Jeune groupe rock talentueux, Inhaler sort ce mois-ci son – déjà – troisième album studio depuis le début de cette décennie. Davantage bigarré mais toujours mélancolique et énergique, le groupe ne saurait se limiter au « la bande au chanteur fils de », mais démontre des qualités évidentes pour devenir incontournables.
Beaucoup de choses ont déjà été dites sur ce groupe excitant, perçu rapidement comme un espoir depuis leur Irlande natale et dévastant les ondes britanniques depuis quelques années. La puissance brute est bien présente sur l’efficace Eddie in the darkness pour ouvrir l’album, titre peut-être plus complexe que ses prédécesseurs. Billy, davantage groovy et entraînant avec ses « Yeah, Yeah, Yeah », donne une autre tonalité à l’écoute, avant que le titre Your House, lui aussi festif avec ses choeurs gospel, dévoile la maturité du groupe et son attrait pour d’autres sonorités. Mais assurément ce dernier constitue un titre phare parmi les treize ici offerts. A question of time, plus porté sur les synthés et un son évoquant Foster The People, ou Even Though aux tonalités très eighties et synth-pop offrent une autre palette musicale, rafraîchissante mais peut-être moins originale ou personnelle. Open Wide, titre éponyme, offre un titre généreux et dense, entre Talking Heads et The Rapture, rythmé et entêtant, et porté par la voix d’Elijah.
Le musicien et producteur Kid Harpoon offre un album léché et plaisant à l’instar de All I got is you : difficile de ne pas penser à son travail précédent avec Harry Styles sur ce titre où la parenté semble évidente. Still Young ou The Charms sont plutôt réussis quoique assagis, et c’est peut-être notre principal bémol au moment de découvrir la seconde partie de ce disque : l’énergie enivrante de I won’t always be like you semble s’être quelque peu effacé ou en tout cas à peine moins porté sur cet opus. Cependant, X-Ray démontre qu’elle n’a pas tout à fait disparu : les paroles évoquent de manière railleuse et ironique que l’avenir ne leur fait pas peur : « X-ray, it’s a free fall chase I don’t mind growing, when we grow together ». Concrète et surtout Little things – ce dernier lorgne quelque peu vers le meilleur de Block Party– , soulignent l’inventivité et la mesure de ce groupe, qui on le voit procède à une introspection musicale de ce début de siècle et d l a fin du précédent.
Si l’album ne décèle pas de tube immédiat, il confirme toutefois le potentiel de ce groupe, sa maturité et sur certains titres une forme d’audace. Tonique et éclectique, généreux et accrocheur, ces treize titres renforcent la place d’Inhaler sur la scène rock et devrait leur permettre d’élargir leur base de fans. With or without you.
