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BERTRAND CANTAT, Amor fati

Gloseurs patentés, faisant feu de tout bois, et crucificateurs médiatiques, régalez-vous : la chasse est ouverte, Il est réapparu. (…) Ici nous ne jugerons que de la musique ; l’homme est ce qu’il est. Amor fati comme le conseillaient les Romains. (…) Poète torturé de 53 ans, Bertrand Cantat a un destin singulier et l’accepter n’est pas chose facile. (…) 2017 se referme donc avec cet album au titre proverbial, album qui laisse deviner la route empruntée par l’artiste. Chaotique, piégeuse, tronquée par endroits, avec une pierre à rouler jusqu’au cruel sommet, n’empêche il faut avancer. 

 

Au sortir d’un Détroit…

Après le remarquable disque produit sous l’étiquette Détroit, Cantat nous délivre le digne successeur du dernier Noir Désir, Des visages des figures. Malgré le gap temporel de 16 années, la proximité entre ses deux productions est saisissante. Amor fati, Silicon valley ou Anthracitéor, pour ne citer que ces trois-là, semblent tout bonnement exhumés des sessions d’enregistrements de 2001. Loin d’être faiblards ou de vagues faces B que les Bordelais auraient mis au rancart, ces titres marquent une continuité dans une discographie amputée. Comme vidée de sa rage première, rage qui avait fait la renommée du groupe, la musique présente sur Des visages des figures avait de quoi dérouter. Ici, le schéma est identique: la priorité a été donnée au métissage des sonorités electro surprenantes et d’une folk fragile (Les pluies diluviennes). Le dénuement côtoie les juxtapositions de beats, d’harmonica,  de synthétiseurs crépusculaires, de boîte à musiques enfantines et la trompette d’Eric Truffaz (Amie nuit). Les cuivres sont sublimes et cruciaux dans l’esthétique tourmentée d’Amor fati. Des élans plus rock sont dispatchés ici et là, à travers un rythme punk (Chuis con), une guitare déchirante (Anthracitéor) ou des motifs que l’on pourrait qualifier de rock made in France (L’Angleterre, Aujourd’hui).

 

« Ce qui est est. Ce qui est est. »

Une phrase à méditer longuement, aussi terrible soit elle. Aucun oubli n’est possible, encore moins à l’heure d’Internet. Bref. Une fois de plus Des visages des figures se rappelle à notre bon souvenir dans ce nouveau 11-titres. Mais pas que. La verve, les partis pris en matière de politique (une récurrence sur 666 667 club) et le lyrisme n’ont pas quitté le quinqua. Refus du soft power américain déshumanisé et invasif (Silicon valley), du capitalisme destructeur et outrancier (Excuse my french), la dénonciation du Brexit et du miroir aux alouettes (L’Angleterre), et cætera. La plume vitriolée marque toujours le papier de verre sur lequel Cantat couche ses mots.

Se nourrissant d’un Français soutenu, familier, du verlan, du franglais, … Cantat lie admirablement les langues de Molière et Shakespeare (Maybe I) afin de composer une prose généreuse et ciselée, davantage rappée que chantée. Cet aède moderne, à l’organe cassé et identifiable dans la nuée, repousse d’un revers de main la rime facile. Le titre éponyme apparaît comme un âpre règlement de compte, porté par un flow puissant et rageur, jonché d’assonances noires et de rares temps morts. Et sa répétition jusqu’à plus soif prend alors l’aspect d’un leitmotiv pour ne pas se résigner. Hésitant, plaintif, susurrant et parfois semblable aux phrases assassines d’un mauvais génie (J’attendrai), l’artiste joue avec les intonations, renvoyant parfois à Brel, déclamant comme Gainsbourg, nonchalamment, ou comme Fauve dans une révolte introspective et décousue (Excuse my french). L’Homme pressé n’est pas très loin non plus avec Chuis con. Les états d’âme du chanteur sont passés en revue, constat accablant d’une société actuelle totalement et immédiatement formatée par le regard, l’avis et le jugement d’autrui.

 

Alors voilà, Amor fati signe le retour attendu (quoi qu’on dise) de Bertrand Cantat. La parenthèse Détroit s’est refermée. Résolument sombre, peut être amer, le héraut du rock français revient sur le devant de la scène et défendra dans les prochains mois ce disque au quatre coins de la France et chez nos voisins francophones . Et, souhaitons-le, avec opiniâtreté ; « Si tu l’aimes la poussière / Tu vas te régaler ».

-Benoît GILBERT

 

Artiste : BERTRAND CANTAT

Album : Amor fati

Label/distribution : Barclay

Date de sortie : 01/21/2017

Genre : rock

Catégorie : Album rock

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1 comment
  1. Enfin un article qui n est pas écrit par des cannibales mangeurs de cadavres . Ces beaufs boboisant degueulant leur fausse haune sur l artiste comme des justiciers de comptoirs…Leur QI d huitre leur empechant de comprendre le moindre mot des textes toujours aussi pointus de Cantat. Pour ma part c est un excellent album, du gros son trop rare en France, des textes poetiques et ciselés comme des lames de rasoirs..du Noir Dez´de la grande epoque…Pour les autres, que vous aimiez ou que vous detestiez n oubliez pas que que l on aime aussi James Brown, Michael Jackson, les rapeurs Gangsta et tant d autres artistes au passé trouble…

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