, premier single extrait de cet album, illustre à lui seul cette patte rock agrémentée de bonnes guitares, du Bloc Party comme aux plus belles heures de Silent Alarm, voire d’A Week-end In The City en 2007.
À propos de Traps, Kele Okereke s’est fendu du propos suivant : « Lorsque nous avons créé Traps, nous savions déjà que ce serait le premier morceau que les gens voudraient entendre ». Et le leader de Bloc Party ne s’y est pas trompé, Traps ayant littéralement mis le feu aux poudres! Le quatuor britannique sonnait alors le glas d’un retour tonitruant et fracassant.
Cependant, en dépit de ce regain de sonorités rock estampillées Silent Alarm, Kele Okereke et ses acolytes n’ont pu s’empêcher d’innover, d’explorer d’autres univers musicaux, ce qui chez ces british de caractère est devenu monnaie courante. Traps se révélait résolument rock, The Girls Are Fighting se voulait plus électro même si, pourtant, les guitares n’ont pas été laissées pour compte. Deux singles, deux facettes différentes de Bloc Party qu’Alpha Games allait nous présenter.
Électro encore, plus prononcé celui-ci, avec Sex Magik où les guitares sont carrément mises sous l’éteignoir. L’ardeur de ceux qui se disaient que Bloc Party était reparti au combat s’en trouvait alors refroidie, tous espoirs douchés et étouffés dans l’œuf. Sex Magik n’est pas moche, s’écoute, mais l’on n’y ressent pas l’intensité véhiculée par Traps et même The Girls Are Fighting. Déception éphémère puisqu’arrivent le très rythmé If We Get Caught et surtout le sublime In Situ, dernier single en date, un morceau bien rock qui recèle toutes les vertus de Banquet et Helicopter. Kele et sa bande livrent une prestation grandiose, Bloc Party évoluant dans toute sa splendeur et apparaissant dans une forme éclatante: guitares qui résonnent tout du long, voix de Kele Okereke dynamique et assurée, tous les ingrédients réunis pour faire d’In Situ l’un des morceaux vedettes d’Alpha Games, à l’instar du puissant Day Drinker sur lequel plane l’ombre d’Helicopter.
Dans ce registre rock, citons également Callum Is A Snake, très court mais si intense et urgent. Communicatif autant qu’exubérant, le quatuor britannique nous martèle à l’envi qu’il est heureux de retrouver son public qui, il faut bien l’avouer, demeurait sur sa faim suite aux derniers opus parus. Sur Alpha Games, Bloc Party renoue avec son glorieux passé, une gloire qui a fait de la formation de Kele Okereke l’une des plus en vogue des années 2000, à l’image de Maximo Park, Kasabian ou encore Kaiser Chiefe.
L’électro de Rough Justice et la pop de You Should Know The Truth sont loin de créer le buzz, beaucoup moins accrocheurs que Day Drinker ou In Situ, mais défendent leur bifteck tant bien que mal sur cette détonante tracklist, prouvant par A plus B que Bloc Party a pris l’habitude de faire dans la diversité, que Kele et sa petite clique sont devenus touche-à-tout.
Même sans être très rock, Off Things Yet To Come et By Any Means Necessary se plaisent à faire crachoter les guitares, secondées par des claviers loin de paraître redondants.
Alpha Games s’achève avec The Peace Offering, ballade qui débute doucement mais qui, au fil des minutes, connaît une fulgurante accélération jusqu’à devenir rock. On pense tout de suite à Black Glass de The Blinders sur lequel on observe des bouleversements similaires. Ne pas chercher plus loin le dernier grand temps fort de ce nouvel opus, The Peace Offering en a toute l’étoffe. En évoquant, quelques années plus tard, les morceaux phares d’Alpha Games, d’aucuns ne manqueront pas de citer The Peace Offering comme il en va pour Banquet et Helicopter pour Silent Alarm.
Avec Alpha Games, la perfection de Silent Alarm n’est pas atteinte mais force est de reconnaître que ce sixième album s’en rapproche, grâce à des morceaux tels qu’In Situ, Traps ou encore Day Drinker. Sans pour autant avoir renouvelé sa performance de 2005 avec Silent Alarm, Bloc Party doit tout de même être crédité d’un réel effort de créativité et de production, il est vrai bien aidé par Nick Launay et Adam Greenspan. Alpha Games ne sera pas l’album de la décennie mais, pour cette année au moins, jouira d’une grande popularité et marquera, sans nul doute, le rock d’une empreinte indélébile.
Alpha Games : quand Bloc Party fait sa réhabilitation et sa rédemption!