Second temps de l’entretien réalisé mi-novembre avec Nicolas Foucaud. Lien vers la première partie.
Bonne lecture.
Sensation Rock – Cela fait quelques semaines que le disque est sorti. Quels sont les retours ?
Nicolas FOUCAUD – Excellents; une moins bonne mais c’est pas grave… Les gens sont assez surpris de la cohérence de l’album malgré la diversité des styles et des chants. La voix est un fil conducteur sur un disque, ce qui aurait pu perdre les gens dans ce projet-là. Mais le travail de prod’ de Patrick Wetterer compte pour beaucoup dans le produit fini. Et pourtant, c’était un vrai casse-tête : on n’a pas fait de sessions tous ensemble dans un seul endroit et sur une même période. La phase d’enregistrement a duré un an, on a fait de toutes petites sessions de quelques heures chez lui, chez moi, chaque chanteur a enregistré dans son coin, dans son studio avec différents micros, … et après il lui a fallu réorganiser et assembler tout le lego afin d’assurer la cohérence. J’en profite pour lui tirer mon chapeau et vanter son travail réalisé au Dub & Sound Studio. Deuxième commentaire plaisant : beaucoup disent que Sapiens sonne « à l’américaine ». Avec T-Bow, nous voulions que l’album sonne de façon très organique, comme si tous les musiciens étaient vraiment autour de nous ; j’ai même l’impression que l’on est proche par endroit d’un son live, avec une grosse dynamique. Peut être que l’on a trouvé un juste milieu entre une prod’ studio old school et une production live moderne, comme pour Skin and bones des Foo Fighters, un live ultra arrangé avec tous ses musiciens additionnels.
Sensation Rock – Avais-tu envie de faire davantage de titres ou de reproduire l’expérience plus tard ?
Nicolas FOUCAUD – Oui clairement. En fait, il y a de la chute de studio. On a pris ce que l’on estimait être le meilleur, mais je fonctionne beaucoup comme un vase communiquant : j’ai des périodes où je remplis mon taux d’inspiration, les idées abondent, … Finalement, l’album a été écrit en 4 mois, c’est-à-dire sur un temps plutôt court. Mais une fois tout cela réalisé, j’ai des périodes creuses, j’ai beau gratter il n’y a rien qui sort, … Là, on s’est remis à composer avec les Disidentes, peut être qu’après ce futur album j’aurais besoin de combler.
Sensation Rock – Lors d’une précédente entrevue, tu nous avais confié que porter Sapiens sur scène était une mission quasi-impossible, notamment à cause des agendas différents de chacun. Mais peut-on s’attendre à d’autres clins d’œil vidéo ?
Nicolas FOUCAUD – Comme emmener le live sur la route est impossible, on l’amène chez les gens avec internet. On a fait une vidéo live avec Poun, avec Dany, Cédric, Julien Pras que nous n’avons pas encore diffusé et enregistré à la Laiterie lors de son passage avec Mars Red Sky (c’est désormais chose faite; vidéo en ouverture de la première partie d’interview, NDLR). Une avec Mat Peq lorsqu’il est venu pour une expo, car il est aussi illustrateur. Et effectivement, on en a tourné une dernière avec Reuno ce weekend, lors de la venue de Lofofora au Noumatrouff. (…) Il y a un petit show case Fnac prévu pour le 31 janvier 2020 à Strasbourg, avec des musiciens alsaciens ; au chant, ce sera surtout Dany et moi. (…) Récemment, on a été contacté par un tourneur, on réfléchit… Mais il faut que ça tienne la route : le set, le plaisir de chacun mais aussi financièrement parlant. Par contre, la demande est réelle. A bien y repenser, le fait que ce projet ne puisse exister qu’à travers son caractère studio, enregistré sur disque pour une platine n’est pas un mal non plus.
Sensation Rock – Concluons en évoquant ta formation initiale, Los Disidentes Del Sucio Motel. Il y a donc du matériel nouveau, des titres en phase de composition, d’enregistrement ?
