Et en terme de lieu atypique, on est une nouvelle fois servi. La semaine passée, nous avions pu voir Deftones dans une patinoire. Ce soir les festivités ont lieu à l’orée du bois, entre une scierie et un foyer scout, pour une manifestation à taille humaine et familiale. Une grande scène sur un parking en stabilisé, deux scènes intimistes dans les grands sous-sols d’une maison tapis de tentures noires, voici pour la présentation des lieux. Et on trouve même des M&M’s au couleur d’une radio locale bien connue…
C’est le Californien Hanni El Khatib qui a l’honneur d’ouvrir le bal de cette première soirée. Le bad boy tatoué entre en scène suivi des ses nouveaux compagnons de route puisque depuis la sortie de son nouvel opus Head In The Dirt, le duo qu’était Hanni et Nick est devenu quatuor. Vissés au premier rang, on est prêt à recevoir une décharge de garage rock qui débute par un Head In The Dirt et sa nappe de claviers très psyché avant que la furieuse rythmique de Build. Destroy. Rebuild. vienne déjà échauffer les esprits de nos âmes de bikers cachés. Moment reprises avec bien évidement les Cramps (groupe préféré de Hanni) et son fameux Human Fly servi par des guitares plus lourdes que jamais. Idem pour « Vieille Canaille » You RascalYou pour une ambiance bluesy cradingue à souhait qui caractérise parfaitement la période Will The Guns Come Out. Plus dansant,Penny renoue avec la pop garage des 60’s alors que Low parsemé de claviers rend hommage aux vieilles rythmiques reggae/ska. On apprécie le côté éclectique du show plus étoffé depuis la sortie de Head In The Dirt. En effet, Hanni nous ballade d’un bon vieux rockabilly avec le génial Loved One et Save Me suivi du garage/rock sulfureux de F**k It You Win en passant par l’incontournable blues/do woop de Dead Wrong repris en choeur. Dans une veine très punk Family vient clore la setlist de 50 mn plutôt étoffée et réussie. Les nouveaux morceaux prennent une tournure vraiment différente du côté de la scène. La fougue et l’énergie sont au rendez vous, de même pour les guitares tonitruantes des premières heures qui se marient merveilleusement bien avec les claviers très 60’s donnant une nouvelle dimension à certains titres qui ont tout pour devenir des tubes du genre.
Peu de temps entre les deux concerts sur la grande scène, juste histoire pour nous de faire un petit tour des lieux, de lancer une oreille à l’entrée des sous-sols et d’avoir l’embarras du choix sur quel “button badge” officiel nous allons nous offrir. Et l’heure est venue de retrouvé un des plus illustres maîtres du rock actuel: Mike Patton et son groupe Tomahawk. Et l’homme en impose. Bien qu’avec un goût incertain pour les chemises, le bonhomme ne s’économise pas pendant son set. Capable de pousser des cris venus des tripes à une voix de crooner, Patton et ses trois musiciens (dont un batteur monstrueux) offrent un set indescriptible tellement Tomahawk explore les genres: rock, métal, ambient, punk et même parfois dub. Si on était resté un peu dubitatif sur la tournée de reformation de Faith No More qui sentait un peu la bataille d’égos, ici chacun est concerné et le groupe forme une réelle unité. Le tout dans une ambiance décontractée, le bon Mike se fendant souvent la poire, se questionnant sur une odeur de fromage local et n’hésitant pas à se moquer amicalement d’une jeune fille fumant une cigarette d’herbes biologiques, un peu un calumet de la paix pour Tomahawk finalement. Terminant sur un calme morceau de crooner donc, le quatuor ne se sera pas économisé et termine sur les rotules. Mike Patton est un dieu.
Il est temps pour nous de reprendre la route, avant de revenir sur les lieux dès le lendemain.