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INTERVIEW – TAGADA JONES

Plus de vingt cinq ans après leurs débuts, Tagada Jones a toujours la même rage comme ils le proclament d’ailleurs dans leur nouvel album. Les années passent mais elles n’ont pas prises sur les bretons. Entretien avec Niko, guitariste-chanteur du groupe alors que sort le dixième album du groupe « A feu et à sang ».

 

Pierre-Arnaud Jonard- « A feu et à sang » est votre dixième album. Est-ce que cela représente quelque chose pour vous ? »

« Cela ne représente pas grand chose. Les concerts représentent plus que les disques pour le groupe. Les albums, ce n’est pas révélateur. »

«  Tu as souvent dit que vous étiez les héritiers du rock alternatif. C’est particulièrement vrai sur ce disque qui a bien l’esprit Bérus ou Sheriff. »

« Oui je pense. Tous les groupes mettent du temps à digérer leurs influences. Au début, tu axes les choses sur ta personnalité. Aujourd’hui, nous sommes reconnus pour cela. Avec ce disque, on pousse tout au bout du bout. On a souvent été catalogué punk mais nous somems un groupe rock, né sur les cendres du rock alternatif. »

« Cet album est 100% rock.  Il n’y a pas d’autres influences comme parfois chez le groupe, notamment metal.»

« Il y a pas mal de machines mais on les a incorporés dans le son. Elles sont au service de tel ou tel titre. L’album est rock même s’il y a des côtés indus parfois. »

« Vous avez été l’un des premiers groupes de rock à écrire sur l’écologie. Ce théme est omniprésent dans le disque. »

« Oui c’est l’actualité. Il y a des signaux qui montrent les limites. On les a peut être même déjà dépassés. Nous sommes suivis aujourd’hui par beaucoup de jeunes. On a du coup une certaine responsabilité vis à vis d’eux. Les jeunes vont être obligés de faire bouger les choses. Je trouvais intéressant d’appuyer sur ce thème pour ce disque. »

« Tu penses qu’un artiste peut faire changer les choses ? »

« Les concerts sont avant tout faits pour passer un bon moment. Les gens qui nous écrivent sur les réseaux sociaux nous disent vous nous avez fait ouvrir les yeux sur tel ou tel problème donc oui l’artiste a un rôle à jouer. »

«  De quoi parle « Nous avons la rage » ? »

« C’est un constat post-gilet jaune. Un mouvement qui a été étouffé mais qui est toujours là. On est dans une période où la cocotte minute peut exploser. Il y a certes eu de la récup politique des gilets jaunes mais c’était un mouvement qu’il fallait écouter. Faut-il en arriver à la violence pour se faire entendre ? Je ne le souhaite pas mais il faut voir à quel point ce gouvernement n’écoute pas les gens. »

« La nouvelle génération » est dédiée à la jeunesse actuelle ? »

« En partie. Le morceau parle du dégoût de la jeunesse pour ce qui se passe actuellement. Macron a profité de la chute de la droite et de la gauche pour passer mais il ne représente pas grand chose. La jeunesse en a marre. Elle ne se sent pas concernée. Les jeunes vont réecrire autre chose. »

« Vous êtes connus pour être l’un des groupes français à tourner le plus. C’est une grosse frustration de ne pouvoir tourner actuellement ? »

« On avait une tournée mondiale prévue en Septembre. Après ce n’est pas la fin du mode. On a reporté, reporté. Si on ne peut pas tourner en Avril là ça deviendra frustrant. »

« Vous deviez être en tournée aux Etats-Unis et au Canada. »

« On a joué dans 39 pays durant notre carrière. Là on devait faire le tour du monde. On avait monté cela il y a deux ans. Si on remonte cette tournée elle aura lieue en 2023 mais on ne sait rien de ce qui va se passer dans le futur. On devait jouer en Australie, à Taiwan, au Japon, en Russie, en Polynésie Française. »

« Si vous ne pouvez pas tourner est-ce vous allez sortir des albums plus souvent ? »

« On ne s’est pas encore posée la question. A l’heure actuelle il est impossible de se projeter. »

« L’album est encore une fois politique. La politique c’est l’ADN du groupe ? »

« Oui. Vu que l’on fait une musique assez dure, on ne se voit pas d’ écrire des paroles légères. Mais cela arrive. On a  fait « Elle ne voulait pas » pour cet album en pensant à Didier Wampas pour le chanter. C’est un titre assez léger. Mais c’est vrai que nous revendiquons des choses. C’est inné. »

« Il y a des côtés légers, ironiques dans la façon de traiter ces sujets. Ce n’est pas que frontal. »

« Cela est venu assez naturellement. Je traite les mêmes problèmes depuis plusieurs albums donc il faut changer, ne pas se parodier. « Nouvelle génération » est optimiste, par exemple. »

« Ce titre est un hymne. »

« C’est notre façon d’écrire qui veut ça. Des refrains faciles à scander. »

« Sur l’album précédent la politique était plus basée sur l’international. Avec cet album elle se situe davantage au niveau national. »

« C’est aussi lié au contexte. A la période de l’album précédent il y avait la crise des migrants. Il n’y a pas eu de faits majeurs à l’international ces dernières années. »

« Le disque a été écrit avant le Covid. Pourtant il résonne en adéquation totale avec la période que nous vivons actuellement. »

« La fin de l’album a été fait durant le Covid. On a changé de titre au dernier moment afin qu’il représente mieux le contexte actuel. « Au feu et à sang » correspond à ce que nous vivons. On peut en arriver là si le gouvernement continue de faire la politique de l’autruche. Si des milliers de personnes vont main dans la main dans les rues pour changer les choses, celles-ci peuvent peut-être changer. »

« Vous êtes depuis un moment chez At(h)ome. Vous vous sentez bien sur ce label ? »

« Nous produisons nos albums nous mêmes. Nous voulons bosser avec des indés comme nous. Nous avons des valeurs communes avec At(h)ome. »

-Pierre-Arnaud Jonard

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