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INTERVIEW: MINOR ALPS

Minor Alps, soit Matthew Caws (Nada Surf) et Juliana Hatfield (The Black Babies) ont fait escale à La Rodia pour la tournée accompagnant leur très recommandable premier album Get There. L’occasion pour Sensation Rock d’aller en savoir un peu plus sur le duo.

Comment est né Minor Alps? Vous vous connaissiez déjà avant de jouer ensemble?
Matthew Caws: On se connaissait depuis assez longtemps mais surtout via nos travaux respectifs : j’étais fan de Juliana quand les Blake Babies ont débuté, je les ai vus en 1991. Je crois que quand Nada Surf a vraiment démarré, elle nous connaissait aussi.  La première fois qu’on s’est rencontrés c’était au Texas ou à Boston je ne me souviens plus. On s’est rencontré deux ou trois fois, elle m’a demandé de chanter sur son disque How to Walk Away pour la chanson Such a Beautiful Girl. Je lui ai aussi demandé de chanter avec moi sur I Wanna Take You Home pour l’album Lucky et ce fut des expériences vraiment très cool. Et quand on a chanté ensemble une fois sur scène pour des concerts de Juliana, on a eu l’idée de faire quelque chose ensemble. Nada Surf a pris un an de congé, qui est désormais fini, et on a pris cette opportunité pour faire ce disque.

Comment s’est faite l’écriture des morceaux de Get There?
Juliana Hatfield : Nous ne vivons pas au même endroit donc nous avons pas mal aller chez l’un et l’autre(chacun à Cambridge, mais aux USA pour elle et en Angleterre pour lui, NDLR). Nous avons également écrit chacun de notre côté puis avons réuni nos écrits respectifs, nos idées.

Etiez-vous sur la même longueur d’ondes ?
M.C : Oui, je pense que c’est d’ailleurs pour cette raison que nous nous sommes retrouvés ensemble sur ce projet. Nous avons beaucoup en commun musicalement parlant mais également concernant l’écriture, les mots.

Avez-vous eu l’impression de découvrir une façon de travailler totalement nouvelle finalement ?
J.H : Oui et non car nous n’avons pas complètement changé notre façon de travailler, c’est le fait de travailler avec un autre compositeur qui était quelque chose de vraiment nouveau. Nous avons dû faire quelques ajustements.

M.C : Oui, c’est exactement ça. C’était une expérience qui nous a appris beaucoup, mais qui était très cool aussi. Le fait de travailler avec quelqu’un qui a le même rôle que soi signifie que tu peux compter sur l’autre d’une manière différente. Je peux compter sur les gars dans Nada Surf mais ce n’est pas pareil. Leur opinion est très importante pour moi mais quand j’écris je ne vais pas toujours leur demander parce que ce serait chiant pour eux si je venais tout le temps « cette ligne là je la fais de cette manière exacte ou de cette autre manière, qu’est-ce que tu penses ? », ce serait agaçant pour eux (rires). Alors qu’avec Juliana, je me sentais très bien de faire ça.

Dans Nada surf tu étais l’unique compositeur des textes je crois, dans Minor Alps vous êtes deux, comment ça se passe?
M.C : On écrit les chansons séparément mais on finit vraiment ensemble, c’est un peu comme être éditeur l’un de l’autre.

 

Get There sonne parfois très 90’s (I Don’t Know What To With My Hands) voire année 80 (If I Wanted Trouble). Faut-il y voir la nostalgie de votre adolescence?
M.C : Toujours oui. Ce n’est pas fait exprès, c’est naturel. Je crois qu’on est marqué par les choses que l’on écoute quand l’on est jeune. Ça ne veut pas dire que je suis resté coincé à mon adolescence, c’est juste que c’est dans mon vocabulaire.

J.H : Je ne me sens pas nostalgique des 80’s ou 90’s mais je me sens nostalgique des années 70. Je ne sais pas si ça s’entend dans ma musique mais peut-être que dans l’écriture des chansons il y a l’influence des années 70 pour nous deux. La sonorité de l’album n’était pas vraiment mon idée mais j’aime qu’il sonne années 80 et 90, c’est venu comme ça.

