Alors que Salad’ Tomat’ Onion sont au menu de la Grande Scène du festival Décibulles, nous sommes conviés à nous entretenir avec les Pogo Car Crash Control. La formation a le vent en poupe mais c’est on ne peut plus mérité : après avoir publié un premier effort survolté (Déprime hostile), le quatuor de Lésigny écume l’Hexagone et chaque passage apporte son lot de louanges. Les quatre nous reçoivent sous un arbre pour une discussion champêtre, durant laquelle il est question de cinéma, d’identité visuelle et sonore, de la scène rock française, …
Question – Bienvenus au festival Décibulles, vous allez jouer tout à l’heure sur la scène du Kiosque. Quelles sont vos sensations à quelques heures du concert ?
Pogo Car Crash Control/Olivier – On vient de s’installer, on se détend, on chille un peu, c’est l’été. Il y a un sentiment de vacances lors des concerts estivaux.
Question – Il y a peut être un peu moins de pression de jouer ici après avoir fait récemment des gros événements comme le Hellfest ou le Download?
PCCC/Olivier – C’est vrai que le Hellfest et le Download c’était une sacrée pression, on ne va pas se mentir, c’était assez stressant et c’est vrai également que depuis que l’on a « réussi » ces concerts, ça s’est bien passé ; on est un peu plus détendu je pense.
Question – Vous avez passé un palier : c’est une étape importante d’être dans des festivals de cette envergure ? Après la sortie de l’album, y a-t-il des concerts qui comptent ?
PCCC/Olivier – Clairement le Hellfest ça compte beaucoup (leur prestation fut excellente – NDLR; voir le live report ci-joint). D’ailleurs, il y a eu de très bons retours de la vidéo du live que l’on a postée sur Facebook. Et puis, on a été super bien accueilli ; donc c’était vraiment une date importante.
PCCC/Lola – On nous a vraiment donné notre chance avec le Download et le Hellfest. Le fait d’être programmé sur des scènes petites avec moins de monde, on s’est dit « on va voir » et ça s’est bien passé.
Question – Et justement, de passer du Download à un festival généraliste comme Décibulles, ça vous intéresse ? Quand vous allez au Download ou au Hellfest, vous savez que vous allez avoir des gens devant vous qui veulent du « shrak ». Ici, peut-être pas spécialement…
PCCC/Olivier – On est pas trop stressé parce qu’on joue ici sur une petite scène un peu au ras du sol, entre deux groupes et qu’on va être dans notre habitude: ambiance punk, pas de barrières, le public qui va monter sur scène,… Finalement on est pas plus inquiet que ça. En plus on joue à 22h30, c’est assez avancé dans la soirée. Les gens auront quelques bières dans le ventre et ça risque de très très bien se passer… Mais les festivals généralistes on a l’habitude d’en faire mine de rien.
PCCC/Louis – On trouve toujours un public de déglingos: il y en a toujours, quand on joue assez tard (sourires).
PCCC/Simon – Je crois qu’on a fait plus de festochs « ouverts » que de festivals extrêmes… C’est d’ailleurs pour ça qu’on a eu plus la pression de faire le Download ou le Hellfest, par rapport à une programmation très pointue.
PCCC/Lola – Il faut sortir du lot quand tu fais un festival spécialisé. Ici c’est assez facile finalement. Toute l’année on fait des dates dans des salles, on croise un peu tout le temps les même personnes. Et là ce soir il y a des groupes qu’on a envie de voir mais avec lesquels on ne joue jamais, parce que l’on ne fait pas la même chose.
Question – Justement y a-t-il des groupes à l’affiche d’aujourd’hui que vous comptez voir ?
PCCC/Olivier – Très clairement Catherine Ringer. (Lola acquiesce).
PCCC/Louis – Moi je suis curieux de revoir Roméo Elvis.
Question – Donc vous venez aussi un peu en tant que spectateur ?
PCCC/Olivier– Oui ! (unanimité) Bien sûr, il faut profiter, sinon tu passes à côté de quelque chose.
Question – Vous avez une identité visuelle, un look assez sage : pas de tatouages, de piercing, etc. Par contre dans vos clips … (Le groupe interrompt la question.)
PCCC/Louis – Alors on est tatoué depuis peu …
PCCC/Olivier – « faites péter les tatouages » ! (Le groupe s’exécute).
