17 avril 2008. Interview réalisée dans le bus de tournée sur le parking de la Vapeur de Dijon. Dan, batteur et meilleur francophone du groupe, nous accueille avec un large sourire et une peluche dans les bras qu’il ne quittera pas : encore exténué de la fête de la veille. Tord, le bassiste norvégien le rejoint ensuite.
Comment se fait-il que tu parles aussi bien le français ?
C’était ma langue étrangère à l’école et j’ai ensuite continué à l’étudier à l’université. D’ailleurs, mon année à l’étranger aurait du se faire à Dijon, mais c’est à ce moment là que nous avons tous arrêté nos parcours pour se concentrer sur The Wombats.
Nous savons que vous avez enchaîné les interview cet après midi et que vous les enchaînez particulièrement en ce moment donc nous allons faire comme si nous n’étions pas journalistes. Est-ce que vous pourriez vous même vous présenter ? Qui sont The Wombats ?
The Wombats sont trois amis qui jouent de la musique ensemble depuis plus de 4 ans. Nous avons débuté à Liverpool, et nous n’avions rien prévu ! Aucun de nous trois n’avais jamais vraiment su dire ce qu’il voulait faire de sa vie et finalement tout c’est imposé de la manière la plus chouette. Nous avons signé avec 14th Floor il y a un an et depuis ça les choses se sont comme emballées. Parfois j’ai l’impression que c’est un peu la jungle là dehors et que nous sommes trois petits gars bien chanceux de ne pas être seuls. Nous restons très soudés et c’est particulièrement utile en ce moment.
Pour le côté musique, je crois qu’elle parle d’elle même, pas franchement besoin d’y mettre une étiquette… Vous aimez ou vous n’aimez pas, à vous de choisir !
Vous venez de mentionné que vous avez signé avec 14th Floor, qui ne fait pas partie des grandes majors, est-ce un choix ?
Oui, absolument, même si 14th Floor n’est tout de même pas une petite boîte de prod. indépendante : c’est vrai que ce n’est pas Sony, Emi ou Virgin. En fait, nous ne voulions pas nous retrouver dans un truc impersonnel, une maison de disques qui considère s’occuper de ses artistes simplement en leur filant de l’argent. 14th Floor signe peu de groupes et du coup passe pas mal de temps avec ses artistes. Nous avions réalisé des singles avec un petit label (Kids) quelques mois avant. Le type qui s’occupait de Kids avait monté ce label pour le plaisir mais bossait en fait pour 14th Floor. Un jour il a passé notre démo et nous décrochions le contrat quelques mois plus tard.
C’est un grand plaisir de bosser avec eux et surtout avec Dave (le type de Kids) qui est un des rares spécimens encore vivant de fan inconditionnel de musique dans le monde du show-business. Il est un peu comme un “geek” transposé au monde de la musique, en dehors de ça il semble ne pas avoir de vie. Pour des artistes c’est sensass’ de travailler avec un mec pareil.
Et puis, il a de sacrés atouts… Hmm, ses fesses, ses cuisses !!! Non, sans déconner : il vient de courir le marathon de Londres ! Donc en fait pour conclure et avant de tomber dans la partie “scoop” : Dave est un type génial et c’est surtout pour continuer à travailler avec lui que nous avons signé avec 14th Floor.
Cela semble être un super choix, vous avez l’air bien !
Oui, oui, c’est vrai. Ils nous laissent beaucoup de liberté, ils n’ont pas trop interféré dans la réalisation de l’album. Je dis “interféré” parce que chaque maison de disques mais sa patte dans les réalisations des artistes. On se doit forcément de discuter un peu les choses sinon ça voudrait plus ou moins dire que les gens ne s’impliquent pas et ça ne serait pas bon signe. Nous sommes tout de même restés très libres dans nos choix d’arrangements et d’enregistrements. Nous avons simplement été guidés. De toute façon, ils avaient adoré la démo, d’ailleurs ils préfèrent encore aujourd’hui quelques-unes des versions de la démo.
