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DAS MORTAL

C’est en compagnie de GosT et de Perturbator que Das Mortal a sillonné l’Europe lors d’une tournée qui les a emmenés au Berghain à Berlin. Excepté la Suisse, le succès a été au rendez-vous, notamment lors cette soirée musclée au Jack Jack (Bron). Le moment idéal pour parler d’horreur et de pentagone -mais pas que.

Quand on regarde ton parcours, on a l’impression que tu es quelqu’un de polyglotte : tu es passé par Berlin, tu résides maintenant au Canada. Pourrais-tu nous éclairer sur ton évolution “chronologique” et “spatiale” ?

Je suis né au Chili, à Santiago. Très jeune, mes parents ont déménagé à Montréal au Canada, où j’ai passé la plus grande partie de ma vie. C’est là-bas que j’ai développé mes goûts musicaux. La musique électronique a toujours été dans ma vie, je ne peux pas me rappeler la première fois que j’en ai écouté. Au départ, c’était Depeche Mode, Joy Division, mais c’est vite devenu une dominante de synthés. J’ai ensuite découvert Aphex Twin et je me suis intéressé à la scène européenne, je suis allé à Berlin lorsque j’ai eu 18 ans, avec un style de techno plus mécanique. Je suis revenu à Montréal et la composition de musiques est devenue plus sérieuse pour moi car à Berlin j’étais principalement Dj. Je n’ai pas vraiment de fil conducteur dans ce que je fais : quelqu’un qui écoute mes compos ne reconnaitra pas forcément du “Das Mortal” ou de la “synthwave”. Je trouve ça important de ne pas nécessairement cloisonner. Quand un artiste d’un genre change de créneau, il perd souvent beaucoup de ses fans durant la transition, moi j’aime écouter de tout et retranscrire ce tout, que ce soit de l’électro ou la musique de vieux films d’horreurs.

Le cinéma occupe une grande place dans ton imaginaire ; tu es directeur de la photographie sur tes clips (Naissance d’un Zombi)…

C’est mon vrai métier ! Je travaille dans le cinéma, en tant que directeur de la photo et premier assistant. Le cinéma est mon deuxième amour, mes deux passions se jumellent. Il y a le cinéma, mon métier de tous les jours, et la musique, plutôt en fin de semaine !

Dans un de tes clips, La Pussy, tu figures le sang par du bleu. C’est une symbolique particulière ?

C’est un fil conducteur. Dans le cinéma, quand il n’y a pas d’histoire concrète avec un début, un milieu et une fin, il faut au moins avoir un fil conducteur qui fait en sorte que ce ne soit pas juste n’importe quoi. Là, c’était le bleu. Ce vidéo-clip est surtout une référence à des films d’horreur, mais il ne faut pas oublier que si quelqu’un ne les connaît pas (notamment dans l’univers synthwave récent, beaucoup de gens écoutent mais n’ont pas forcément ces références là en tête, parce qu’ils sont plus jeunes) il doit quand même trover un fil conducteur, et ce sera la couleur bleue.

Dans deux de tes clips, tu mets en scène des enfants affreux. Est-ce que c’est une référence au Village des Damnés ou juste un gimmick ?

C’est inspiré d’un fait divers connu en Grande-Bretagne. Pendant plusieurs années, les films d’horreurs ont été bannis ( les videos-nasties). Il y a eu deux jeunes enfants, entre 7 et 10 ans, qui ont capturé un bébé et l’ont tué dans une voie de train. A l’époque, la police avait décrété que Chucky 2 était considéré comme LE film qui avait influencé les enfants. Mon clip est donc une exagération d’un fait divers. J’aime bien prendre les stéréotypes au pied de la lettre, pour en rire.

On retrouve ce même fonctionnement chez Quentin Dupieux, qui joue avec cette forme d’ironie vis-vis de la culture américaine. C’est peut-être une lecture qui m’est propre, mais on a parfois l’impression que tu es très ironique également.

Je crois que Quentin le fait de façon plus explicite ; moi, si c’est présent, c’est par hasard. Je ne prends moi-même pas au sérieux et je n’aime pas quand les choses se prennent au sérieux.

Tu parles de Depeche Mode, de Joy Division ; es-tu fasciné par la scène industrielle ?

J’ai énormément écouté Skinny Puppy, leurs deux premiers albums étaient des perles, même si quand j’avais 12-15 ans je ne comprenais rien à ce qu’ils disaient !

Tu dis être passionné par les synthés, tu enregistres directement avec ?

J’adore les synthés mais pour des raisons pratiques, je n’enregistre pas avec. Dans le débat analogique / numérique, je dirais que la base reste quand même d’avoir un bonne mélodie. Tu auras beau avoir le meilleur équipement au monde, si ta base est mauvaise, cela ne marchera pas.

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La plupart de tes morceaux ont des titres en anglais, excepté ceux de l’Ep Never Forgotten. Pourquoi ?

Je dirais que j’aime avoir un côté francophone, mais cet Ep était vraiment la première fois où j’ai eu la volonté de faire savoir que j’ai cette francophonie. A cause de mon nom, on croit que je suis allemand, que je parle un allemand fluide, alors qu’en vérité c’est le français ma deuxième langue, celle que j’utilise le plus tous les jours.

Sur l’utilisation des voix dans tes morceaux, tu te situes comment par rapport à la mélodie ? 

La voix doit être un instrument. Si ce n’est pas mélodique, ça aura beau être les plus belles paroles du monde, je n’en aurai rien à faire. Tu peux me chanter seulement trois lettres, si tu me les laisses dans les bons tons, je préférerai cela.

Sur quel label sortiras-tu ton album dans l’année 2016 ?

Sur Lisbon Lux Records. C’est eux qui m’ont contacté et c’est la première fois qu’un label souhaitait m’aider plutôt que m’utiliser. Les net-labels veulent avoir ton nom pour l’afficher mais pas nécessairement mettre de l’argent pour aider ton oeuvre.

Quels seront les couleurs de cet album ?

Dans la lignée de ce que j’ai fait précédemment : de la synthwave, des morceaux chantés, des pièces technos, des mélodies synthpop.

Tu as fait le remix de Lana Del rey ou de Kid Francescoli. Qu’aimerais-tu remixer d’autres ?

J’aime remixer ce qui n’est pas électronique au départ. Détruire la pièce originale est un des meilleurs moyens d’explorer des genres différents.

Si on reprend le principe des livres dont vous êtes le héro, on peut dire que ce soir nous avons GosT est son crâne, Perturbator et son étoile satanique… Chacun a une identité liée à un logo-type. Toi ce serait quoi ?

Une forme géométrique qui n’est pas un triangle… Un pentagone avec cinq côtés égaux !

 

-Clémence Mesnier

 

Crédits photos : Francis Malapris / http://malapris.com

 

 

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