PCCC/Louis– C’est un gars qui nous a vu et qui voulait nous tatouer. Du coup il a tatoué notre ingé son, moi et Oliv’ s’est fait tatouer par des potes à Sens il n’y a pas longtemps.
Question – Par le gratteux de J.C. Satan ?
PCCC – Arthur ? Non c’est pas lui.
Question – Parce que lui est partant pour tatouer n’importe qui. Faites un plateau avec lui…
PCCC/Olivier – Ah ouais ? Je ne savais pas qu’il était tatoueur.
PCCC/Louis – Non, là c’est Chantilly Bears.
PCCC/Olivier – C’est la scène de Sens: Johnny Mafia, Chuck Twins, …
(Chantilly Bears, Reality)
Question – Pour revenir un peu sur la question concernant l’esthétique et même la prestation scénique : c’est des bons potes de jeux Johnny Mafia ? Les pochettes, les clips ça se ressemble, il y a de l’humour, du burlesque, du trash…
PCCC/Olivier – Ca a été une inspiration au début les Johnny Mafia et on se retrouve sur beaucoup de choses; c’est devenu des amis. A la base, on était assez fan et on a eu la chance de jouer souvent avec eux. Depuis, on est devenu pote.
Question – Question dans la question, vous confirmez que Sens est la capitale mondiale du Rock ?
PCCC – Ouais clairement ! (rires). Capitale du monde.
Question – Est-ce que pour vos clips c’est vous qui écrivez les scenarii ?
PCCC/Olivier – C’est mon frère Romain qui fait les clips du groupe, sauf le dernier qui a été fait par une boîte de prod’, il était alors pris par d’autres projets. Il a fait le clip de No One Is Innocent et du coup il était pas dispo’, mais c’est lui qui a la mainmise sur les scenarii. Donc c’est très « home-made ».
PCCC/Simon – Nous, on fait les courses pour le décor…
PCCC/Lola – … les maquillages…
PCCC/Simon– … et puis on lave après (rires).
Question – C’est lui qui propose les scenarii mais c’est vous qui validez ?
PCCC/Louis – Oui et chaque fois on se marre bien à faire les clips.
Question – Il y a pas mal d’influences du cinéma français, des choses comme Alexandre Aja, Haute Tension, Calvaire?
PCCC/Olivier – Oh putain! Il serait super content d’entendre ça.
Question – Par exemple, Comment lui en vouloir.
PCCC/Olivier – …Alors justement c’est le seul clip qu’il a pas fait (rires).
Question – Oui mais il y a une sorte de continuité ?
PCCC/Lola– Oui il y a une continuité dans les personnages, on les a bossé pour avoir un truc fort pas seulement les musiciens mais aussi …se marrer, on aime bien se déguiser. C’est vrai que ça va dans la continuité…
PCCC/Olivier– Mais c’est cool parce que le réalisateur du clip – Téva (Vétéa, NDLR) –
a vraiment respecté l’identité visuelle qu’avait installé Romain et c’est pour ça qu’il s’inscrit bien dans la continuité. Mais effectivement c’est son métier il est réalisateur.
(Pogo Car Crash Control, Comment lui en vouloir)
Question – Est-ce que dès le début du groupe, vous avez compris l’importance de la vidéo pour vous ? Notamment le poids des réseaux sociaux.
PCCC/Olivier – Exactement parce qu’à la base, avant de signer avec notre maison de disque, on était vraiment très « solo ». On avait pas mal de clips que l’on a viré de Youtube quand on a sorti notre premier EP car à l’époque on les faisait seul. Et effectivement, on a sorti deux vidéos qui ont changé la « carrière » du groupe. Ca a été Paroles / M’assomment et Conseil et on les a clippées. La vidéo sur internet, c’est le nerfs de la guerre.
(Pogo Car Crash Control, Conseil)
PCCC/Simon – Et même du point de vue de l’image, notre pote qui dessine les pochettes est là depuis longtemps. Et on s’était dit qu’on allait sortir une chanson par mois pour que ça fasse un album à la fin et qu’il dessinerait une pochette par morceau.
PCCC/Louis– Du coup avant le EP et l’album ça faisait déjà un bail que l’on bossait avec lui, notamment sur l’esthétique.
PCCC/Olivier– Il a fait plein de dessins que vous pouvez voir sur les publications Facebook des années 2012, 2013, 2014, 2015… il était là depuis le début Baptiste.
