Retour sur la soirée de samedi à la Rodia, un des temps forts du festival à Besançon, entre revival eighties élégant, francophilie et énergie communicative. Un soirée riche, partagée entre l’énergie harmonieusement agressive de Kite Base, l’electro-pop chatoyante de Paradis, le venin dance-floor de Goose et la découverte Sandor.
21h00. La salle principale de la Rodia se remplit peu à peu (mais la soirée ne sera pas sold-out, ce qui constitue une surprise car la programmation était de qualité). Cette soirée débute avec Virginie Florey, aka Sandor, jeune artiste suisse aux mélodies synth-pop et à la voix grave et envoutante. La prestation reste sobre, tout en étant mystérieuse et énergisante. L’artiste amène un jeu d’atmosphères aisément maîtrisé bien que le public ne soit pas encore complètement présent ni enjoué. La compositrice suisse est accompagnée sur scène par un batteur (qui donne une allure contemporaine à sa musique très 80’s). Sandor, un nom qui provient de Saroltà Vay, comtesse hongroise dont l’existence a interpellé la jeune chanteuse. Celle-ci, sans doute gagnée par un peu par le trac parvient toutefois à emmener le public dans son univers musical, cold-wave tantôt romantique, tantôt plus inquiétante qui évoque aussi parfois The Wall de Pink Floyd (comme sur Comme si de rien n’était). Des chansons autobiographiques autour de l’identité, des rôles sociaux associés à la masculinité ou à la féminité, avec mention spéciale au morceau Ange gardien qui résume assez bien l’esprit de ce set et l’univers de la chanteuse. Une belle découverte (déjà présente aux dernières transmusicales) de la part de cette formation qui lance idéalement la soirée.
Le projet Kite Base lui succède sur scène, réunissant Ayşe Hassan -qui assure les lignes de basse de Savages – et Kendra Frost -de Blindness. Les deux tueuses de Kite Base allient noirceur et douceur, elles nous empoignent durant un set éclatant. Deux bassistes et une boîte à rythme musclée pour un résultat sans appel. Le son est brut, un peu sauvage mais aussi très mélodieux (tout en gardant une certaine noirceur), et les musiciennes se coordonnent bien sur scène (avec des riffs évoquant parfois The Kills), et le résultat est intéressant, comme sur Soothe ou Transition. Les deux jeunes femmes semblent détachées et peu communicatives avec le public (un simple « merci beaucoup » à la fin de la prestation), mais le groupe est réapparu par la suite à l’entrée de la salle et s’est montré souriant et ultra-accessible pour échanger avec des fans et des spectateurs.
Après une petite pause, arrivée de Paradis, une des principales têtes d’affiche du jour, après s’être révélé l’automne dernier avec un album particulièrement remarqué. Face à des spectateurs plus nombreux, le groupe déroule une électro-pop élégante, subtile et sensuelle, comme sur les superbes interprétations de Instantané et de Recto Verso. Les titres s’enchaînent pour le plus grand bonheur du public, appréciant la justesse de ce groupe (qui chante en français). La maîtrise du groupe est impressionnante, et le joli titre Paradis confirme la qualité de la jeune scène en France et de ce groupe en particulier. Toi et Moi, titre phare et emblématique du groupe, est attendu et séduit plus que jamais le public. D’autres morceaux tels qu’Hémisphère ou Garde-le Pour Toi sont tout autant séduisants, la caressante voix du chanteur Simon Mény y étant en grande partie responsable. Des paroles simples, certes, mais efficaces, se mêlant à des mélodies synth-wave dansantes, le tout pour un live indéniablement frais et percutant. Véritablement un instant de grâce, où les jeunes gens ont réussi à restituer sur scène la sensibilité et l’univers de ce bel album. Nous avons déjà très envie de les revoir à nouveau.
L’intermède permet de voir (seulement) quelques titres de FAIRE, le groupe qui remplace Shock machine, et qui joue sur une scène aménagée en jungle près du bar. Ils ressemblent beaucoup à La Femme, en plus barré et imprévu. Nous en profitons avant de retourner dans la salle assistée au concert très attendu de Goose. Il est pas loin de 1h00 et les belges (qui ont émergé au milieu des années 2000 avec un électro-rock vigoureux) vont réussir rapidement à transformer la Rodia en un immense dancefloor. Le son est remarquable, puissant (un peu comme Soulwax ou Kasabian) et les musiciens semblent très heureux d’être ici. Les guitares saturent et le quatuor propose un show dynamique aux mélodies transcendantes amenées par des riffs agressifs et des synthétiseurs dansants, le tout devant un public conquis mais tout de même moins dense que précédemment. On pense au groupe DBFC pour l’énergie dansante et enjouée. Parmi le set, ce fut un immense plaisir que d’entendre British Mode (un des titres phares de leur premier album) trouvant en live toute sa quintessence, et le formidable Call Me dont l’introduction à l’ambiance religieuse amène un disco-rock gracieux (un peu comme les Pet Shop Boys). C’est devant un public ravi et enchanté (avec par ailleurs un jeu de lumières très réussi) que le groupe tire sa révérence, avec l’impression jubilatoire dans la foule d’avoir pris une bonne claque.
Au final, on ne peut que féliciter les programmateurs du festival Génériq pour l’audace de la programmation, son éclectisme et une organisation impeccable. Bravo à toutes les personnes qui ont su installer ce festival dans le temps et dans l’espace. Dans tous les programmes proposés à nos yeux et nos oreilles ces derniers temps, on peut affirmer sans se tromper qu’on préfère le génériq.
Julien
Juliette
Clémence
Crédits photos :
Julien
Kite Base : Eric