Icône musicale de Manchester, éternel dandy, l’ancien chanteur des Smiths (dont l’album The Queen is dead est réédité cet automne) sort son 11ème album solo en partie enregistré dans les mythiques studios d’Ennio Morricone à Rome et produit par Joe Chiccarelli (U2, The Strokes, Frank Zappa), succédant à World Peace Is None Of Your Business ; composition de tous les contrastes, Morrissey réussit à offrir un album à la fois sombre et enlevé.
Depuis plusieurs semaines, des singles ont été dévoilés successivement, et même joué en live, notamment dans les studios de la radio BBC 6 music le 2 octobre dernier. C’est le cas du premier titre My love, I’d do Anything for You, débutant par un rugissement puis de lourdes guitares, rappelant le début de son album your arsenal de 1992 avec des cuivres, et surtout cette voix inégale rassurant ses fans : Morrissey chante toujours aussi bien et continue de nous mettre en garde : « apprenez à vos enfants à reconnaître et à mépriser la propagande » chante t-il. I wish you lonely où avec des synthés, Morrissey évoque un de ses thèmes favoris : l’incurable solitude, l’absurdité de nombreuses existences, le tout avec une grande efficacité de ce qui est sans doute un des meilleurs titres de l’album. S’ensuivent des morceaux magnifiques, comme Jacky’s Only Happy When She’s on the Stage, titre très pop et particulièrement ardent sans doute autobiograhique tant le chanteur ces dernières années semble préférer la scène au studio, où il n’hésite pas à évoquer la situation politique de son pays « EXIT ! EXIT ! Everybody running to EXIT, EXIT », déclamation reprise par un être étrange, peut être le même enfant que celui de la pochette tenant une hache et prêt à attaquer la monarchie britannique (Morrissey se revendique républicain).
Spent the day in bed, désinvolte et mélancolique, mais également délicat et amusant à l’écoute, évoquant la tyrannie des médias est une autre réussite du disque, tout comme I bury the Living, sombre à souhait, qui permet à Morrissey de faire de l’antimilitarisme un autre fil conducteur du disque.
Ses combats, sa compassion pour le plus grand nombre et les incompris ou victimes de la société demeurent intacts ; on le retrouve sur Who will protect Us from the Police où il est question du Venezuela, avec peut être des arrangements parfois un peu trop chargés. L’album est par moment légèrement décousu et étonnant, comme avec The Girl from Tel-Aviv who Wouldn’t Kneel sur un air tango inattendu, quand ce ne sont pas piano et mariachi sur When You Open Your legs donnant une ballade langoureuse et exotique. On peut reprocher peut-etre un titre un peu trop lent à la mélodie facile, Home is a question Mark, qui se retrouve placé entre deux compositions magnifiques (Jack’s et Spent the day in bed). Néanmoins, si les effets sont parfois un peu appuyés, ces compositions demeurent de qualité, et c’est finalement avec davantage de simplicité que Morrissey se montre le meilleur, comme sur le magnifique In your Lap, où voix et piano forment une parfaite osmose, et sur le final particulièrement grandiloquent, Israel, dans lequel le chanteur nous renvoie à Dieu et à la nature. L’artiste demeure toujours vocalement très présent dans ce qui est un pur moment de grâce musical.
Au final, un album en tout point remarquable, volontiers dérangeant qui montre que le mancunien, élu par un sondage britannique deuxième personnalité culturelle la plus influente du pays, qui prouve que l’artiste à presque 60 ans a peu changé et a encore beaucoup de choses à nous dire. Show Moz go on.
Artiste : Morrissey
Album : Low in High School
Label : BMG
Date de sortie : 17 novembre 2017
Genre : Alternative, rock
Catégorie : Album Rock