Les normands d’Animal Triste ne sont décidément pas dépourvus d’inspiration, leur premier album au titre éponyme ne datant que de 14 mois pour être précis. Un opus où l’on pouvait notamment entendre Dancing In The Dark, formidable reprise de Bruce Springsteen. La bande à Yannick Marais (également chanteur de la Maison Tellier) remet donc le couvert, ayant eu du temps pour composer à cause de la situation que l’on connaît et on ne va certainement pas s’en plaindre! Yannick Marais n’est pas le seul membre du sextet à venir d’un autre groupe car Fabien Senay (guitariste) et Mathieu Pigné (batteur) sont transfuges de Radiosofa. Night Of The Loving Dead, second album d’Animal Triste, vient ainsi de paraître et sonne davantage rock avec, en invité d’honneur, le guitariste de BRMC Peter Hayes qui donne un coup de gratte sur le single Tell Me How Bad I Am et With Every Bird. C’est dire s’il n’y a pas meilleur tremplin pour obtenir une reconnaissance au niveau international, bien que cette collaboration avec Peter Hayes ne se soit pas faite d’un simple coup de baguette magique. Elle a été le fruit de longs échanges de SMS comme de l’intervention de contacts du membre de BRMC. Pourtant, les choses se sont déroulées comme espérées, Peter Hayes apportant son expérience à un groupe qui, déjà, en avait engrangé pas mal avec l’album Animal Triste. Night Of The Loving Dead a été composé et enregistré au bercail, chacun des membres d’Animal Triste faisant sa tambouille de son côté avant de se réunir pour mettre toutes les idées en commun et, parfois même, en ajouter de nouvelles. Certains morceaux tels que Machine Love et Play God ont même été retouchées car elles étaient déjà l’œuvre de Darko (claviériste) pour Machine Love et Sébastien (autre guitariste) pour Play God. Mathieu Pigné, le batteur, avait lui aussi participé à l’élaboration musicale de ces compos. Le titre de l’album revêt une connotation sombre, morbide même, mais cette bande d’animaux est loin de paraître triste, de joyeux lurons plutôt! Le ton de cet album est donc placé sous le signe du rock avec, pour entamer les hostilités, un Machine Love débutant pourtant par des claviers. Surtout ne pas se fier aux apparences car les guitares se mettent très vite en évidence, le morceau montant en puissance crescendo. Une puissance survoltée traduite également par la forte voix de Yannick, complètement différente de ce qu’il est avec la Maison Tellier. Trois des six membres gèrent la partie guitare en plus de leurs fonctions permanentes au sein d’Animal Triste, à savoir Darko, Fabien et Sébastien, d’où cette abondance de riffs clinquants et ce qui explique la verve rock de ce Night Of The Loving Dead. Arrive ensuite Tell Me How Bad I Am, sur lequel Peter Hayes vient amener son petit plus de prestige. Un morceau parfaitement taillé pour les radios puisque Tell Me How Bad I Am est sorti en premier single. Cependant, au niveau rock, on n’a pas encore tout vu! C’est The Gift Of Love And Fear qui nous y recolle, les guitares et la voix de Yannick Marais donnant tout ce qu’ils ont dans le ventre. On n’imaginait pas Animal Triste à pareille fête lorsqu’on écoutait Dancing In The Dark et pourtant c’est bien eux, ce sextet rouennais qui n’a rien à envier à certains illustres illustres homologues internationaux tels que Nick Cave, Bruce Springsteen pour ne citer qu’eux. Nick Cave et le Boss, pour la bonne et simple raison qu’ils sont les grandes sources d’influences comme d’inspiration d’Animal Triste. Animal Years, somptueuse ballade piano, résume tout le parcours du groupe normand depuis les débuts, un petit bilan d’activité en quelque sorte. Une compo calme, sur laquelle les guitares se font moins pressantes et urgentes, tandis que Yannick adopte une voix grave. Le calme avant la tempête, dit-on, car Mary, Full Of Grace, sulfureux, fait de nouveau remonter l’adrénaline, Animal Triste atteignant le sommet du rock. Mary, Full Of Grace : un morceau flamboyant de bout en bout, sans aucun temps mort! Retour de Peter Hayes sur With Every Bird, l’une des autres ballades de cet album avec l’aérien E.V.I.L ce mélange de morceaux lents et rythmés font de Night Of The Loving Dead un opus varié, sur lequel rien n’est figé. Le surpuissant After Life tend à le prouver ainsi que l’encore plus électrique Play God et ses riffs de guitares dignes de grandes formations estampillées hard rock. Diamond Dreams, en conclusion, garde les batteries au vestiaire, ne laissant s’épanouir que le son des guitares et la voix de Yannick qui, sur ce morceau, se veut apaisante alors qu’elle fut survoltée sur des compos telles que Mary, Full Of Grace ou Play God. Animal Triste, par ce second album, nous a littéralement comblé, le sextet normand n’ayant pas fait les choses à moitié! Au lieu de perdre leur temps en jérémiades et en atermoiements Yannick, Fabien, Mathieu et les autres ont mis cette période à profit pour donner le meilleur d’eux-mêmes. L’éponyme Animal Triste, sans pour autant être passé inaperçu, n’avait pas généré un tel engouement autour de leur musique mais, avec Night Of The Loving Dead, il devrait en être autrement, espérons-le tout du moins. Des morceaux comme le fantastique Animal Years au piano, Mary, Full Of Grace, voire After Life ou Play God, peuvent être de bons sésames vers la porte de la consécration. Night Of The Loving Dead, s’il en était encore besoin, prouve que les Français aussi savent pondre du bon rock et Animal Triste livre ici son opus le plus électrique où, seul, s’exprime le langage des guitares!
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