Question – Revenons à l’album. Ça fait presque un an que vous le défendez sur scène. Quels sont les retours du public ?
PCCC/Lola – J’ai l’impression que ce qui a vraiment changé en concert, c’est que l’on joue des morceaux qui ont plus d’un an mais quand l’album est sorti, les gens se sont mis à comprendre les paroles parce qu’ils les avaient lues et du coup ils ont commencé à les chanter. On a sorti l’album en mars, le mois suivant le public qui venait connaissait les paroles et c’est un petit truc en plus. Les gens qui ont les t-shirts, ça commence à se développer.
PCCC/Olivier – Clairement, c’est hyper agréable. Certes on chante en français mais pas pour que les gens chantent avec nous nécessairement. C’est quand même plus facile pour le public quand il retient deux, trois mots, de les gueuler avec nous et là, c’est dans ces moments-là que l’on ne regrette pas d’avoir choisi le français.
Question – Est-ce que ne ce n’est pas plus compliqué dans votre genre musical en France de faire chanter un public sur du garage, du punk. Dans une autre interview, vous disiez avoir envie de jouer de plus en plus fort, d’être plus violents dans votre musique. C’est aussi emmener le public plus loin, vous trollez un peu en vous comparant à BB Brunes…
PCCC/Olivier – Ah, on trolle carrément ! (rires) Mais non : on nous a infligé cette influence alors on assume, hein (rires). C’est au public de juger, on nous a dit qu’on sonnait comme les BB Brunes et Slayer, moi je pense que c’est cool quoi !
Question – Qui est cette personne ? Philippe Manoeuvre ?!
PCCC/Olivier – C’est une personne connue: c’est le rappeur des Anticipateurs, un groupe de rap canadien.
PCCC/Lola – Le curseur entre BB Brunes et Slayer varie chaque jour ! (rires)
Question – J’ai vu aussi dans une interview que l’on vous comparaît à Guerilla Poubelle. Je suis pas totalement d’accord, on verrait plus des influences de type Refused, des trucs hardcore avec une énergie, une puissance, une violence que l’on ne retrouve pas forcément dans Guerilla Poubelle.
PCCC/Olivier – C’est autre chose, c’est un autre style. On écoutait Guerilla quand on était jeune, au collège. C’est peut être pour le côté français, punk…
Question – Mais est-ce que vous vous définissez comme punk ?
PCCC/Lola – On nous a défini comme punk alors que nous ne le revendiquions pas.
PCCC/Olivier – Au début on était estampillé “garage”, maintenant il y a le mot hardcore qui commence à ressortir de plus en plus, et c’est une bonne chose je pense. Et sinon il va falloir assumer : on fait quand même du rock français (rires).
Question – C’est vrai que c’est très ouvert : il y a du punk, il y a du thrash, de la pop sur Insomnie.
PCCC/Olivier – Exactement il y a une ballade sur le disque.
Question – On cite régulièrement Slayer, Mudhoney mais concrètement, y a-t-il eu des albums qui étaient là pour vous influencer durant l’enregistrement ?
PCCC/Olivier– Pas évident à dire… c’est vachement diversifié ce que l’on écoute.
PCCC/Louis– A la base quand on a monté le groupe, on était très influencé par la vague garage, Ty Segall, FIDLAR, les groupes comme ça… après on s’est « hardcorisé ».
(FIDLAR, West Coast)
PCCC/Olivier – C’est vrai que l’on a découvert la scène hardcore assez tard, au moment où l’on a commencé à enregistrer le disque et ça nous a beaucoup influencé. Pour le disque, il y a toujours eu les Dead Kennedys, Nirvana, les Melvins, … ce genre de choses un peu old school. Par exemple, sur le disque je voulais des riffs de guitare avec du palm-mute, « krum krum krum ! », parce qu’il n’y a plus beaucoup de groupes qui jouent comme ça. Et c’est dommage, je trouve ça cool ! Comme les Melvins. Le disque c’est une espèce de croisement entre le grunge, le punk, le hardcore et le death rock aussi avec des moments un peu flottants, un peu expé’.
Question – Le grunge on le retrouve aussi dans les paroles : l’aspect désabusé, désenchanté, voire névrosé.
PCCC/Olivier – Complètement ! Je parlais de death rock: quand tu écoutes les paroles de Birthday Party, Nick Cave, Christian Death, toute cette vague un peu gothique, new wave, ça traitait des thématiques que l’on aime bien : l’isolement, l’aliénation, l’amour, la mort… ce genre de choses.
