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CHRISTINE

Sillonnant les routes de l’électro depuis 2011, le duo Christine, se composant de Nicolas et Martin -ce dernier ayant remplacé le binôme initial- détonnait dans le line-up du festival Synthzilla, le samedi 22 octobre 2016. Plus chaleureux et groovy, leur son s’attache aussi bien au scratch et à la funk qu’à la lignée “french-touch” ; et leur référence 80’s vaut plus pour l’univers visuel que pour pour une nostalgie musicale purement rétro. Quelques jours avant la sortie de Drama, single d’une flagrante efficacité, hissé sur des ressorts hip-hop, nous les avons rencontrés :

Est-ce que vous concevez Christine plutôt comme un projet de Dj ou de musicien ?

Nicolas : Vraiment comme un projet de musicien. En tant que Dj, on passe la musique des autres, celle des autres et pas la sienne.

Martin : C’est aussi une façon de s’adapter, pour pouvoir proposer plusieurs formats, entre lives et dj-sets. Mais quand nous faisons des Dj-sets, cela permet de montrer nos influences.

Vous avez disposé de plusieurs tremplins depuis le début du projet en 2011. Pouvez-vous nous parler de ces dispositifs d’accompagnement dont vous avez fait l’objet ?

Nicolas : C’est une des meilleures façons de commencer une carrière professionnelle en tant qu’artiste en France. C’est grâce à ça qu’on a pu décoller ; il y a eu le Printemps de Bourges, les Transmusicales, Booster -en Normandie, une bourse de 10 000 €, ce qui nous a sorti la tête de l’eau à nos débuts. On a aussi fait les Détours d’Adami : les plus gros festivals francophones se rassemblent et sélectionnent 3-4 groupes tous les ans et les font tourner. Normalement, les groupes sont choisis par 4 ou 5 festivals (sur une dizaine ), mais on a eu de la chance car on a été sélectionné de partout (Eurockéennes, Francofolies, Vieilles Charrues, Montreux, Paléo, Solidays, Meg à Montréal…). Donc on a fait une énorme tournée jusqu’en 2013. Et le 78 Tours, qui est une tournée des SMAC en France.

Quel est votre parcours personnel avant le projet ?

Nicolas : Je bossais dans l’énergie et je m’ennuyais à mourir ; ça fait 20 ans que je fais de la musique mais je ne pensais pas en faire mon métier. Et j’ai tenté le coup. Martin m’a rejoint un peu plus tard.

Martin : Je suis graphiste à la base et je bossais dans une agence de com, dans la création. J’ai toujours traîné dans la musique, en tant que Dj au départ. Puis j’ai commencé à travailler avec Nico sur les visuels de Christine et ça a évolué. Il m’a fait quitter mon travail plan-plan pour la musique. J’ai fait la chartre graphique Christine, inspiré de cet univers lié à Carpenter et à Stephen King.

Nicolas : C’est ma spécialité de débaucher les gens. “Quitte ton boulot, mets ta démission, viens rigoler avec moi pour pas d’argent !”

christine

Que seriez-vous devenus sans ce projet ?

Nicolas : Je serais mort certainement. Je pense que l’art est un exutoire, la plupart des gens qui l’exercent le font par besoin, pour ne pas péter un cable à un moment donné. D’où le morceau Catharsis.

Martin : C’est ce que j’ai failli faire. J’aurais fini par ronger mon frein.

Vous concevez le live comme un road-movie. Comment s’intitulerait le film de vos lives s’il avait un nom ?

Nicolas : Chacun de nos lives correspond à un univers. Le prochain morceau s’appelle Drama. J’aimais bien Man Machine pour le côté mécanique. Death On Wheels serait un bon titre, qui a souvent collé à notre univers, la mort sur roues.

Vous avez des clips qui sont très professionnels et travaillés. Est-ce que, dès le départ, vous avez conçu Christine dans ce sens-là ?

Nicolas : On le souhaitait, mais au départ on n’en avait pas l’occasion car nous n’avions ni les moyens ni les relations. On faisait donc nos clips à partir de vieux films. Puis on a rencontré des boîtes de production avec qui ça passait bien – ou pas. Le clip Burial, par exemple, on n’en est pas satisfait, c’était long et laborieux. Depuis un moment, on travaille avec une boîte de prod qui s’appelle Phantasm à Paris (sur le clip Howling Wave), avec qui on a fait un film qui est en tournée en ce moment.

