Logo Sensation Rock

SYNTHZILLA : GOST, EL HUERVO, DYNATRON, CHRISTINE, DANIEL DELUXE, SURGERYHEAD, samedi 22 octobre 2016, Le Jack Jack, Bron (69)

Deuxième édition après la grand’messe synthwave d’Halloween 2015 qui avait mis en scène la bagarreuse et satanique trinité française Perturbator/Carpenter Brut/Dan Terminus, le festival Synthzilla mise cette année sur un line-up varié, avec le démoniaque Gost, les adulés El Huervo, le spatial Dynatron, les éclatants Christine, le dynamique Daniel Deluxe et le frénétique SurgeryHead. On vous raconte.

Nous étions allés faire un tour lors de la première étape du festival, le vendredi 21 octobre à l’AFK bar. Bien nous en a pris, car nous avons eu droit à un Dj-set musclé de Dan Terminus pendant que les performances des joueurs de Neurovoider étaient projetées sur le mur. On y croise du monde venu des quatre coins de la France et même du Canada, ce qui en soi atteste du haut niveau de popularité atteint par le festival en peu de temps (ce n’est que la seconde édition). Peu de temps avant, la chiptune était mise à l’honneur par The Others Days et leurs consoles magiques – on entendra une version épique du Chanteur de Daniel Balavoine .
Rendez-vous donné le lendemain avant 19h pour le coup d’envoi d’un programme chargé et riche de découvertes, de premières scènes, et de genres différents puisque ce n’est pas uniquement la synthwave qui est représentée.

Mieux valait s’accrocher puisque c’est SurgeryHead, mystérieux projet irlandais, qui ouvrait la soirée. On avait écouté ses pistes enragées mais il était difficile de deviner qui se cachait derrière ce mélange d’électro agressive et de dubstep forcené. Au-delà de cet horizon, SurgeryHead arrive dégoulinant de faux-sang, la tête recouverte de bandages ; il fait gronder la salle et trembler les murs, bouge comme un possédé. Sa folle énergie névrotique est contagieuse, le public en reste impressionné. SurgeryHead, c’est l’Exorciste qui rencontre Gost. On a déjà hâte de le revoir.

Nous ne verrons ensuite malheureusement pas Daniel Deluxe puisque nous enchaînions les interviews à ce moment-là ; mais d’après les échos, celui-ci a commencé par instaurer une ambiance “rétro-wave” ( intégrant en outre l’héritage de Lustmord, l’un des artistes qui l’influence pour sa touche dark-ambient) avant de lancer des titres les plus massifs.

C’est au tour du duo Christine, qui, après avoir écumé les festivals, vient lancer la piste de danse – impossible de résister à Ecstatic Sole – en proposant un set rutilant se déroulant sur une imagerie kitch qui agrippe les regards. Est-ce que l’on se croirait dans le film éponyme de 1983 ou dans le roman de King (roman lui-même dédié à Romero, circularité des références de l’horreur) ? Ce n’est pourtant pas la répulsion qui prévaut mais l’impression d’une course-poursuite sur l’enchaînement de pistes de plus en plus rapides. Christine est un concentré d’énergie issue de la french-touch ; et ce n’est pas impunément que, étymologiquement, “Christine” signifie “Messie”, la rédemption par le dance-floor.

Changement d’ambiance avec Dynatron, dont c’est la première scène. Un détail qui n’empêche pas une orchestration brillante. Sa musique est immersive et enveloppante. C’est la mélodie plutôt que que le rythme qui est placée au premier plan. Aucun samples vocaux dans ses morceaux mais l’élaboration d’un voyage stellaire fait de montées à vous donner des frissons. Une musique apte à irriguer l’imagination de chacun, bande-originale de songes, dont Aeternus Theme fait figure d’exemple. A la fois mélancoliques et lointains, les trésors cosmiques de Dynatron sont fascinants.

El Huervo détonne au sein de ce programme électronique, projet psychédélique suédois dont le public issu du jeu-vidéo se délecte. En effet, El Huervo est le projet de Niklas Åkerblad, l’un des principaux contributeurs du jeu Hotline Miami, à la fois réalisateur des artworks et des bandes originales. Il a sorti en mars dernier l’album Vandereers, un voyage entre trip-hop, folk et ambient. El Huervo s’agrémente selon les circonstances de plusieurs collaborateurs ; pour ce soir, ce sera Dennis Wedin à la basse, pendant que Niklas entre en transe sur scène.

Et puis, bien entendu, il fallait garder le meilleur pour la fin. Celui qui peut tout se permettre, tout mélanger, monter le son au plus haut ; celui qui incarne la puissance de feu, les enfers incendiés, le bien-nommé Gost, qui arrive avec son nouvel album, Non Paradisi. Gost incarne l’art de l’ascension, la distillation de la pesanteur sur Master ; la progression de Genesee Avenue, un morceau qui nous fait penser à la manifestation d’une lutte entre les forces du mal, dans lequel les notes qui émergent par dessus les beats figureraient l’éclaircissement et la dissipation des nébulosités après la tempête. On perd la notion de temps au cours de ce défouloir sublimé, mais, bien sûr, comme on n’invoque jamais les démons sans conséquence, le concert a été écourté par d’incessantes coupures qui eurent raison de Gost – officiellement, une limitation de son en provenance de la ville. Mais ce fut déjà suffisant pour trouver l’effet cathartique escompté.

 

synthzilla

Galerie photos : Flickr

-Clémence Mesnier

Total
0
Shares
Related Posts