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Oslo Tropique, Oslo Tropique

Le 21 mai dernier, les amarres ont été larguées par-delà les azimuts connus. A la manœuvre, Oslo Tropique fort d’un EP éponyme renversant. Durant un quart d’heure et 4 titres, cette fraiche formation en provenance de la Ville Rose sert un rock qualitatif aux confins d’une pop romantique et désabusée chantée dans la langue de Molière.

 

Commençons peut-être par le commencement. Oslo Tropique est un quatuor à l’existence récente car né en 2019 et regroupant des musiciens toulousains (Christophe Rymland assurant guitare et chant, Megane Rymland à la basse et Frédéric Sagon également 6-cordiste) à Metty Bénistant, batteur et artiste de rue membre des Commandos Percus. Une entame pas banale qui déboucha dans la foulée sur des prestations en France ainsi qu’en terres ibériques et lusophones. Epaulée par Lionnel Buzac côté mixage (Charlie Winston ou plus récemment Bandit Bandit), la formation s’enferme afin de fixer ses premiers titres au cœur d’un 4-pistes.

 

A la première écoute, ce disque saisit tant par sa violence brute que son caractère fragile. Le feu, la glace, Oslo, Tropique, on n’est pas à un oxymore près ou à une élégance absurde servie jadis par l’excellent Franz Kafka. En effet, dès les premiers vers de Les grands palaces la plume acérée oscille entre désenchantement et constats aberrants. L’organe vocal de Christophe Rymland joue de versatilité, délicat sur certaines syllabes (refrain de L’amour et ses fantômes) et il dévoile une vraie pugnacité ailleurs. Comme si la voix de J.-C. Urbain, chanteur des Innocents, s’était donnée au verbe désabusé, voire cruel d’un Philippe Prohom. On est en pleine errance aux marges d’une société consommatrice, individualiste, malade jusqu’à la moelle. Aux marges certes, mais la sortie semble bien loin, inexistante (Un pavé dans l’écran, Aquarium)? On a presque envie d’enquiller sur un Michel Gondry, un Jim Carrey… Ouais Eternal sunshine of spotless mind et Oslo Tropique feraient bon ménage !

(Oslo Tropique, Un pavé dans l’écran)

 

L’accointance avec les deux formations françaises susnommées et le mitan des années 90 tend à se renforcer davantage si l’on se penche sur le versant musical. Basse robuste et mise en avant lors des couplets croisant le fer avec des guitares aux motifs incisifs, grosse batterie au mixage résolu et pourvoyeuse d’assauts furieux, tout ici renvoie l’auditeur vers cet âge d’or des groupes à guitares que furent – ne soyons ni chauvin ni exhaustif, mais quand même ! – Astonvilla, Melville, Eiffel, Dolly, Luke et consorts. Abrasif, tenace, féroce même, ces quatre titres portent une colère immense mais refreinée, socialement parlant (Un pavé dans l’écran) qui finit par vriller vers des horizons étranges, quasi-psyché (Aquarium).

 

Sincèrement, Oslo Tropique est une belle entame. Entre plongée dans un univers sonore familier et désir d’affirmation au sein de la scène actuelle, les quatre membres cardinaux d’Oslo Tropique ont pour le moment de bonnes cartes en mains. Reste désormais à pouvoir défendre au plus vite ce premier EP et lui donne un petit frère du même tonneau, voire un album dans un avenir proche.

-Benoît GILBERT

 

(Oslo Tropique, Les grands palaces)

 

Artiste : Oslo Tropique

Album : Oslo Tropique

Label : Les Jeudis Du Rock

Date de sortie : 21 mai 2021

Genre : rock

Catégorie : Album rock

 

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