Huitième album studio pour Dionysos, devenu depuis vingt ans une référence de la scène française, marquée par des débuts très rock voir punk, avant l’irruption de leur univers surréaliste et poétique au milieu des années 2000 qui leur ont amené gloire et consécration.
Malgré tout, ce nouvel album relève du miracle depuis la grave maladie sanguine du leader Mathias Malzieu diagnostiquée en novembre 2013. C’est le début d’une année passée à combattre la maladie (et passages en chambre stérile) avec guitare, piano jouet et vélo d’appartement pour ne pas sombrer, et l’écriture comme thérapie par son Journal d’un vampire en pyjama (sorti en librairie) et dans les textes de ces treize nouvelles chansons, mixées par Paul Corkett (qui a travaillé avec The Cure ou Placebo), Jeff Delort (Cats on Trees) et Pierrick Devin (Phoenix notamment).
Chansons d’été qui ouvre l’album est la rencontre improbable de Verlaine (adaptation de sa poésie Chanson d’automne) et d’un univers digne d’une BO d’Ennio Morricone ; superbe titre qui est d’autant plus émouvant qu’il a été composé à l’hôpital où se trouvait le chanteur (comme le titre Hospital Blues). Guerrier de porcelaine reprend l’oxymore de la force et de la fragilité (avec la présence de Babet) dans un style néo-folk, très western, interrogeant sur la fragilité de l’existence et tout simplement du temps qui passe (avec un clin d’oeil à un grand succès du groupe) « y’a-il plus fragile qu’un guerrier de porcelaine, qu’un noisetier en fleurs sous la neige ».
Vampire de l’amour, extrait diffusé dès la fin d’année précédente, est le témoin de cette épreuve : “Je suis le vampire de l’amour. Je dois embrasser tous les jours. Pour rester en vie chaque nuit, je dois embrasser pour toujours“, avant qu’Hospital Blues rappelle la maladie, la peur par le bruit des machines médicales qui accompagne ce morceau chanté en anglais. Mais à l’instar du single cité ci dessus, L’heure des lueurs , puis Skateboarding sous morphine (avec toujours le recours au violon dans leur univers « western ») permettent de suivre le parcours personnel de Mathias, introspectif mais ouvert, douloureux mais jamais désespéré. Nous ne sommes jamais loin de la rupture à l’instar de Know your anemy (devenu l’ennemi chanté par Mathias tout au long d’un joli morceau agrémenté de piano), puis Dame Oclès, belle mais inquiétante et qui le défie sur son lit d’hôpital, dans un titre angoissant qui rappelle des ambiances « bashungiennes ».
Entre les deux, la reprise du tube de Lykke Li, I follow Rivers, témoignage brut de sa maladie (Babet explique qu’il jouait ce titre pour les infirmières) dans un style country et sympathique, mais qui apporte assez peu de choses à l’album.
Renaissance par le titre très indie-pop et tonique Déguisé en moi (ambiance The Smiths), comme si Mathias s’était redécouvert, à moins qu’il ne soit enfin lui même : “J’ai vécu si vite maintenant j’ai envie de déguisé en moi ; comme c’est compliqué d’être seulement soi“). Joie de vivre retrouvée, ce disque est au final tout simplement beau, lumineux et montre la capacité intacte du groupe de surprendre et de nous entraîner dans leur univers. Dans le paysage rock français, Dionysos est toujours au sommet de l’Olympe.
-Julien
Artiste : Dionysos
Album : Vampire en pyjama
Producteur/Label : Colombia Records
Date de sortie : 29/01/2016
Genre : Pop-rock
Catégorie : Album Rock