C’est l’histoire d’un groupe qui débute comme beaucoup d’autres. Issu de la banlieue de Chicago, le projet The Orwells est l’œuvre de cinq adolescents qui ont commencé à gratter les cordes au fond du garage de la maison familiale. Tout juste majeurs dans leurs pays, la petite bande a su faire ses preuves en dépassant les clichés et vient tout juste de sortir son troisième album, presque symbolique de ce passage à « l’âge adulte ».
The Orwells doivent principalement leur célébrité à leur apparition lors de l’émission The Late Show présentée par David Letterman. Désinvolte et un peu rebelle, la petite bande d’adolescents avait réussi à séduire l’auditoire avec Who Needs You, morceau d’inspiration The Strokes bien alourdi par une attitude et des sonorités shoegaze.
Comme beaucoup de groupes dits garage, la provocation est à l’ordre. Si The Orwells n’ont pas détruit tout le plateau télévisé en sautant partout, ils n’ont pas hésité lors de leur formation à emprunter le nom d’un autre groupe pour semer la confusion auprès des fans.
Avec la reconnaissance, les adolescents sont peu à peu sortis de leur garage pour se voir offrir des moyens de production plus professionnels, rendant alors possible la présence d’un son plus lisse, moins amateur. Terrible Human Beings est le reflet de cette évolution technique à laquelle se superpose un léger brin de maturité.
L’album commence assez fort avec They Put A Body in The Bayou, témoignage de ce professionnalisme mais aussi de l’identité musicale du groupe, bien forgée aujourd’hui. Ce fameux « Flower Punk » tantôt hippie, tantôt punk du garage.
Malgré l’âge, on sent que les jeunes adultes ont musicalement bien évolués. La voix du frontman Mario Cuomo apparaît plus aiguisée, moins surjouée « destroy ». Fry et Creatures font hommage aux codes immuables de la musique garage. Témoignage d’une énergie intrépide où les guitares ne s’arrêtent jamais de crisser tout au long des morceaux.
Black Francis et M.A.D reviennent sur des notes à consonances florales en faisant également intervenir des chœurs façon Allah Las, entremêlés de rifs percutants et de solos bien électrisés. On veut bien faire référence aux seventies mais il ne faudrait surtout pas paraître trop peace comme en témoigne la huitième piste intitulée Hippie Soldier.
Le groupe n’oublie jamais ses références musicales et Buddy vient dégager une intro post-punk qui dérive très rapidement sur des notes comme bien souvent empruntées aux Pixies mais toujours articulées à des passages un peu plus noise rock.
Heavy Head pourrait très bien devenir un single tant le morceau se démarque du reste de l’album. Le chant plus grave et les riffs incoercibles font de ce morceau une véritable pépite rock n roll.
Vient alors Body Reprise, sorte d’entracte basé sur une minute de sons métalliques et distordus, largement assimilable à une expérience sous psychotrope. C’est avec Ring Pop qu’on rebascule dans une atmosphère parsemée de références punk.
Last Call (Go Home) nous invite à rentrer chez nous, comme une ballade en voiture sur les routes américaines, pour finalement laisser Double Feature clôturer cet opus. Un morceau aux airs de rappel dont la deuxième partie s’inspire du post-punk qu’on voit se développer de plus en plus chez les groupes indépendants. Une référence intéressante qui met fin à cet album avec une douceur et une énergie simultanée.
Terrible Human Beings semble donc bien s’inscrire dans un effort de maturité et le début d’une carrière progressivement détachée de ce mouvement DIY qui les a faits connaître. Une carrière qui s’avère plutôt prometteuse au vue des multiples apparitions sur scène, souvent considérées comme surprenantes et efficaces.
- Mickaël Rudnicki
Artiste : The Orwells
Album : Terrible Human Beings
Label/Distribution : Canvasback Music
Date de sortie : 17/02/2017
Genre : Rock / Garage
Catégorie: Album Rock