Quelques jours avant la sortie de leur cinquième album intitulé Why Are You Ok, nous avons eu l’opportunité d’interviewer Ben Bridwell, le chanteur et guitariste de Band Of Horses. Retrouvez ci-dessous notre entrevue avec Ben.
Votre dernier album est très réussi, est-ce que l’attente avant sa sortie est longue et frustrante ?
Oui, je suis très excité, nous avons travaillé dessus depuis longtemps. En même temps, il était important pour nous de ne pas trop se presser, car ça aurait été dommage de ne pas prendre le temps pour composer et enregistrer. Se dépêcher pour sortir rapidement un disque n’est pas la bonne formule, car ce dernier risquerait de manquer de créativité. Nous nous sommes fiés à nos instincts et avons pris le temps dont on nous avions besoin.
J’ai lu dans une interview que tu as écris presque l’ensemble du disque chez toi ?
Oui ! Avec mes enfants et ma famille autour ! Je ne pouvais pas me permettre de partir en vacances dans un spot idyllique pour écrire le disque, j’étais bien trop occupé avec ma vie de famille. Maintenant que mes enfants sont plus grands et vont à l’école, je peux ainsi me retrouver seul pour travailler et utiliser ces moments à bon escient.
Peux-tu nous décrire le procédé de composition et d’enregistrement de ce nouvel opus ?
J’étais entouré de l’ensemble du matériel que j’ai accumulé au fil des années. Et avec le producteur Jason Lytle aux manettes, le disque a naturellement vu le jour. Il a beaucoup apporté, que ce soit son talent d’écriture ou ses idées, il s’est investi et c’était salvateur, car le disque n’aurait pas été aussi réussi sans lui.
On écoute le même genre de musique avec Jason, il était donc la meilleure personne pour m’orienter dans le choix des sonorités que je recherchais.
Justement, quels effets Jason Lytle a eu sur ton son ?
Il en a eu tellement ! Jason est aussi musicien, il joue de la guitare et surtout du synthétiseur. On pourrait le qualifier de sixième membre du groupe. Il a contribué à l’ajout de textures intéressantes à l’album et à donner davantage de profondeur aux compositions.
Peux-tu nous dire pourquoi avoir choisi ce titre d’album, Why Are You Ok ?
Ma femme et moi avons un jour surpris notre petite fille à jouer avec mon téléphone, en pianotant dessus. Le soir en rentrant, j’ai retrouvé un message avec écrit Why Are You Ok. Comme ça, de but en blanc, sans ponctuation. Ce message un peu mystérieux était intéressant, je trouvais, venant de la part d’une petite fille innocente.
En jaquette d’album, je voulais une photo d’un beau paysage qui suscite une émotion positive, comme s’y prête bien la plage, contrasté avec la tristesse des personnes en train de pleurer. Parce qu’en relisant ces mots, j’ai trouvé l’ensemble profond et énigmatique, et nous avons essayé de faire en sorte que ça transparaisse dans le visuel.
Quels groupes écoutais-tu à l’époque où tu as écrit ce disque ?
Nous avons beaucoup écouté Pavement, un groupe rock californien indépendant des années 90. Mais aussi pas mal de hip hop, et de la soul.
Est-ce que vous êtes inquiets de la façon à laquelle votre disque sera reçu par vos fans ?
Ouais carrément ! Je suis très reconnaissant d’avoir l’opportunité de faire de la musique, d’être créatif et de pouvoir en vivre. Quand tu veux créer quelque chose, que ce soit un livre ou de la musique, tu dois toujours te remettre en question. L’attente des gens est parfois difficile à ignorer et à surpasser, je dois me forcer de garder confiance en moi, en nous et tout ira bien.
Est-ce que vous avez en tête une direction particulière que vous souhaitez prendre avec ce disque ?
Hummm, bonne question. Tout ce que je veux, c’est continuer de faire ce que j’aime. Je ne suis pas quelqu’un de trop ambitieux, qui se fixe des objectifs inatteignables,… Le principal pour moi est de continuer à se faire plaisir, à prendre plaisir de jouer. J’ai la chance de faire partie d’une très belle famille avec Band Of Horses et également de pouvoir équilibrer mon temps entre ma famille et la musique.
Quel est l’aspect le plus difficile dans ta vie de musicien ?
De garder l’équilibre peut-être. Mais je dirais surtout quitter ma famille, ce moment où tu franchis la porte de ta maison pour aller à l’aéroport, c’est assez déchirant.
À part travailler, dur, quel conseil donnerais-tu à un musicien amateur ?
Ça va sembler un peu cliché, mais je crois vraiment qu’il faut se fier à son instinct, se faire confiance. Tu peux décider de faire confiance à un manager ou à un label, mais c’est à toi de définir ta vision et tes objectifs en amont. Tu dois avoir une idée de ce que tu veux être, comment tu veux toucher les gens, comment tu souhaites que ta musique soit reçue. En clair, avoir une forte conviction et ne jamais être détourné de ces objectifs par ceux avec qui tu décides de t’entourer.
Est-ce que la transition entre groupe local en devenir et groupe international est difficile ?
Oh oui, ça l’est vraiment ! Nous avons eu régulièrement de nouveaux membres dans Band of Horses ces six dernières années et je pense qu’ainsi, la transition vers la reconnaissance s’est faite plus en douceur. Encore une fois, nous avons été chanceux de pouvoir en arriver jusqu’ici.
Comment te sens-tu avant de partir en tournée ?
Lorsque tu passes la porte pour partir en tournée, c’est là que tout commence, même si c’est difficile. J’adore ce travail, j’adore pouvoir jouer dans de nouveaux endroits, je suis excité de jouer de la musique et d’en faire ma vie.
Si tu avais carte blanche pour programmer un concert, quels artistes choisirais-tu ?
Je dirais Otis Redding, Marvin Gaye, The Rolling Stones, The Faces et Band Of Horses !
Peux-tu nous donner quelques mots pour nous définir tes comparses ?
Creighton Barrett, c’est le plus vieux membre du groupe et c’est un mec très bien.
Ryan Monroe : le plus drôle et peut-être le plus black des hommes blancs que je n’ai jamais rencontré. C’est un comédien naturel.
Tyler Ramsey : très talentueux guitariste, il est grand par la taille et c’est une personne très douce et plutôt calme.
Bill Reynolds : un très bon producteur et un excellent bassiste, il est doué et passionné.
Pour terminer, peux-tu dire quelques mots en français pour nos lecteurs ?
Je m’appelle Ben, où sont les toilettes ? (rires)
Merci à Lisa Chappot de Caroline International pour avoir organisé l’interview et à Ben pour sa gentillesse.