Minor Records/2014
Avec leur nouvel album Encyclopedia signé chez Minor Records, The Drums reprennent du service après trois ans d’absence en faisant l’inventaire de leurs sentiments. Un tournant dans la carrière et dans les choix musicaux du groupe qui se fait davantage électro-pop et renoue avec des sons issus de la cold wave et du shoegaze.
Trois longues années ont été nécessaires pour que The Drums renaissent de ses cendres. Après le départ soudain de deux de ses membres – le batteur Connor Harwick puis le guitariste Adam Kessler -, le chanteur Jonny Pierce avouait avoir le cœur brisé. Leur nouvel album Encyclopedia sonne comme une résurrection, mais aussi un retour aux sources puisque du groupe initial seuls les deux fondateurs demeurent : Jonny Pierce à la voix et Jacob Graham à la guitare et au synthé.
L’album s’ouvre sur un train qui démarre et nous entraîne dans les méandres sophistiqués d’un premier titre à la fois psychédélique et hypnotique, Magic Mountain. L’air est à la rengaine, comme pour dire «Regardez ! Nous ne sommes pas morts ». On perçoit également dans les textes la volonté affirmée du duo de s’affranchir de leurs anciens collègues (« We don’t have to be with them ») et de voler de leurs propres ailles (« Only Us, Only »). Malgré tout, les lentes mélodies douceâtres de I Can’t Pretend et I Hope Time Doesn’t Change Him ont le goût amer du chagrin qu’épanchent Jonny Pierce d’une voix brisée. Réaffirmation donc, mais frustration, colère et amertume.
Rien de tel pour atténuer la passion de l’être cher perdu que de laisser sortir les maux. Le chanteur considère le morceau Let Me comme « l’un des plus délicats » du disque puisque il leurs permet d’aborder « pour la première fois de manière claire l’amour homosexuel ». Jonny Pierce a bien compris la nécessité de libérer le charme avant qu’il ne le dévore, et nous offre une ballade colorée avec Kiss Me Again, qui se veut survitaminée avec ses samples tout en volute, son refrain entêtant et son rythme qui bat la chamade. Un moment de bonheur fugace mais toujours marqué par la peur de la perte. Break My Heart s’en suit immanquablement, tout en plainte et en voix de chœur.
La suite de l’album se perd en évocation des moments perdus, beaucoup de modulations et de sonorités d’une douceur translucide, un peu fade. Les chant de chœurs sont à l’honneur ainsi que les sons synthétiques notamment sur Deep In My Heart. Bell Laboratories sort vraiment du lot. On y distille le son des cloches avec un gimmick dissonant qui lui confère une dimension à la fois mystérieuse et inquiétante. L’album se clôt sur un titre écrit par Jacob Graham, l’étincelant Wild Geese, envolée lyrique sifflée et chantée à deux voix, où le groupe semble enfin avoir trouvé la paix.