A quatre jours du Réveillon de Noël, La Laiterie a fait le pari fou de clôturer sa programmation 2017 avec l’entreprise des locaux de Colt Silvers : réunir sur la scène de la Grande Salle le groupe ainsi que des dizaines de membres de l’Orchestre Philarmonique de Strasbourg pour interpréter une sélection de leurs titres avec une touche de solennité. Un concert unique et un brin épique.
En entrant dans la salle, on constate que la scène est bondée. Les instruments des Colt sont sur l’avant de la scène, tandis que l’arrière est occupé par une multitude de chaises et de pupitres. Ce soir pas de première partie mais pendant un laps de temps, on projette sur un grand écran le making of du projet. Les brèves prises de paroles des principaux protagonistes se lient aux quelques instants volés de répétition entre la formation electro et les musiciens classiques. Au terme d’une dizaine de minutes, le film se termine; on évacue l’écran.
Quelques instants plus tard, Les quatre hommes arrivent affublés de vestes en jeans, façon hardrockers des 80’s, de bandana pour Agnan Banholzer, le guitariste installé côté jardin, … Derrière eux, quarante hommes et femmes issus de l’Orchestre Philarmonique de Strasbourg, sobrement vêtus de noir, s’installent dans le calme avant d’entamer As we walk, un titre phare du groupe. Après une intro réorchestrée et proche d’une ambiance de BOF, la formation electro lâche la bride. Le son proposé est bon, même très bien équilibré entre les instruments de l’OPS, ceux des Colt et les voix. Une belle performance qui se confirmera tout le long du spectacle d’une heure (Hide and seek, Vindyha, …). On se laisse même écouter un temps le concert sans protections auditives afin de percevoir toutes les subtilités.
La prestation est simplement somptueuse, un mélange de pop, de délicatesse quasi céleste et de fracas synthétiques (Werewolves, Constellations). Durant quelques minutes, Etienne Nicolini – chanteur des 1984 – rejoint sur le devant de la scène Tristan Lepagney afin d’interpréter Youth. Des lumières, jusque là essentiellement dominées par les bleus, se muent en feuillage, comme une invitation à la flânerie. Avec sa crinière platine, Nicolas Lietaert assure les chœurs et la basse, mais se fait également percussionniste sur Summer and fall. Quand vient le tour de Yours, le groupe rappelle la genèse étatsunienne de ce morceau velouté. L’instant est peut être le point d’orgue du concert. En tout cas, Julien Hohl le batteur ne cache pas son émotion. Appuyé sur ses fûts, il essuie ses yeux rougis avant de reprendre son rôle de cogneur. Le concert se conclut avec Foremost of the westerners, un titre richement orchestré dans sa prime version (issu de l’album Swords, 2016) et qui se révèle pleinement ce soir avec la présence des cordes, cuivres et autres percussions.
Alors que les applaudissements ne cessent de résonner dans la Grande Salle, le groupe reprend sa place et, avec un regard complice en direction de l’Orchestre, décide de rejouer en rappel As we walk. L’assistance est saisie par l’envie irrésistible de chanter et de taper en rythme. L’occasion est trop belle pour Tristan qui finit par se déhancher au sein de la fosse.
Mission accomplie: devant un public conquis, la parenthèse enchantée des Colt Silvers se referme ce soir à La Laiterie. Un concert épique, qualitatif et émouvant. Une apothéose unique pour boucler l’année 2017. Sans exagération.
-Benoît GILBERT
crédit photos: Benoît GILBERT
Merci à La Laiterie pour l’ensemble des performances proposées cette année ; mention particulière pour Anne-Sophie.