Celui que l’on a appelé Billy depuis le début des années 90 avec ses célèbres citrouilles signe ici pour la première fois un album solo sous le nom de William Patrick Corgan. Car oui, pour ceux qui se seraient posés la question de savoir si ce Corgan là était le même que le célèbre leader des Smashing Pumpkins, il convient de leur répondre très vite : oui.
C’est bien lui et c’est même un des meilleurs Corgan depuis bien longtemps que nous avons ici. Le talent à l’état pur de ce cher Billy qu’il convient donc d’appeler William Patrick maintenant est bel et bien là. Mais attention, ne vous y trompez pas, ce n’est pas ici un nouveau patronyme à la « Love Symbol » derrière lequel se cacher mais plutôt un essai de se dévoiler tout simplement, au plus près de ce qu’il est. C’est d’ailleurs lui-même qui a pris la photo qui sert de pochette à l’album et qui nous présente par la même occasion son fils. En utilisant son nom de naissance, Corgan se dévoile enfin… au naturel.
Un retour aux sources donc…à la simplicité, à l’acoustique. Le chemin semble avoir été long (« it’s a long way to get back home » répète-t-il dès le deuxième morceau) mais même James Iha a retrouvé la route abandonnée en 2000 à son départ des Smashing Pumpkins pour venir plaquer quelques accords sur « processional ». Libérées de tout effet, les chansons s’enchainent sans artifice mais avec une beauté certaine. Cette voix si familière est mise en valeur dès les premiers accords posés au piano pour un hommage à David Bowie (« Zowie ») et restera au premier plan tout au long de l’album.
Répétant « take me as I am » dans « the Spaniards », Corgan nous invite bel et bien à le prendre comme il est et on le suit volontiers. ‘I’m on my way to you, 40 years to finally wake up and 9 more to sling the snakes out of view’ … débarrassé de ses vieux démons, à presque 50 ans donc (au moment de l’écriture), il dresse le bilan d’un autodidacte en milieu de vie et nous rappelle qu’il vient vers nous et on ne peut que lui ouvrir nos bras et nos oreilles avec une certaine joie. On est emportés par des mélodies livrées dans leur plus simple appareil, intelligemment habillées par un Rick Rubin toujours aussi précieux, déjà connu pour son travail pour les Red Hot Chili Peppers, Audioslave, Tom Petty, ACDC pour ne citer qu’eux (la liste est trop longue). Mais pour le sujet qui nous intéresse ici, on parlera plutôt du fait qu’il fut aux manettes pour la confection d’autres petits joyaux acoustiques pour Jake Bugg et surtout pour Johnny Cash dont la série d’albums « American Recordings » signa la renaissance de l’artiste country dans un style épuré là aussi. Sur « Ogilala » (sujet du jour), Rubin taille un écrin sur mesure fait de guitare, de piano et de cordes saupoudrées par-ci par-là de touches de synthétiseur.
Chaque pépite laisse place à une autre, on ne citera ici que « the long goodbye » qui suit « Aeronaut » mais tout l’album est de la même trempe. Il s’écoute et se réécoute et les mélodies restent bien accrochées. On se surprend à fredonner et à rêver d’une tournée acoustique qui reprendrait cet album et quelques moments inoubliables de la discographie des Smashing, surtout après l’avoir vu interprété récemment ‘Tonight tonight’ avec un quatuor à cordes. Pour le moment, vous l’aurez compris, c’est un album plus que réussi que nous avons ici, à vous procurer d’urgence et de préférence en vinyle (rose en édition limitée). Faites plaisir à vos yeux et à vos oreilles…bonne écoute.
- Mars’ial
Artiste : WILLIAM PATRICK CORGAN
Album : Ogilala
Label/Distribution : BMG Rights Management
Date de sortie : 13 octobre 2017
Genre : Musique traditionnelle
Catégorie : Album Rock