(Christian Death, Church of no return)
Question – Les lyrics sont-ils inspirés par votre jeu, vos sessions ? D’ailleurs qui écrit au sein du groupe ?
PCCC/Louis – C’est collectif, on écrit à trois. Le côté grunge s’est imposé dès le début du groupe, avec un côté « déprime hostile » (sourires). Ensuite, on écrit chacun de notre côté, d’une traite et après on essaie en répétition.
PCCC/Olivier – Et des fois ça matche : Simon peut écrire des paroles sur une musique que j’ai fait ou l’inverse. Mais c’est assez personnel au final.
Question – Vous avez commencé plus pop et vous vous êtes radicalisés. D’autres groupes commencent assez électrique et se poppisent. Imaginez-vous vous radicaliser davantage?
PCCC/Olivier – On pense affiner, on s’est beaucoup cherché. On a toujours fait des morceaux très rock, on a toujours aimé la pop, le grunge, le punk, pop-punk, skate-punk. Quand on a signé avec notre maison de disque, avec le EP on a concentré tout ce qu’on préférait sur 6 morceaux et c’est là que l’on a commencé à vraiment trouver le son « Pogo ». Donc je ne sais pas si on va se « radicaliser » mais on a trouvé notre « nid », on va le creuser de plus en plus; ça aboutira forcément à des morceaux plus efficaces, plus agressifs ou peut être des ballades plus sympa. Je sais pas…
Question – Donc vous avez trouvé votre voie ?
PCCC/Olivier – Ouais je pense qu’on est sur l’autoroute !
PCCC/Lola – C’est pas très modeste de dire ça : c’est notre première album, on a trouvé qui on est… (rires) On est super jeune ; ça va évoluer ! On ne va pas refaire le même album.
PCCC/Olivier – Approfondir, voilà le terme. On est moins perdu que par le passé. Avant on pouvait être dans une situation comme : ” Ouais ce morceau ne rentre pas dans le moule, …?” On fait des trucs un peu différents, mais je pense que l’on a un bon cadre aujourd’hui.
Question – Vous faites partie de la scène rock française. De quel(s) groupe(s), vous sentez-vous proches, hormis Johnny Mafia cité tout à l’heure ?
PCCC/Lola – Les Psychotic Monks : c’est clairement le truc qui explose le plus sur scène en ce moment. Dès qu’on joue avec eux, c’est génial !
PCCC/Louis – Equipe De Foot aussi. On les a croisés cette année ; ça a bien matché.
PCCC/Lola – Plus bluesy mais super, il y a Cocaine Piss mais ils sont Belges. Il faut les aimer les Belges aussi. (gros rire)
PCCC/Louis – Parce qu’ils ont perdu au foot. (le 10 juillet, la France battait 1-0 la Belgique en demi-finales du mondial de football, NDLR)
Questions – Avec quel groupe, de votre adolescence ou qui vous inspire maintenant, aimeriez-vous jouer ou faire la première partie ?
PCCC/Louis – System Of A Down !
PCCC/Olivier – Je ferais bien la première partie de Converge…
PCCC/Lola – Gojira, ce serait un beau challenge. En plus ils sont Français !
Question – Et avec les No One Is Innocent ce fut un beau moment ? (les PCCC ont assuré leur première partie au Noumatrouff en avril dernier; live report ci-joint ; NDLR)
PCCC/Olivier – Les No One, on a joué pas mal de fois avec eux et on a une relation assez cool; ils sont sympas. Romain a fait le clip d’Ali (King of the ring) et c’était super !
Question – Vous avez fait un final avec eux sur une reprise de Nirvana.
PCCC/Lola – Ouais, ils nous ont gentiment invité. Un grand moment.
Sensation Rock – Merci à vous et bonne prestation ce soir et bonne chance pour le reste de la tournée!
Pour plus d’infos sur le groupe ou les retrouver sur scène, il y a leur
– site officiel : http://pogocarcrashcontrol.com
– page facebook : https://www.facebook.com/pogocarcrashcontrol/
-Crédit photos et propos recueillis puis retranscrits: Benoît GILBERT.
Interview croisée avec les médias l’Alsace, les DNA, La Grosse Radio et Jaimelesfestivals.
Merci au groupe ainsi qu’à l’équipe du Festival Décibulles pour avoir permis cet entretien !