Ten Club/Nugs/2014
On peut se poser la question de l’utilité de parler d’un bootleg de Pearl Jam, qui sera peut être noyé dans la masse des live du groupe édités depuis 2000. Mais celui-ci pourrait bien faire date et se ranger au niveau d’un Live At The Garden ou d’un State College 2003 pourtant déjà mémorables.
Le 11 juillet dernier, Eddie Vedder et son groupe posent leurs valises à Milton Keynes en Angleterre pour la dernière date de leur tournée européenne. Et les vétérans de Seattle ont décidé de mettre un point d’orgue à quitter le vieux continent en beauté.
Le public est déjà surchauffé après avoir eu droit au Black Rebel Motorcycle Club en première partie, il y a pire.
Apparemment, la journée a été pluvieuse sur l’Angleterre, ce qui donne selon Vedder une atmosphère digne de Seattle et qui fait que le groupe se sent un peu comme à la maison. D’ailleurs, le chanteur souligne plus tard qu’après tout, ils ont payé le loyer et qu’ils allaient en profiter. Cela se traduit par un show approchant les trois heures, soit deux rappels et trente-cinq morceaux qui ne sentent jamais la fatigue ou la lassitude. Pearl Jam comme toujours se donnent à fond, comme à leur début. Le crise de la cinquantaine, ce n’est pas pour tout de suite.
La soirée commence sur un rythme plutôt lent, avec Pendulum, titre sombre mais qui comme Release, autre morceau souvent utilisé en ouverture des concerts, permet d’installer une atmosphère et d’envouter le public. Le tout se prolonge avec Wash, dans la même veine. Après encore deux ballades classiques (Nothingman et Black toujours magistral), les amplis sont branchés et Go! On est maintenant dans le vif du sujet. On pourrait passer en revue chaque titre, tellement leur enchainement est judicieux et qu’aucun n’est bâclé. Mais ça prendrait un temps certain. On réalise juste que Lighting Bolt est vraiment taillé pour le live avec la bombe punk à la Dead Kennedys Mind You Manners et le southern blues de Let The Records Play. Sirens rend ses lettres de noblesse à la ballade 90’s et le chant de Vedder est phénoménal. Ça, c’est pour le nouveau, mais que dire des classiques du groupe de Seattle: Do The Evolution est jouissive, Lukin et Blood emmènent les cordes vocales de Vedder à leur limite, Given To Fly envoute et emporte. Mike McReady est plus que jamais un soliste de référence (Nothing As It Seems), Gossard n’est pas en reste quand il touche à l’acoustique (Yellow Moon, Daughter).
Le setlist dans sa deuxième partie s’écrit selon l’humeur, et ça permet à Pearl Jam de rendre hommage à ceux qui les ont influencés, avec respect et talent. Le classique de Mother Love Bone Crown Of Thorns est toujours aussi touchante. Les cinq n’oublient pas qu’ils sont en Angleterre et il est assez logique de les voir reprendre un petit Beatles. Peut être pas la chanson la plus connue des Fab Four, Rain n’en est pas moins mauvaise et risque d’énerver les frangins Gallagher tellement la reprise des cinq de Seattle est bien meilleure que toutes celles qu’ils ont pu faire.
Comme souvent, c’est l’universelle Rockin’ In The Free World de Uncle Neil qui clôt le show. Pearl Jam est le groupe référence en live, plus que jamais respectueux de leurs fans, un exemple que beaucoup de formations devraient suivre. Ce show sera unique comme chaque concert du groupe. Présent ou non le 11 juillet 2014, on ne saura que trop conseiller l’achat de ce live énorme, qui démontre s’il le fallait encore que le mot “fatigue” ne fait pas partie du vocabulaire de PJ.