Vraiment ? Et vous ?
Non, pas vraiment. En fait, pour nous l’album reflète les trois semaines que nous avons passé à l’enregistrer. L’ambiance qui régnait, l’année qui venait de passé et qui avait “rodé” et changé les titres… L’album n’a rien avoir avec les versions démo qui sont beaucoup plus spontanées, quasi live et enregistrée avec les moyens du bord (soit un ordi et une petite carte son). Pour nous, ce n’est pas comparable. C’est vrai qu’on est loin des enregistrements “home-made” faits dans la maison de mon père, là où on répétait et préparait les concerts que Simon, notre manager, nous décrochait. Lui aussi faisait parti de la bande, il a commencé avec nous, de rien… Maintenant il tient une agence de management : SP management. A l’époque il ne savait pas vraiment ce qu’il faisait et nous ne savions pas vraiment quoi attendre de lui…Quel bordel parfois ! Un jour il est arrivé hyper-excité parce qu’il nous avait décroché LE concert, un show à Londres où il devait y avoir la crème de la crème du show-business. Tord s’était arrangé pour revenir de Norvège où il était parti bossé pour l’été. Nous étions tous arrivés gonflés à bloc et puis là rien : pas de batterie, pas de guitare, rien. Nous avons dû tout louer… Et tout ça pour à peine 60 personnes ! Nous avons perdu un paquet d’argent et surtout nous ne nous sommes pas fait remarqué… Bon avec le recul c’est plutôt marrant.
A quel moment vous-êtes vous dit que votre projet musical était devenu sérieux ?
Cela a mis pas mal de temps quand même, mais c’est plutôt positif, ça nous a permis de grandir un peu. Et quelque soit notre popularité aujourd’hui cela ressemble encore à une grosse blague. Je veux dire, il n’y pas beaucoup de gens qui se lèvent en se disant : ” J’ai du boulot ce soir, il faut que j’assure le concert !” En tout cas, nous, ça nous paraît encore incroyable ! J’ai l’impression qu’hier encore on était fauché et qu’il fallait se décarcasser pour trouver de l’argent et des concerts. Je me souviens de notre premier concert digne de ce nom. Nous avions tout organisé. Ca se passait dans un café-concert assez connu sur Liverpool, nous avions invité nos amis, quelques premiers fans (à cette époque je passais mes journées sur Myspace à ajouter des amis sur notre page et mon frère dealait des copies de nos démos dans toute la ville), tout a commencé comme ça…
Vous rappelez vous de la première fois où vous vous êtes entendus à la radio ? (Tord, le bassiste qui nous avait rejoint quelques minutes après Dan fait entendre le son de sa voix…)
Oui, moi je me souviens que j’étais en Norvège. D’ailleurs il me semble que c’est là bas que nous avons été diffusé en premier.
Et la première fois que vous avez vu vos affiches placardées partout ?
En fait, ça nous surprend encore, aujourd’hui en arrivant sur Dijon on en a aperçu pas mal et à chaque fois ça donnait un truc du genre : “Eh, regardez les gars une de nos affiches ! ” Il n’y a pas longtemps nous étions en Italie et je me rappelle d’être resté bouche bée devant une immense affiche de nous dans une des rues principales de Florence : la classe ! Encore une fois il n’est pas loin le temps où on partait les trois dans la nuit pour éviter les flics de Liverpool, pour coller clandestinement quelques affiches photocopiées et bricolées par une copines photographe.
Vous rendez vous compte de votre notoriété ?
Non, je ne crois pas et d’ailleurs nous n’avons pas changé. Nous savons qu’en Angleterre surtout, nous sommes vraiment hyper-connus et qu’en général les gens nous voient à la télé, dans les journaux sur des affiches… Mais en réalité nous passons carrément à côté de cette célébrité : on passe tout notre temps sur la route à faire des concerts, des itw, des show tv et radios, et en fait nous ne sommes en aucun cas des stars, nous sommes musiciens. C’est plutôt dans les yeux des gens que nous avons changé.
