Freaksville/2011
Un label qui porte bien son nom, Freaksville, après avoir édité les albums des marginaux Jacques Duvall et celui d’un ex-Tellers, sort en même temps deux disques, celui de Brian Carney, Anglo-Belge répondant au pseudo d’Android 80 et une compilation electro semble-t-il taillée pour la route.
Commençons par cette dernière. Compilée par Benjamin Schoos, aperçu au côté de notre Lio nationale dans le projet Phantom sorti l’an passé, cette petite dizaine de titres lorgne vers l’electro 80’s et présente quelques artistes oeuvrant dans l’ombre, comme cet ancien membre de Telex, Michel Moers, officiant à présent sous le nom de Conducteur Fantôme. Son titre débridé, Motorcycle Girl, fait penser à Suicide. On retrouve aussi dans cette compilation plusieurs titres co-signés Benjamin Schoos, évoluant sous différents alias, A Cowboy & An Indian ou Deadride Phantom, avec l’ami Jacques Duvall non loin de là. Entre musique de jeux vidéo, sonorités à la Sebastian et cynisme à toute épreuve, France délivre un Sur Les Routes De France qui aurait plu à Chantal Nobel. Il en va de même pour le morceau interprêté par Accident (deux membres de Young Michelin), Vert Bleu Noir, qui lui aussi fait montre d’un certain sens de l’humour tout en flirtant méchamment avec des sonorités new wave à mi-chemin entre Depeche Mode première manière et Indochine. Puis, comme dans un film de John Carpenter, TSTR nous plonge dans une ambiance inquiétante avec un The Game Is Over à la rythmique lourde et aux claviers tout aussi pesant. Suit un remix d’un titre de Phantom Feat. Lio, mélangeant l’humour christique et ce chant parfois douteux à la Douchka. Ensuite, c’est au barbu Tellier, à Air ou à la B.O. d’un film de Dupieux que l’on pense à l’écoute d’Orion, morceau de Livio Mosca.
Bref, un disque délicieusement régressif qui ravira les fans d’electro 80’s et de musique de films de la même période.
La deuxième livraison du label est ce disque d’Android 80, énergumène looké comme un membre du Blue Man Group mais sans les couleurs qui triture des synthétiseurs antiques et des boîtes à rythmes à deux fonctions. En “robot des banlieues”, Brian Carney, ex-membre d’un obscur combo psyché Poisoned Electrick Head ayant officié du milieu des années 80 à la fin des années 90, est un adepte du name-dropping et cite dans ses chansons aussi bien Nirvana qu’Ozzy Osbourne et David Bowie. Ce musicien originaire de Liverpool prône une electro tout ce qu’il y a de plus minimaliste, mais pas dénuée d’intérêt pour qui aura aimé The Human League, Kraftwerk ou Depeche Mode. Les autres passeront leur chemin.