Righteous Babe Records/2010
Un opéra folk passé inaperçu et sorti sur le label d’Ani Di Franco par une jeune artiste qui sait s’entourer. Disons-le tout net : Anaïs Mitchell n’est pas connue en France et ce disque n’a pas connu le succès ici alors qu’il recèle de très belles chansons.
A commencer par Wedding Song, interprêtée en duo avec Justin Vernon alias Bon Iver. Partant du principe de l’opéra basé sur le mythe d’Orphée transposé après la Grande Dépression des années 30 (Bon Iver est Orphée, Anaïs est Eurydice, Ani DiFranco est Perséphone…), Hadestown est une oeuvre très construite, autour de musiciens chevronnés, de chanteurs talentueux. Pour preuve, Ben “Hermès” Knox Miller, chanteur de The Low Anthem, en compagnie de Bon Iver démontre tout son talent d’interprête (Wait For Me). De son côté, Greg “Hadès” Brown appose son empreinte d’une voix tellement grave qu’elle ferait presque passer Mark Lanegan pour un castrat (Why We Build The Wall, How Long ?). Bon Iver quant à lui fait à nouveau opérer la magie de son album For Emma, Forever Ago sur plusieurs titres majestueux (Epic (Part I), If It’s True…).
A mi-chemin entre le jazz bastringue et théâtral de Tom Waits et le meilleur du folk contemporain, Hadestown n’a donc probalement jamais rencontré son public, mais il a mis en exergue le talent d’une jeune femme qui n’a pas dit son dernier mot.