Un album que l’on avait pas vu venir, débarqué le 12 novembre en toute discrétion. Cet opus, c’est Rock Out, le sixième album des Australiens de Wolfmother. Rock Out succède, entre autres, à Victorious (2016) et Rock N’Roll Baby (2019). Justement, avec Rock N’Roll Baby, la bande à Andrew Stockdale nous avait laissé quelque peu sur notre faim en ne livrant que 7 morceaux même si, pour n’en citer que 2, Hot Night et Chase The Feeling avec la participation de Chris Cesster à la guitare s’étaient révélés très efficaces.
Pour Rock Out donc, pas de médiatisation tapageuse mais, bien au contraire, un silence étonnant et surprenant de la part d’une formation aussi réputée que Wolfmother. Une discrétion qui néanmoins s’explique par une sortie uniquement réservée, pour le moment, aux diverses plateformes de streaming. Aucune information n’a d’ailleurs filtré quant à une éventuelle distribution physique.
Andrew Stockdale, charismatique leader de Wolfmother, a déclaré à propos de ce choix de ne paraître qu’en format numérique : « Lorsqu’un agrégateur digital accepte de publier ta musique en deux jours seulement, pourquoi se priver d’un tel coup de pouce! ITunes ou Spotify devraient être des applications uniquement réservées aux musiciens ». Malgré tout, les Australiens ont pris du plaisir à réaliser ce sixième album mais, toujours selon les propres dires d’Andrew Stockdale,
« avec un trip différent ». Rock Out a été entièrement conçu à domicile, chez Andrew Stockdale, en jonglant entre confinements et situation sanitaire déplorable. La seule aide extérieure est venue d’un jeune ingé son de 20 ans du nom de Cameron Lockwood à qui, tout naturellement, fut dévolu le rôle de producteur. Sinon, absence totale de label comme de manager, indépendance totale par le biais des diverses plateformes numériques.
Sur le plan musical, Rock Out se constitue de 10 morceaux sur la plupart desquels, il faut le reconnaître, Wolfmother ont perdu de leur mordant. Ce nouvel effort n’est pas mauvais, il s’écoute et s’apprécie, pourtant on n’y retrouve pas la verve constatée sur des morceaux tels que Gypsy Caravan, Hot Night ou encore Chase The Feeling.
Feelin Love entame l’album mais sans révolution ni coup d’éclat. Le véritable coup d’envoi est donné par l’énorme Rock Out, morceau éponyme. Au premier abord, on pense à Deep Purple des années 70, rien que par le jeu de guitares et la voix haut perchée d’Andrew qui n’est guère éloignée du chanteur de Deep Purple. Rock Out est un tube, un succès de plus à épingler au tableau de chasse des Australiens qui ne manquent pas, au regard de leurs albums précédents, de singles bien placés et classés. On comprend alors très bien pourquoi cet album porte le nom de Rock Out, de loin le meilleur morceau des 10. Les autres, comme Upload, Humble ou Mantle, doivent leur rayonnement à certaines influences telles qu’AC/DC (Upload) par les riffs de guitares, Black Sabbath (Humble) où Stockdale imite presque Ozzie Osbourne et Mantle (Placebo) où l’on a du mal à reconnaître l’organe vocal réputé si perçant d’Andrew mais plutôt celui de l’ami Brian. Persistons dans les comparaisons, pendant qu’on y est, avec Metal Fire qui laisse poindre des accords de guitares à la Led Zep qui, pourtant, ne sont pas pour nous déplaire, si bluesy qu’ils sont.
La palme de la noirceur revient à Ego, presque un slam/rap et où la voix d’Andrew Stockdale se montre méconnaissable, beaucoup trop grave. Heureusement que les guitares sont là pour relever un peu le niveau de ce morceau!
Tout n’est pas noir cependant sur ce Rock Out car Only Way et Walking réconcilient avec le combo australien : du vrai Wolfmother comme on l’aime, qui ne pompe pas sur autrui et comme on aurait voulu l’entendre tout au long de l’album. Only Way ressemble même, dans sa conception, à Hot Night qui a cartonné un max sur les radios rock en son temps.
Rock Out (l’album) ne laissera pas, vous l’aurez compris, un souvenir impérissable. Pas inaudible certes mais manquant cruellement de flamme. Pourtant, Rock Out (le morceau), à l’instar d’Only Way et Walking, se chargent à merveille de nous rappeler que Wolfmother sait encore, après tant d’années à bourlinguer, faire du bon rock bien péchu. À la décharge des Australiens, il faut reconnaître que le line-up a fréquemment évolué ces dernières années, Andrew Stockdale s’efforçant, tel le capitaine d’un navire en perdition, de tenir la barre contre vents et marrées. Mais gardons espoir et confiance en Wolfmother pour l’avenir, le flamboyant morceau Rock Out nous le permet raisonnablement. L’Australie demeure toujours l’une des places fortes du rock et Wolfmother reste l’un de ses fleurons!