Huitième album pour le groupe de rock originaire d’Atlanta, avec outre leur son atypique nommé « flower punk » des arrangements psychédéliques et guitares crades pour un résultat parfois expérimental mais plutôt jouissif, le tout avec l’ancien guitariste des Fat White Family Saul Adamczewski, Sean Lennon pour la production ainsi que la présence de Yoko Ono.
Le tracklisting nous fait davantage penser à une œuvre classique qu’à celle d’un groupe de garage rock avec une ouverture, un final et trois interludes. C’est avec Sunday Morning (peut être en clin d’œil au Velvet Underground) que s’ouvre le disque, avec tambour, basse submergée et saxophone accompagné d’un petit chœur, faisant de ce titre de 50 secondes un jazzy expérimental (le titre final Sunday Mourning garde la même construction, y compris les « lalala », avec cette fois ci la voix du chanteur). Occidental front (avec Yoko Ono) est un titre qui, et c’est peu dire, lance les véritables hostilités : une introduction entre The Last shadow Puppets et une BO de Tarantino, une voix gueularde et un riff lourd (genre Black Sabbath) donne un résultat bien efficace. Can’t hold on est un condensé de ce que le groupe fait faire : rock vigoureux, avec des moments puissants évoquant les grandes heures des White Stripes (à l’instar du bon morceau The Last cul de sac), et des envolées magico-psychédéliques au son des cuivres (ce fut le premier single sorti de cet album).
Arrive le premier interlude, Got me all alone, titre très bluesy n’ayant d’interlude que le nom (il fait près de trois minutes), avec un résultat pouvant paraître bordélique mais qui se révèle intéressant. Crystal night offre une pause dans l’album, entre ambiance flower power et kitsch, comme si les Rubettes étaient présents dans le studio. Ces envolées nous amène à Squatting in Heaven, un des titres les plus aboutis de l’album, qui illustre au mieux ce cocktail musical détonnant, ou Rebel intuition, plus classique dans la forme avec un son « sudiste » assez plaisant.
La suite de l’album laisse la place à des moments plus calmes, comme Wayne ou Losers Lamant laissant entrevoir d’indéniables qualités musicales (on imagine bien le second dans un film des frères Coen), et des moments d’étrangeté musicale et d’expérimentation audacieuse ambiance Jefferson Airplane, comme sur le dernier intermède E’lektrik Spider Webz. Mais c’est bien toujours ce son rugueux, ces voies hurlantes dans un micro parfois à la saturation extrême qui reprennent le contrôle de l’album comme su We know ou sur le refrain de In my mind there’s a dream. Autre single puissant, It won’t be long, à l’énergie communicative (on pense ici un peu à The Hives), laisse entrevoir des prestations scéniques excitantes.
Ainsi, The Black Lips justifie assez bien son image de groupe caméléon, utilisant leur expérience musicale riche de sept albums pour s’engouffrer dans des territoires musicaux audacieux, donnant une sorte de symphonie moderne riche nous obligeant à des réécoutes. Avec les Black Lips, rien ne se fait du bout des lèvres.
- Julien Lagalice
Artiste : The Black Lips
Album : Satan’s Graffiti ou God’s Art?
Label / Distribution : VICE Music
Date de sortie : 05 mai 2017
Genre : rock garage
Catégorie : Album rock