Aucun doute ; les femmes sont supérieures aux hommes, et leurs droits doivent cesser d’être bafoués. À écouter les bribes de sa vie, qu’elle distille entre deux chansons, Beth Hart est une survivante, une combattante, une révoltée, une femme amoureuse, une personne engagée contre le racisme quasi institutionnel des services de police aux États-Unis. Et le mélange est détonant…
Beth a collaboré avec de prestigieux musiciens – mais notez bien qu’on peut également affirmer que des musiciens ont collaboré avec l’immense Beth Hart ; Slash, Joe Bonamassa, ou le regretté Jeff Beck. Une carte de visite qui ne laisse pas de place au doute, la chanteuse et musicienne est d’un calibre hors norme. La voir à Dole tenait donc, pardon ami(e)s dolois(e)s, de l’anomalie, du phénomène inexpliqué, et pourtant.
Peu après vingt heures, l’entrée en scène est directe et sans artifice : d’abord les musiciens, puis Beth apparaît, robe noire fendue, talons hauts, épaules nues, tatouages en bandoulière, et chevelure aussi libre qu’elle. En vieux mâle pas complètement déconstruit, je me dis que la Lionne est parmi nous, et qu’elle n’épargnera personne. Sur scène donc, quatre musiciens dont Beth : basse, batterie et guitare, piano. Une scénographie sobre, puisque l’artiste l’est aussi, avec des lumières franches et apaisantes. De quoi contraster avec l’énergie et l’explosivité de cette femme.
Il n’y a pas eu de round d’observation, tout au plus une introduction laissant la place à la retenue.Mais ensuite, les premiers accords de Baby, I’m Gonna Leave You et de No Quarter sont venus nous rappeler qu’une seule artiste au monde à le droit de s’approprier Led Zeppelin comme elle l’a fait. Tout simplement magistral.
Si chanter n’a jamais semblé aussi aisé à quelqu’un qu’à Beth Hart, ce don est à la fois une bénédiction et une malédiction, venant avec son lot de grandes fragilités, d’épisodes sordides, et de luttes intimes. Mais c’est bien par nos failles que jaillissent les plus belles lumières, alors, c’est sans doute le prix à payer pour atteindre cette authenticité et cette intensité.
Passant du blues (Don’t Call The Police, Pimp Like That) à la country (Wanna Be Big Bad Johnny Cash), du jazz (Your Heart Is As Black As The Night de Melody Gardot) au rock (Chocolate Jesus de Tom Waits, Setting Me Free, Sugar Shack), rien ne résiste à cette Américaine qui transpire la musique par tous les pores de sa peau tatouée.
Un concert de presque deux heures, intense et terriblement efficace, sans tricherie et sans artifice, conclu par un I’ll Take Care Of You d’anthologie, et une salle conquise autant que sidérée par la puissance et la résilience de cette artiste.
De toute évidence, la rose et le serpent que Beth arborent se sont réunis sur scène hier à La Commanderie…
Remerciements : La Commanderie, Nicolas Zenone, Scenizz, Helen Rinderknecht, Quizzer, Sensation Rock