Nicolas FOUCAUD – On est en phase de préprod’ ce weekend (interview réalisée mi-novembre 2019, NDLR) et l’on va s’enfermer pendant deux jours pour maquetter les morceaux en instru. Il reste pas mal de travail sur les chants notamment parce que Dany a eu un enfant récemment et n’a donc pas pu bosser dessus… Il y aura 9 titres sur cette future livraison. On est partisan des concept albums, donc le prochain sera autour de la place de l’Homme dans l’univers, les parallèles entre le fonctionnement de l’humain et celui de l’univers, soit métaphoriquement soit scientifiquement parlant. Rien ne sortira avant l’an prochain en tout cas.
Sensation Rock – On retrouve à travers ce dernier point évoqué l’une de tes/vos inspirations, à savoir Pink Floyd.
Nicolas FOUCAUD – Tout à fait. Sur Human Collapse, il y avait déjà cette empreinte. Pink Floyd est arrivé tard dans les influences du groupe, mais une fois que l’on a assumé de les mettre en avant, cela est devenu évident.
Sensation Rock – Y compris sur scène.
Nicolas FOUCAUD – Oui, notamment avec la reprise de Welcome to the machine. Quand on a commencé LDDSM et que l’on était catalogué stoner pur, on se refusait de jouer certains riffs ou grilles d’accords parce que ça n’était pas stoner. Progressivement, ça a changé. Je crois que la bascule s’est opérée avec l’album Arcane et le titre Journey, on a lâché la bride en posant une plage atmosphérique au milieu. Puis sur Human collapse, on a cessé de se poser des questions : est-ce que ça rentre dans la case ? On a fait ce que l’on souhaitait et l’évolution du groupe aujourd’hui tend vers quelque chose de “progressive stoner“.
Sensation Rock – Je pensais aussi à la présence d’un mur et d’un film projeté pendant vos concerts.
Nicolas FOUCAUD – C’est vrai. Pour rire entre nous, nous disons que Human collapse c’était le The Wall du pauvre (rires)… Ce décor assumé était un clin d’œil que le public a clairement saisi.
Sensation Rock – Avez-vous déjà sélectionné le lieu d’enregistrement ?
Nicolas FOUCAUD – Aucune idée. On a plusieurs pistes : on va préproder chez Katia (Jacob, NDLR), notre nouvelle bassiste. Des bons studios en Alsace, ce n’est pas cela qu’il manque. Le White Bat Recorders, le Dub & Sound Studio, pourquoi pas. A voir.
Sensation Rock – Je te laisse le dernier mot.
Nicolas FOUCAUD – Pour conclure sur Sapiens, et en toute franchise, entre l’idée de départ et le produit fini, je ne pensais pas en faire autant. Que les gars acceptent de faire un morceau avec deux guitares acoustiques et un chant et que l’on mette ça sur une page Facebook, c’était déjà énorme… J’en rêvais de faire cela et qu’il se diffuse en disque dans les magasins, et là c’est chose faite: présent sur les étagères de la Fnac, coincé au moment de sa sortie entre Iggy Pop et Sting… Voir son album dans les mains des gens, des potes, dans les bacs … c’est profondément émouvant. Mon pote David, membre de Bad Juice, m’avait dit « la musique c’est un cercle : t’écris un morceau, tu l’enregistres, tu le fais écouter à quelqu’un et il le partage. Et tu recommences ainsi de suite. » Aujourd’hui, l’album a été pressé à 1 000 exemplaires en CD, 300 vinyles. Beaucoup sont déjà en diffusion… Dès le début, comme il n’était pas prévu de partir en tournée pour le défendre, on avait pensé à le mettre en avant aussi sur les tables de merch’ des groupes des chanteurs qui accepteraient l’idée. Aujourd’hui, beaucoup participent à sa diffusion, à l’explication du projet au public venu le soir pour eux… Franchement, Grand merci les gars !
-Propos recueillis puis retranscrits par Benoît GILBERT
Crédits photos: Benoît GILBERT, sauf photo promotionnelle: Elise Muths-Fassler (www.le-cocon-de-zouh.fr)