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HELLFEST 2018, Vendredi 22 juin 2018, Clisson (44) – Part3

Vendredi, Jour J – La fin

N.B. : Ayant assisté à une trentaine de concerts ce vendredi, nous avons décidé de découper en trois parties ce live report afin de ne pas effrayer nos lecteurs. Précédemment ont été évoqués les 23 premiers shows. Dans cette troisième partie sont décrits les concerts ayant eu lieu durant la soirée.

Bonne lecture.

 

Voici poindre la grosse interrogation du week-end, Hollywood Vampires. Alice Cooper, Joe Perry et Johnny Depp sont au cœur de toutes les discussions. C’est un combo intéressant qui nous présente une heure et demie de musiques, set jalonné de nombreuses reprises (dont Heroes par l’ex-flic de 21 Jump Street) et de quelques compositions, le tout mené par un Alice Cooper arborant un haut-de-forme et toujours bon pied bon œil malgré 70 printemps. (…) Au même moment Eric est parti shooter Solstafir au Temple.

Et sur sa lancée, il a enchaîné avec les Svinkels. Ah Gérard Baste… Il l’avait, il l’a fait: “cette année on fait le Hellfest” (…). Et comme de bien entendu le show fut barré. Ambiance punk nappée – pardon abondamment arrosée – de rap épais sur la Warzone, avec s’il vous plaît DJ Pone pour pousser les disques.

Un concert qui aurait pu cliver mais qui révèle l’ouverture des programmateurs et, par l’accueil réservé, celle des festivaliers ( idem le lendemain avec Dälek).

 

Suffocation, en live, est une machine de guerre. En effet la prestation du combo de Long Island impressionne forcément par l’extrême technicité de son brutal death. À Colmar en 2012, Bill Robinson de Decrepit Birth tenait le micro en lieu et place de Frank Mullen qui ne souhaitait plus tourner avec le groupe de façon intensive. Excédé par l’attitude d’une partie de l’audience qui scandait le nom de Mullen, il avait d’ailleurs poussé une gueulante, appelant au respect de sa personne…

Ce soir, sous l’Altar, c’est Ricky Myers, batteur de Disgorge, qui se charge des vocaux, Mullen ayant définitivement (?) quitté la formation. Hommage ou mimétisme, Myers marque régulièrement la mesure du tranchant de la main gauche : un gimmick gestuel qui fait immédiatement penser à son illustre prédécesseur. Le set est ultra carré, le son puissant et clair… Ce qui surprend, c’est la « lisibilité » des différentes lignes instrumentales qui cisèlent ce chaos sonore… le groupe enchaîne les titres alternant cavalcades pied au plancher et mosh parts « brise-nuque » devant un public conquis. Terrassant !

 

Je quitte avant la fin le set de Suffocation, direction le Temple afin de profiter de Satyricon. Mais il est impossible de résister à l’envie de voir Eyehategod le temps de quelques morceaux. Je gagne donc la Valley ; une chance que ces trois chapiteaux soient voisins. Comme prévu, du sludge des bayous, moite et poisseux, le pied en quelques sortes. Des souvenirs émus d’un concert dantesque du combo à l’Impetus Festival 2010 me reviennent alors à l’esprit…

 

Stone Sour prend d’assaut la seconde Main Stage et nous assistons à une prestation haute en couleur, avec un Corey Taylor en plus grande forme que jamais. Le set débute avec Whiplash pants, premier extrait de l’album Hydrograd sorti en 2017. Absolute Zero prend la suite et l’ambiance devient folle, tout le public chante et danse en rythme, les musiciens sautent partout. Le leader de la formation discute beaucoup entre les morceaux, y allant de sa petite anecdote.

Rose Red Violent Blue (This song is dumb and so am I) apporte un coup de fraîcheur au set, avant de terminer sur Made of scars, qui laisse ensuite la place à un rappel d’anthologie, avec notamment Song #3, Through glass puis Fabuless. Une heure de set pour un groupe de cette trempe est quelque peu dommage, cela dit Stone Sour a réussi le pari de mettre le public dans sa poche avant d’accueillir les piliers de Judas Priest.

