Très belle affiche en ce mercredi soir à la Cigale avec The KVB et Rendez-vous. Avant que ces deux groupes n’investissent la scène de la célèbre salle parisienne, le cultissime Bernardino Femminielli assure un set musical plus proche dans l’esprit de la performance que du live. Dans une atmosphère cabaret Lynchienne Sado/Masochiste, il déclame des textes dans un style que l’on pourrait qualifier d’à mi chemin entre Nicolas Ker et Serge Gainsbourg. Grande classe et belle découverte.
Le prolifique duo britannique The KVB enchaine avec un superbe show. Si le début du set est plutôt orienté new-wave, la suite s’aventure davantage vers des territoires shoe-gaze et psychédéliques. On pense souvent à Spacemen 3 avec cette ambiance hypnotique qui caractérisent nombre de leurs morceaux. Le light show est une splendeur passant de paysages irlandais à mégalopoles urbaines. Le duo semble être surpris de l’accueil plus que chaleureux que lui réserve le public (pourtant plus que mérité) le remerciant à de nombreuses reprises de son écoute attentive. Est-ce pour nous remercier ? En tout cas, The Kvb offre un nouveau titre encore jamais joué live. Une performance remarquable pour un groupe qui ne cesse de se renouveler.
La tournée Expanding Corruption de Rendez-vous démarrée il y a près d’un an et demi s’achève ce soir à la Cigale. On sent avant même que le concert ne débute une tension et une électricité dans l’air qui sont généralement signes que quelque chose de grand va se passer.
Rendez-vous a toujours été un excellent groupe live et ce, avant même, la sortie de leur premier album « Superior State ». Mais cette année et demi sur la route a fait d’eux une machine redoutable.
Dès leur auto-remix de « Exuviae » et « Euroshima », la Cigale tremble sur ses fondations et la salle pogote à tout va. « Superior State », « Double Zero » enfoncent le clou avec un groupe qui semble soudé comme jamais. Il se dégage une impression de puissance qui impressionne et tel un bulldozer Rendez-vous enfonce tout sur son passage. Le light show est très beau, tout en sobriété. Avec ses lumières tamisées, il renvoie à une imagerie cold-wave, post/punk qui sied parfaitement à la musique du combo. Les Parisiens nous offrent une magnifique reprise de « Anyway » du groupe culte nancéen 80’s Oto, preuve de leur grande culture musicale.
La version de « White Dress », titre tiré de leur tout premier EP est splendide et « Sentimental Animal » de « Superior State » semble être devenu avec le temps l’un des morceaux préférés du public.
Rendez-vous balance ensuite une version on ne peut plus punk et chaotique du « Los Angeles » de Frank Black avant de tirer sa révérence sur « Exuviae ».
Le rappel poursuit dans la splendeur avec « The Others » et « Workout », magnifique titre de leur second EP, « Distance » avant que le groupe n’entame une très longue et atmosphérique version du chef d’œuvre « Last Stop » qui conclut désormais tous les sets du groupe.
Un concert superbe de bout en bout, poignant, puissant et émouvant. Du grand art pour un groupe qui mérite amplement son succès.
Pierre-Arnaud Jonard