Autoproduit/2012
Forts d’un premier EP qui est devenu la bande-son quasi officielle de l’émission de France 2 Rendez-Vous En Terre Inconnue et d’un album West Of The Sun Stories (2010) dans la plus pure tradition folk-americana, les Bisontins de My Lady’s House reviennent pour notre plus grand bonheur. Des chansons, pour certaines déjà entendues sur scène, trouvent désormais leur place sur ce nouveau LP, qui démontre l’évolution et la maturité du quatuor. Après l’ouest, direction le sud.
Revue chanson par chanson de Run In The South.
Postcard From A Place You’re Not: Trois notes. Et déjà un changement, une évolution sont palpables. La ligne folk est toujours présente, mais on sent l’ouverture à une palette plus large de compositions. Cette première piste est une pop-folk song, totale héritière du regretté Elliott Smith. Une mélodie en montée qui nous prend par la main et lance idéalement ce second LP.
Now And There: Le mellotron s’invite sur ce Now & There où une voix féminine nous ouvre les portes de cette composition d’où émane une certaine fragilité. Pour la première fois chez My Lady’s House, les hommes s’effacent pour offrir à Cécile Bardey ce morceau, où l’on a l’impression de découvrir réellement sa voix pour la première fois.
Strike Day: Si les deux premières pistes de Run In The South étaient lumineuses, on change d’atmosphère ici pour prendre une tournure beaucoup plus sombre. On revient à un folk mélancolique, mélancolie renforcée par les violons et surtout par une voix féminine qui résonne au loin, comme un fantôme.
The Devil With It :Après un début plutôt calme, voici les premiers coups électriques. Cette électricité présente déjà sur scène trouve enfin sa place sur disque mais sait garder son côté brut. Les trois voix s’unissent en choeur pour dévoiler un morceau en rupture, où les breaks relancent de plus belle la machine à décibels.
Daughter: Cette berceuse, illustration de la relation entre un père et sa petite fille, est totalement country. Un tempo lent relevé par un violon, nouveauté de ce second LP. Le duo de voix se marie divinement et c’est l’occasion d’entendre chaque membre du groupe apporter sa contribution aux choeurs. Les premiers American Recordings ne sont pas loin…
Parkside House: Ecrite avant que ne débarque dans les bacs Gentle Spirit de Jonathan Wilson, Parkside House possède cette réverb’ dans la voix chère au musicien de Laurel Canyon. Une compo simple, intimiste, sensible. A classer parmi les meilleurs morceaux de My Lady’s House.
Run In The South: Les fans de Jim Jarmusch et de l’ambiance noire de Dead Man vont être conquis par le morceau-titre qui tire toute son essence d’une guitare pleine de réverb’, avec une tension soutenue par une batterie lourde. Très noire, on ressent la peur dont nous fait part la personne qui nous conte ici son histoire.
Coast Starlight: Sur cette compo, on retrouve les accords boisés du EP #1, soutenus par un banjo sans doute possible influencé par J. Tillman, période Cancer & Delirium.
The Story Of Sam Brinson: Ce petit frère de Flivers est le dernier morceau d’une trilogie entamée avec The Devil With It et Run In The South. Les amplis sont débranchés pour revenir à une chanson mélancolique, du pur américana.
Falcon Lake : Ce titre, qui a déjà une longue vie en live derrière lui, clôt magnifiquement Run In The South. Une longue chevauchée épique où le banjo est supporté par une guitare qui sent bon le Neil Young de Dead Man ou du plus récent Le Noise. Totalement en rupture, il se termine sur des choeurs aériens qui laissent comme une ouverture, une évasion pour le futur de My Lady’s House. Rideau.
Falcon Lake laissait penser à une fin d’album. Et bien non, après un léger blanc, arrivent deux autres titres bonus. Un espace vide volontairement voulu pour souligner le côté à part des pistes à suivre.
Run In The South (Acoustic Version): Comme aux grandes heures de Rust Never Sleeps ou de Freedom du Loner, on retrouve une compo dans sa version dépouillée, après son côté électrique.
The Lost Guys: Avec ce morceau, les influences pop du groupe sont mises en avant, comme sur le classique Before The Rain de EP#1. Cette compo, totalement anglaise, emprunte à la construction de chanson qu’affectionnaient les Fab Four ou le plus récent Noel Gallagher soulignée par des cordes et qui est coupée par un break de guitare acoustique, digne des grandes heures de Space Oddity de Bowie.
My Lady’s House délivre avec Run In The South un album mature, plus profond, et moins homogène que son prédécesseur. Toute l’essence et l’expérience live ont su être captées et retranscrites pour la version studio. On découvre un recueil de chansons explorant divers horizons, des morceaux aux arrangements variés, chargés en émotions, de la lumière vers des chemins plus sombres. Avec Run In The South, My Lady’s House délivre un grand album de folk, qui pourrait bien leur permettre (et on leur souhaite) de se mettre définitivement en lumière.