Martin : Et c’est rare de trouver des professionnels qui ont envie de se raccrocher à notre univers, il faut trouver les bonnes personnes.

En termes cinématographiques, l’idéal avec qui collaborer, ce serait…

Nicolas : Tarantino ! Tarantino qui réaliserait un de mes clips ce serait génial ! Ce que le mec n’a jamais fait bien sûr, réaliser des clips. mais si un jour il y avait un de mes morceaux dans un de ses films, ce serait fou.

La BO que vous avez justement composée, c’est celle de Sam Was Here. Comment composez-vous des morceaux en vue d’une BO, à la différence de morceaux pour vous-mêmes ?

Nicolas : Déjà c’est un travail à l’image qui impose d’emblée une ambiance. Le réalisateur, Christophe Derro, est dans le même univers que nous, donc on s’est directement compris. Après ça a été un gros travail de 6-8 mois. J’ai déjà fait un clip d’une heure et demie, et il m’a répondu “c’est génial, mais c’est un film et pas un clip donc il va falloir calmer tes ardeurs !” Contrairement à de la musique pour Christine où il faut une structure avec un début, un milieu et une fin, on peut composer des morceaux plus flottants, pas forcément rythmés. Ma grosse difficulté dans la production, c’est de finir un morceau. A 80%, je galère à terminer. Or, sur des morceaux de BO, quand tu es aux 80%, tu as déjà fait le morceau, il n’y a pas besoin d’aller plus loin.

Quels sont vos rôles à chacun dans la phase de création ?

Martin : C’est surtout Nicolas qui a les idées et les meilleurs atouts techniques pour les réaliser. Il est sur la production et moi j’ai un regard extérieur sur ce qui se passe.

Nicolas : Je compose et comme je suis ingé-son je produis. Martin a toutes les compétences graphiques, web, de com, que je n’ai pas. Et il apporte un recul pour juger les morceaux.

Avec un culte du vintage ou pas du tout ?

Nicolas : Alors, j’adore les vieilles bécanes, mais le bon compromis c’est d’utiliser tous les atouts qu’on a en 2016. Cee serait dommage de se priver d’informatique et des logiciels, qui sont plus abordables -ProTool, Cubase, mais Ableton Live donne sa propre ergonomie, contrairement aux autres logiciels avec lesquels on se met au service de leur ergonomie. J’ai monté un studio d’enregistrement à Rouen donc on commence à être équipé de façon plutôt sympa. Je ne suis pas pro-total analogique car ce serait dommage de se priver de la technologie, mais je trouve qu’il y a un vrai truc à créer en mélangeant les deux. Au studio, je collabore avec d’autres producteurs, on partage notre parc de matériel pour se compléter.

Vous avez fait beaucoup de remixs. Et vous, vous aimeriez être remixés par qui ?

Nicolas : C’est compliqué car il y a des mecs de la scène french-touch qui correspondent à notre univers, mais qui humainement m’ont un peu dégouté. Mais Toxic Avenger, qui est un pote, ce serait bien !

Vous avez aussi sorti des Mixtapes. Si, spontanément, vous deviez élaborer une petite playlist spéciale Synthzilla, vous mettriez quoi dedans ?

C’est compliqué car au final, on n’e joue pas tellement de synthwave. Alors… Un Das Mortal, un Perturbator, un Gost (qui avait fait un remix de Christine il y a 3-4 ans)

En terme d’actualité, où en êtes-vous ?

Nicolas : Là on travaille sur l’album qui sortira le 17 février 2017, chez Mouton Noir, le label qu’on a monté (même si on a un petit contrat chez Universal qui court et qui sert de petit soutien).

Martin : On sort le deuxième single avec un clip réalisé par un petit réalisateur de Rouen, qui a fait un bon boulot, Florent Woods Dubois. C’était une collaboration hyper intéressante avec un résultat très cinématographique.

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MOUTON NOIR RECORDS

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Live-report du Synthzilla 2016

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