Les dernières nouvelles de cet artiste remontaient à 2023 avec son album Don’t Let Your Love Life Get You Down mais, vacances d’été obligent, nous n’avions pu nous attarder sur cet américain à la voix de stentor, de crooner pathenté.
Evan Patterson (Young Widows) est basé à Louisville (Kentucky) mais, à la scène, porte à bout de bras le projet Jaye Jayle, un savant mélange de dark blues gothique et de noise rock avec, pour unique trait d’union, la voix caverneuse autant que sensuelle d’Evan Patterson. Une voix et un style bourrés de saisissants contrastes que d’aucuns comparent aisément à Nick Cave, Chelsea Wolfe, voire même Wovenhand. Autant dire que le père Patterson a de qui tenir, portant un lourd héritage.
On se souvient, en 2023, du superbe et émouvant The Party Of Redemption, single pierre angulaire de l’album Don’t Let Your Love Life Get You Down déjà paru chez Pelagic Records, un morceau qui à l’époque arrachait toujours quelques larmes aux âmes sensibles.
D’album en album, Jaye Jayle s’est développé, passant du projet solo d’Evan sans concrets lendemains à un véritable groupe, Patterson s’étant adjoint les services de sa garde rapprochée, à savoir Todd Cook à la basse, Neil Argabright à la batterie et Corey Smith aux claviers et guitare, ce dernier occupant une place de choix et au combien prépondérante dans le projet d’Evan.
Ce n’est donc pas un hasard si Pelagic Records a maintenu sa confiance en Jaye Jayle sur la lancée d’un Don’t Let Your Love Life Get You Down retentissant d’émotion autant que de succès.
After Alter, cinquième album du projet d’Evan Patterson, s’est matérialisé après de longs mois d’une intenable attente pour les fans de « Sir Evan. » et force est de constater qu’ils ont vu cette impatience fortement récompensée!
Comme le dit la formule consacrée, un album certes court (8 morceaux) mais, néanmoins, d’une rare intensité émotionnelle, musicale et bien entendu vocale. Huit morceaux, soient quatre tout récemment enregistrés et quatre autres qui, depuis leur création, n’ont jamais fait partie d’un quelconque album, demeurées dans un tiroir sans grand espoir d’être un jour publiées. Un tir donc rectifié, puisqu’After Alter a enfin redonné à ces oubliés des anciens albums leurs lettres de noblesse, la part d’intérêt qui leur revient de droit.
Father Fiction, premier single dévoilé en éclaireur, avait déjà donné le ton de ce qu’After Alter nous réserverait, c’est-à-dire un réel compromis entre boucles synthétiques (Small Dark Voices) et un blues aussi sombre que déchirant (Bloody Me, HELP !). Puis, sans crier gare, Fear Is Here et Bloody Me ont pointé le bout de leur nez, faisant ressurgir en nous quelques réminiscences et relents de Nick Cave dont Evan est, tout du moins musicalement, le disciple indéniable autant qu’incontesté. Fear Is Here, tourmenté et écorché vif, s’en veut être la preuve incarnée. Quant à Bloody Me, sans mauvais jeu de mots, il est saignant jusqu’à la racine des ongles. On nage, avec After Alter, en plein décor gothique, agrémenté de dark blues aux allures quelque peu volcaniques. Ambiances ombrageuses que s’empressent de confirmer le somptueux Small Dark Voices, le poignant A Blackout ou même le non moins torturé HELP ! Une ballade dont le riffing de guitare n’est pas sans rappeler celui d’un certain Mark Knopfler.
Small Dark Voices est à After Alter ce que The Party Of Redemption représentait pour Don’t Let Your Love Life Get You Down : un morceau truffé d’émotion et de vibrantes boucles synthétiques, sans oublier la voix de cet incroyable crooner qu’est Evan Patterson.
Doctor Green est à l’image de Fear Is Here, électrique et clairement influencé Nick Cave. Deux morceaux qui d’ailleurs, soit dit en passant, s’enchaînent à merveille et pourraient, à eux deux, constituer l’archétype du morceau fleuve par excellence.
After Alter : la définitive main-mise de Jaye Jayle sur l’impitoyable univers des crooners et encore, Evan Patterson n’est pas basé à Dallas, mais bien à Louisville (Kentucky)!
Notre sélection: Small Dark Voices, Fear Is Here, A Blackout, HELP!