Nonesuch Records/Warner/2013
Aah, Devendra Banhart, c’est le jour et la nuit. Sa longue et grasse chevelure devenue courte et stylée, ses guenilles transformées en costumes The Kooples, son regard hagard finalement masqué par des lunettes Oliver Peoples. Enfin, ses chansons folk hippie épurées (notamment en compagnie des excellents Vetiver) devenues tour à tour hymnes rhythm & blues communicatifs ou ritournelles bossa gorgées de soleil. Bref, l’Américain, avec qui on n’arrive pas trop à danser, sort chez Nonesuch, son huitième album, Mala.
Mala, en espagnol, veut dire “mauvais”. En portugais, il signifie “valise”. Comme ici, on aime bien le Portugal et que la deuxième solution nous parait plus exotique et synonyme de “voyage”, on va choisir celle-ci. Le disque démarre par un petit riff de guitare qui ne nous montre pas grand-chose si ce n’est qu’il est une sorte de berceuse indie-pop chuchotée par Devendra. C’est donc Daniel, le deuxième morceau qui nous prend par la main et nous ouvre les portes d’un disque très open et détendu. Laid back, pourrions nous dire également, puisque le titre se balance sur un rythme feutré, les choeurs se faisant caresses. Des morceaux comme ça, il y en d’autres sur ce disque, comme Mala ou Won’t You Come Home. Für Hildegarde Von Bingen, court morceau presque trip-hop, nous fait également bien planer, à sa manière. Et puis, on trouve aussi des surprises. Bonnes, on ne sait pas encore. Your Fine Petting Duck, titre à l’extrême coolitude (le chant féminin, ouch, Ana Kras, Mesdames et Messieurs…!), se termine en titre électro…Etonnant. Devendra, pas avare de découvertes, a également insufflé des éléments plus “urbains”, comme sur Won’t You Come Over, basé sur une boîte à rythmes un brin hip-hop. Pas étonnant qu’il soit copain avec Chan Marshall de Cat Power…!
Installé à Los Angeles au moment de l’enregistrement, Devendra Banhart a remis du soleil dans ces chansons, jouant avec les nuances et les ambiances et nous embarque avec lui au fond d’un hamac, le verre de piña colada pas loin.