Dans votre projet vous utilisez davantage le clavier, la boite à rythme. Ca n’a pas été trop perturbant pour toi?
M.C : Non, c’était assez naturel. Il n’y avait pas d’ordinateur sur tout le disque, ce n’est pas programmé, c’était un ami à nous avec une boîte à rythme des années 80 qui le jouait en même temps en live. Ce n’est pas perturbant, c’est amusant. C’était vraiment l’idée de Juliana de ne pas inviter beaucoup d’autres gens. On a fait toute la musique ensemble, il y avait deux batteurs et très souvent ils jouent sur la même chanson. Ça a commencé avec une boîte à rythme et l’autre batteur est venu, on pensait peut-être refaire une autre version, il a entendu et a dit « je ferai avec ». Même si ça sonne comme s’il y avait des trucs artificiels, le processus était assez organique.

Vous jouez les titres du disque en live de façon plus épurée. Vous n’avez pas envie de les jouer avec un groupe ?
M.C : On en a parlé, c’est très tentant donc un jour peut-être. Pour ces deux tournées c’était plus simple et c’était bien de commencer comme ça.

Pensez-vous donner une suite à Get There?
M.C : Il n’y a pas de promesse, on a rien dit, il n’y a pas de planning. C’est juste que nous avons d’autres choses à faire, j’ai mon autre poste dans Nada Surf que je dois rejoindre mais on verra, c’est possible.

Le clip de Waiting For You a eu une résonance un peu particulière en France du fait de la présence de Julie Gayet dans la vidéo. Est-ce que vous avez eu des retours par rapport à ça?
M.C : C’est un pur hasard. Ce qui était drôle c’est quand l’affaire a éclaté : un ami du lycée français de New York m’a envoyé un message disant « ça fait quoi d’avoir Dieu comme ton directeur de marketing ? » (rires). C’était une pure coïncidence donc nous n’avons pas eu de retours négatifs. C’était un joli accident.

J.H : Est-ce que les gens savent que nous avons réalisé le clip avant que la vérité éclate ?

M.C : Oui, je pense.

Matthew, Daniel et Ira (autres membres de Nada Surf) ne sont-ils pas trop jaloux de te voir prendre la route avec une jolie femme?
M.C : Non, pas du tout. Tout le monde voulait un break donc tout le monde est content. Si j’étais parti sans dire quand je revenais, ça n’aurait pas été cool et pas gentil, plus difficile à gérer, mais on s’est mis d’accord sur le fait d’arrêter un an et de reprendre après. On a fait un ou deux concerts récemment avec les gars, un à Seattle et un à New York, et on était ultra contents d’être ensemble. C’était très marquant, c’est vraiment bien parfois d’arrêter les choses.

Est-ce une impression, ou Nada surf c’est ton coté joyeux qui s’exprime, et Minor Alps ton coté plus triste ?
J.H : Vraiment ? Je trouve qu’il y a beaucoup de chansons tristes de Nada Surf pourtant (rires).

M.C : Je suis plutôt d’accord avec elle, je ne pense pas que ce soit très vrai. Il y a beaucoup de chansons dépressives de Nada Surf.

J.H : Tu avais probablement plus de fans avec elles (rires).

M.C : Il y a quelques paroles sur cet album que j’aurais aimé changer je pense s’il avait été fait dans le cadre de Nada Surf. C’est vraiment naturel pour moi mais pour une fois j’ai évité d’aller vers un ton qui tire vers le bas car je ne voulais pas déprimer avec mon univers plutôt triste. Mais nous avons ça en commun avec Juliana, la chanson Wish You Were Upstairs par exemple a des paroles qui sont tristes « Personne ne te vois mourir », c’est plutôt noir. Nous avons tellement de chansons sombres avec Nada Surf que parfois il faut changer, c’est un nouveau groupe.

Matthew, on sait que tu seras en tournée cet été avec Nada Surf, qu’en est-il pour toi Juliana ?
J.H : Je pense qu’avec mon ancien groupe, les Juliana Hatfield Three, nous allons essayer de nous remettre ensemble pour faire quelques dates aux Etats-Unis.

Et enfin, qu’est-ce que vous écoutez / lisez en ce moment?
M.C : Un ami m’a joué une chanson de Gene Clark (ancien chanteur de The Byrds, décédé) il y a de ça deux nuits et j’ai adoré, j’ai écouté cette chanson en boucle. Il y a aussi Bert Jansch qui fut le guitariste sur « Black Mountain Side » de Led Zeppelin, ZZ Top…

Interview réalisé par Bob et F.
Traduction par Sarah.

Merci à l’équipe de la Rodia et à Alias Production.

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