Quel plaisir de réentendre Jonathan Wilson dans son style folk, celui de l’album Gentle spirit en 2011 qui fut porté aux nues par la presse spécialisée.
Deux ans après Rare birds, le songwriter originaire de Forest City (Caroline) effectue un véritable retour aux sources avec son nouvel opus Dixie blur, lequel nous plonge en plein cœur des racines sudistes de Jonathan, tant musicales que personnelles.
Un adage psalmodié tel un mantra par de grands musiciens américains dit : « Si tu veux composer de la bonne musique, c’est à Nashville qu’il faut aller. » C’est justement ce qu’a fait Jonathan Wilson sur les conseils de Steve Earle, chanteur country des années 80. A l’issue de la tournée de Roger Waters qu’il a accompagné en tant que chanteur et guitariste, Jonathan Wilson a pris la direction de l’Empirium Studio à Nashville flanqué de ses musiciens parmi lesquels figurent Mark O’Connor (violon), Kenny Vaughan (guitare), Jim Hoke (hautbois et harmonica) ou encore Dennis Crouch (basse). Une fois n’est pas coutume, infidélité a été faite à Los Angeles où, jusqu’alors, Jonathan Wilson enregistrait ses albums.
Les 14 morceaux de Dixie blur nous plongent donc dans les arcanes de la country folk, l’Amérique profonde s’ouvrant à nos oreilles. So alive, hymne country par excellence, nous remue de belle façon le popotin. Jonathan Wilson est bien vivant et heureux de retrouver ses racines sudistes, il n’est plus permis d’en douter. A propos de So alive précisément, le songwriter dit : « dans ce morceau, je chante qu’il y a des anges et j’y crois encore. » In heaven making love, sur lequel joue le violon, est fabriqué sur le même moule.
En outre, les ballades d’anthologie sont légion sur ce LP comme Just for love, le très springsteenien 69 corvette ou encore New home. On note la présence d’instruments tels que le hautbois, le piano et même le guitar steel. Jonathan, lui-même multi instrumentiste, s’est entouré d’une belle armada de mélomanes qui apportent un véritable plus aux 14 compositions de cet album. Un tel niveau de perfection n’avait pas été atteint par Wilson depuis Gentle spirit, Dixie blur se révélant même bien supérieur à son grand-frère de 2011. Du premier au dernier morceau de ce nouvel effort, on fait ami ami avec l’Amérique sudiste qui a bercé l’enfance de Jonathan en Caroline, une Amérique gospel et country. El camino real en est un éloquent exemple, à l’image de So alive.
Pour en revenir aux ballades, il convient également de citer Oh girl et Fun for the masses au piano, Golden apples où l’on croise l’harmonica ou encore Pirate qui est l’une des grandes ballades country/folk de cet album. Rien n’y manque, des chœurs au violon et bien sûr la guitare sèche.
On compare souvent Jonathan Wilson à Father John Misty, les deux univers se rencontrant sur Enemies, voire Riding the blinds ou même Pirate.
Pas besoin de trop se fouler pour extraire trois morceaux qui définissent la qualité de Dixie blur : Just for love, 69 corvette et New home. Ces compos sont magnifiques, somptueuses, bref tant d’adjectifs élogieux pourraient encore être utilisés. N’en jetons plus, la cour est pleine !
Au risque de se répéter, Dixie blur est de loin le meilleur opus de Jonathan Wilson. La plupart des morceaux, il faut le signaler, ont été enregistrés en une seule prise comme So alive par exemple.
Rare birds avait copieusement déçu, Dixie blur nous ravit par ce retour aux sources que l’on espérait tant de Jonathan Wilson. Que dit le proverbe déjà ? Ah oui, tout vient à point pour qui sait attendre.
Eh bien voilà, à force de patience tout arrive !
Note de 10 sur 10.
Jean-Christophe Tannieres