J’ai galéré pour trouver une place aux abords de La Laiterie, épisode 124. (…) Il est vrai que ce vendredi 16 février la Grande Salle est pleine comme un œuf. On y sert Davodka pour tous. A cette mixture hip hop, optez pour le Club et le cocktail de The BellRays, soit un zeste de blues, une bonne grosse rondelle de rock et une larme de soul, et vous garderez le souvenir d’un moment exquis.
Donc mea culpa ultima HOboken Division. Comme dit la chanson, C’est pas moi, c’est les autres. Plus sérieusement, quand j’arrive enfin dans la salle comble il ne reste qu’une dizaine de minutes à savourer (snif). N’empêche la magie opère : un blues abrasif, rafraichissant et hypnotique s’échappe de la scène. La performance du trio nancéen est remarquable, ponctuée par des sourires et de nombreux regards complices entre Mathieu, le guitariste arborant une fière moustache, et Marie la chanteuse armée de son tambourin, qui telle une chandelle vacille au rythme de Thibault, le frappeur derrière ses fûts. Slides saturés sur l’électroacoustique, voix aux faux airs d’Alison Mosshart, élans psyché… l’entame de soirée – bien qu’amputée pour ma part – est d’excellente facture. Promis la prochaine fois, je poserai carrément un jour pour ne pas être en retard. Car oui, la grand-messe portée par HOboken Division vaut bien plus que ces modestes lignes.
Par contre j’ai assisté à tout le changement de plateau, si cela peut intéresser. (…) A l’heure convenue, les Californiens commencent forte avec Bad reaction puis Mine all mine, des titres puisés dans la tradition heavy rock. Un démarrage qui secoue tout de go le Club. La voix saisissante et pugnace de Lisa Kekaula, boostée par les chœurs léchés de ses comparses, se marie à la perfection à un son puissant et acéré ; les protections auditives ne sont pas de trop ! Passée cette mise en bouche résolument punchy, le groupe ralentit le rythme avec I don’t wanna cry. Un abyme de soul music très 70’s, bordé de saturation, s’ouvre désormais. La chanteuse et son gratteux chenu hurlent dans le même micro. Idem avec les très feutrées Every change I get et Brand new day. La voix suave de la diva callipyge transporte alors un auditoire captivé vers un ailleurs agréable, empli de soul et fiévreusement sensuel. Le leitmotiv imprimé sur la grosse caisse « Rock and soul » disait donc vrai !
A deux reprises la frontwoman cède le micro à Robert Vennum (Soul girl) puis à Bernard Yin, le 4-cordiste sur Junior high, peut être le morceau le moins convaincant de la soirée. La setlist est bien garnie, pas moins de 20 titres, cependant le groupe enchaîne sans le moindre répit. La formation de Riverside met un point d’honneur à ne pas laisser retomber le soufflet. Alors que les bouillonnantes Power to burn, Everybody get up ou Perfect agrègent au blues les codes d’un hard rock façon Aerosmith, Infection et Shake your snake se posent davantage comme des élans de groove annonciateurs de déhanchements irrésistibles. Lenteur, percus à gogo, wah wah débridée, le vénéneux cocktail se boit bien. C’est le batteur Marty Faragher qui y met un terme grâce à un court solo, avant de faire montre une fois encore de sa dextérité sur l’orientale et psyché Man enough, avec une gestuelle rappelant un Nick Mason à Pompéi, généreux en roulements grandiloquents.
Black lightning est le dernier brûlot qui vient percuter les tympans d’une salle survoltée. Les cris sont tels que le groupe revient dans la minute afin de nourrir une dernière fois Strasbourg. Ce sera Johnny B. Goode, car c’est bien connu, c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures confitures. Ce soir, les affamés de rock old school quittent le lieu, rassasiés par ce maelstrom de vieux sons rageurs et de gimmicks patinés.
Setlist de The Bellrays
Bad reaction
Mine all mine
I can’t hide
I don’t wanna cry
Every change I get
Soul girl
Power to burn
Living a lie
Everybody get up
Infection
Junior high
Shake your snake
Perfect
Brand new day
Man enough
Never let a woman
Now
Love and hard times
Black lightning
Rappels
Johnny B. Goode
-Benoît GILBERT
Crédit photo : Benoît GILBERT