Avez-vous une mascotte ?
Intense et long moment d’humour anglais autour de leur Mascotte “Cherub”, cadeau offert à leur signature avec une caisse de vin rouge et qui les accompagne un peu partout. Pour vous faire une idée du délire de notre trio : Cherub a sa propre page MySpace…The Wombats sont très simples et déconnent avec vous comme s’ils étaient en face de vieux copains… Sur scène comme en vrai et c’est un plaisir !
Parlons donc un peu musique ! Comment se passe la composition des titres ?
L’initiative vient toujours de “Murph” (Matthew) qui arrive de temps en temps en répète avec la base d’une chanson : un couplet et un refrain. En général il arrive un peu déprimé avec une guitare acoustique et tout sonne très triste. Nous travaillons le titre pendant quelques heures ou quelques semaines jusqu’à ce qu’elle sonne “Wombats”. Mais nous sommes tous auteurs, d’ailleurs nous nous échangeons souvent nos instrus dans la période de composition : je prends la guitare, Tord prend la batterie et puis nous chantons tous les trois et donc pas mal de mélodies se créent. C’est un fameux cocktail.
Avez-vous une préférence ? Live ? Studio ?
Je crois que cela dépend de l’humeur. Par exemple, en ce moment j’aimerais beaucoup entrer en studio. C’est vrai qu’on enchaîne tant de shows, c’est presque comme si les journées se répétaient…Nous ne sommes pas en train de dire que nous nous ennuyons de la tournée, nous avons des gens différents à chaque fois et c’est tout de même un job en or d’être musicien et d’ailleurs c’est un fondamental du style Wombats. C’est sur scène que nous avons commencé et c’est la spontanéité qui fait notre succès. Le truc que nous avons adorer en studio c’est la possibilité de se décupler : sur scène nous sommes trois et nous devons envoyer le truc à trois avec nos petits moyens. En studio on à le droit à tout, des pianos en plus, des violons, des claps, des synthés, etc. Et puis, c’est un des seuls moments où il nous est possible d’écouter ce que l’on fabrique, c’est hyper plaisant.
Quel a été le premier album que vous ayez acheté ?
Tord : Je crois qu’en ce qui me concerne c’était Aerosmith Get A Grip. Et c’est encore un disque que j’écoute, je les adore !
Dan : Moi, il me semble que c’est un disque de Bryan Adams Reckless. En fait c’est mon père qui était fan, on écoutait tout le temps, je connais tout de cet album, les paroles, les mélodies, tout. A chaque fois que je le réécoute je me reconnecte avec mes souvenirs de gosses, c’est cool.
Tord : Ma première cassette par contre c’était Europe, The Final Countdown, une tuerie !
A ce propos faites vous des reprises ?
Oui, nous pourrions tenir une bonne demi-heure avec des reprises. Nous avons fait Everything I do (B. Adams) légèrement retouchée, les radios canadiennes l’ont d’ailleurs diffusé. Nous avons aussi repris Patience (Take That) que vous retrouvez sur YouTube, There she goes (The La’s), Bleeding Love (Leona Lewis) publiée sur MySpace, une chanson en norvégien et pas mal d’autres trucs…
Il y aurait-il une question à laquelle vous adoreriez répondre et qu’on ne vous pose jamais ?
Je ne crois pas que cela réponde vraiment à votre question, mais je me rappelle d’une itw que nous avions fait en Suède. La journaliste nous avais demandé quelle serait la question la plus embarrassante qu’elle pourrait nous poser. J’avais fait le malin en répondant un truc du genre : “Quel est votre fantasme sexuel le plus inavouable?”. Et nous avions été obligé d’y répondre. Pour rebondir nous lui avions retourné la question et c’est finalement sa réponse qui nous avait mis totalement mal à l’aise ! Un grand moment de solitude !
Eh bien nous finirons donc sur ce grand moment de solitude. Merci beaucoup à vous et bon show.
Enjoy the show ! Bonsoir Dijon…