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Cat Power / Covers

Cat Power, la reine incontestée de la cover! Une distinction qui va décidément comme un gant à l’américaine d’Atlanta Chan Marshall. Après The Covers 
Record (2000) et Jukebox (2008), cette songwriteuse de grand génie nous le prouve une fois de plus avec Covers, son nouvel album. Que des reprises 
donc, arrangées à la sauce Cat Power mais loin d’être dénaturées.
L’Américaine de bientôt 50 ans possède déjà, à son actif, un beau tableau de chasse en termes de covers, parmi lesquelles figurent Stay de Rihanna 
(sur l’album Wanderer en 2018) mais aussi et surtout Toop Toop, célèbre morceau de Cassius, groupe français auquel appartenait le défunt Philippe Zdar. 
Philippe et Chan furent collaborateurs et grands amis, I’ll Be Seeing You de Billie Holiday (morceau épilogue de cet opus Covers) est d’ailleurs dédié à 
l’ancien leader de Cassius.

Depuis 1995 et son premier album Dear Sir, Cat Power en a vu et vécu, tenant néanmoins bon la barre contre vents et marrées : mauvaises relations, 
alcool, drogues et dépressions à répétition furent longtemps son quotidien bien que, désormais, la presque cinquantenaire apparaisse apaisée et délivrée 
de ses démons. Covers, ce nouvel effort parrainé par le label Domino Records, le certifie incontestablement.

Unhate est l’unique reprise de Cat Power elle-même, portant le titre original de Hate et paru en 2006. Sinon, les 11 autres chansons appartenaient déjà 
à  d’autres artistes tels que Nick Cave (I Had A Dream Joe), Lana del Rey (White Mustang) ou encore Pa Pa Power de Dead Man’s Bones, second single 
dévoilé par l’Américaine après Bad Religion (Frank Ocean).
On dit généralement que les reprises sont les pâles copies des morceaux originaux et, pire encore, qu’elles détruisent tout le prestige dont jouissait ces 
versions initiales. Pour Cat Power, c’est tout le contraire et elle tend à le démontrer tout au long de ce nouvel album. Pa Pa Power, par exemple, est 
meilleure en reprise qu’en originale, la version de Dead Man’s Bones s’avérant morne et sans grand intérêt, disons carrément dénuée de toute émotion. 
Une émotion que Chan Marshall, dans ses albums précédents comme dans Covers, a toujours su véhiculer et transmettre, tant par sa voix chaleureuse et sa musique constituée, en majeure partie, de piano et de guitare.
Caméléon vocal, Cat Power se veut tantôt carnassière sur I Had A Dream Joe, tantôt caressante et à fleur de peau sur le magnifique Here Comes A 
Regular de The Replacements interprété au piano et, bien évidemment, le non moins superbe I’ll Be Seeing You en hommage à Philippe Zdar. 
Accompagnée de la seule guitare acoustique, Chan se laisse littéralement aller et fait ressortir toute l’émotion dont elle est capable. Rien que ce diptyque 
Here Comes A Regular/I’ll Be Seeing You témoigne de l’énorme puissance émotionnelle engendrée par Covers.
Un lien très fort unit, depuis de nombreuses années, Cat Power et Lana del Rey. Amies, elles ont croisé le fer en duo dans Woman sur l’album Wanderer. 
De la même garde rapprochée, les deux autrices/compositrices se ressemblent, à tel point que Cat Power a repris, sur Covers, White Mustang de Lana. 
Ce morceau, merveilleusement arrangé, revêt des sonorités 60’s/70’s à la Beatles avec le petit clavier qui va bien, on ne s’en lasse pas!
En évoquant cet opus, Cat Power a déclaré : « Ces chansons ont pour unique but de nous reconnecter les uns aux autres ». Et elle ne croit pas si bien 
dire, cette maman d’un petit garçon de 7 ans qui, en faisant référence aux anciennes générations tenait ce propos : « Dans le temps, les enfants apprenaient et chantaient du Johnny Cash ou du Billie Holiday avant de savoir lire et écrire ». De nos jours, force est de reconnaître que ces traditions d’antan se perdent, que les parents tiennent à ce que leurs progénitures sachent les apprentissages de base avant de chanter Vianney et autres Obispo ou Pagny. Trêve de plaisanterie, on parlait de Billie Holiday, I’ll Be Seeing You a été popularisée par cette icône du jazz et formidablement interprétée par Cat Power. Ce morceau a d’ailleurs été clipé courant décembre et constitue, en outre, une belle déclaration d’amitié ainsi qu’une véritable ode à Philippe Zdar.
La politique n’est jamais bien loin, surtout Martin Luther King ou, plus récemment, le président Joe Biden dans l’étourdissant I Had A Dream Joe de Nick 
Cave. Là, Cat Power adopte une toute autre voix, un visage différent: elle apparaît belliqueuse, combative et comme investie d’une mission disant : 
« Comme MartinLuther King en son temps, j’ai fait le même rêve que toi Joe, sois assuré de mon soutien! ».On imagine très mal Chan Marshall soutenir 
et regretter Donald Trump! I Had A Dream Joe, bien que repris par Cat, peut se définir comme un hymne visant à maintenir Trump hors de portée et à 
lutter pour ses propres droits.
Chez Cat Power, on entend la guitare, comme dans These Days de Jackson Browne, Against The Wind (Bob Seger) ou encore ce sacro-saint I’ll Be 
Seeing You de Billie Holiday. La guitare mais aussi et surtout le piano, ADN musicale de l’américaine : Bad Religion de Frank Ocean et le fabuleux 
Here Comes A Regular d’une durée de 5 minutes 14. Here Comes A Regular est l’un des plus somptueux morceaux de cet album avec, pour compléter 
le tiercé de tête, These Days et I’ll Be Seeing You bien entendu.
D’autres reprises comptent aussi sur ce Covers et ne sont donc pas à négliger, elles sont l’occasion d’une incursion dans les années 70. Il y a par 
exemple, Endless Sea d’Iggy Pop, Unhate ou White Mustang de Lana del Rey. L’influence Lennie Kravitz se révèle parfois criante, musicalement parlant 
évidemment. Le jazz est aussi présent, par l’entremise du remuant It Wasn’t God Who Made Honky Tonk Angels (Kitty Wells) et même le rock, mais oui, 
dans l’encore plus entraînant Pa Pa Power, reprise également bien estampillée 70’s. On l’aura compris, Covers est un album à multiples facettes et 
jonglant d’un style ainsi que d’un instrument à l’autre.

Les derniers albums en date de Cat Power furent, reconnaissons-le, assez décevants. L’Américaine manquait d’inspiration et d’enthousiasme, cela 
certainement dû à son mal-être chronique dont elle a eu toutes les peines du monde à se défaire. Sur Covers cependant, elle renoue avec ce pouvoir 
d’émotion, et cette grâce qui firent sa force par le passé. Covers était attendu depuis de longs mois avec, disons-le sans détour, énormément d’impatience, 
laquelle a été formidablement récompensée. Bad Religion et Pa Pa Power, les deux singles extraits de cet album, avaient déjà donné le ton et laissaient 
envisager une livraison de haute volée et effectivement, les 10 autres reprises se révèlent d’un grand niveau. Cat Power se met à nu comme jamais, 
montrant son visage le plus intime. Sans trahir les originaux, elle reprend les divers morceaux à son image, envoûtante et fascinante!
Covers de Cat Power, soit 43 minutes de bonheur musical garanti qui sera sans nul doute défendu, le 29 mai prochain, à la salle Pleyel de Paris.
Covers : toute la sensibilité d’une artiste incontournable dans un seul album!

 
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