 

À l’autre bout du site sur la Warzone, voilà venir ceux qui ont inspiré les groupes précédemment vus aujourd’hui sur la même scène. Bad Religion. Toute une institution qui pendant 60 minutes va piocher dans sa copieuse disco pour monter ce set de 23 titres seulement… Entamé par Do what you want, ce sont surtout des morceaux à l’instar de Fuck you, 21st century (digital boy), You ou encore Sorrow qui sont les plus plébiscités. Des similitudes dans le chant de Graffin et celui de Corey Taylor (entendu il y a quelques minutes) se font jour. Trêve de plaisanterie, les quinquas assurent toujours malgré l’empreinte du temps sur leur personne, concluant même sur Fuck Armageddon… This is Hell. Punk un point c’est tout.

 

Dilemme encore : Bad Religion, monstres sacrés du punk californien à la Warzone VS le fer de lance du black norvégien de Satyricon au Temple.  Envie de noirceur et puis Benoît est déjà parti pour la WZ… Beaucoup d’attente pour une prestation finalement très sage, au début du moins. Les invectives au public de Satyr – « Hello Hellfest !!! » – sont surmixées, ce qui donne une impression de playback sur les premiers morceaux. Mais quand même, le set avançant, le son se peaufinant tout au long du concert, les croix retournées du Temple pulsant « rouge sang » à partir de la moitié du show et une setlist axée sur les cinq derniers albums, à l’exception de l’hymne Mother North, quelque chose d’indus, d’urbain, de moderne se dégage de Satyricon aujourd’hui.

 

Napalm Death EST le grindcore… 3 décennies et demie au service d’une certaine idée de l’intransigeance en matière d’extrémisme musical, un line-up quasi inchangé depuis 1991 (une gageure), 15 albums, des EPs, des splits et des enregistrements live en veux-tu en voilà, mais surtout des prestations scéniques d’une rare intensité (vu une dizaine de fois ces quinze dernières années). Pendant une heure, le groupe originaire de Birmingham va pilonner méthodiquement le public venu en nombre sous l’Altar.

Les Enemies of the Music Business jouent fort, très fort (bouchons d’oreilles fortement recommandés) et même très vite… A la guitare, John Cooke de Corrupt Moral Altar remplace Mitch Harris, sans doute empêché, Danny Herrera impulse sans efforts apparents des rythmes cataclysmiques que gaine la basse vrombissante de Shane Embury et ces vocaux de Barney Greenway, tellement surpuissants, tellement maîtrisés… le frontman, tee-shirt frappé du symbole du pacifisme arpente frénétiquement la scène. ND, c’est aussi un discours, par la voix posée de Barney, entre chaque morceau sur une autre forme d’extrémisme qu’il exècre celui-là…

 

Dernière formation à évoluer sous la Valley,  Corrosion of Conformity balaie le frêle public qui ne s’est pas massé pour Juda Priest. Si si, il y en a qui n’ont pas souhaité voir le maquillage cache-misère de Rob Halford. Des anticonformistes en somme.

Plus sérieusement, là encore c’est culte : plus de 35 ans d’existence – certes marqué par un hiatus de 4 années – et une dizaine de galettes publiées. Comme dit, c’est un véritable coup de balai qui est donné sous le chapiteau tant les titres sélectionnés sont musclés même si une pointe de groove se devine en divers endroits dans ce thrash metal passe-partout, pardon crossover.

 

A Perfect Circle a la mission de clôturer cette soirée sur les Main Stages. Fort d’un dernier né étonnant, Eat the elephant sorti il y a peu, la clique à Maynard James Keenan – monté sur un large piédestal – se pare de fumées épaisses et d’un semblant de lumière pour débuter son tour de chant. Seul le logo du groupe luit à travers le copieux panache. Passé le temps offert aux photographes, qui galèrent à trouver un bout de peau dans cette pénombre orchestrée, Fiat Lux ! La blague. Bon, passons cette anecdote car les titres d’APC sont d’excellente facture; pour le coup on aurait pu leur dégager un petit quart sup’…

 

Dernier passage au Temple. Therion y « interprète » son metal symphonique alambiqué et pompier. Je pense à Starmania (!) et aux opéras rock en général, rien que ça. En fait, je ne comprends rien à la démarche de ce groupe, dont je n’ai pas les clés. Mais je respecte leur jusqu’au-boutisme, compte tenu de leur passé purement death metal.

 

C’est sur cette dernière impression que je rejoins mes comparses.

Demain est un autre jour.

 

À suivre les concerts du samedi.

-Marion ARNAL, Fred, Benoît GILBERT

-Crédits photos : Benoît GILBERT, Éric

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